mercredi 4 décembre 2013

De mal en Pisa



PISA : la France "travaille pour ses élites... par lemondefr
Avant même que les résultats de la dernière évaluation PISA ne soit sortis le chœur
des pleureuse mettait l'école de France au banc des accusés. Le niveau baisse... La France perd des places... 31 pays en plus des 34 de l'OCDE sont abonnés au Programme international de suivi des acquis des élèves cette année.
Pour recevoir les appréciations peu flatteuses de ce "machin" la France a dépensé plus d'un demi million d'euros. Tout ça pour faire le constat de ce que les observateurs de bon sens et les professionnels de l'éducation savent et disent depuis longtemps : l'école de la République est malade de la société et de ses inégalités croissantes. L'écart se creuse encore entre les jeunes issus des classes sociales les plus favorisées et ceux qui grandissent dans les difficultés et la misère. Et l'école calibrée pour les élites ne peut que désespérer les enfants des classes populaires et les confiner dans l'ombre d'une société à deux vitesse.Deux grandes familles de balivernes fleurissent. La première fait de PISA une parole d'évangile qui dirait le vrai ; rien n'est moins artificiel que cette construction de l'OCDE dont les ressorts capitalistes sous tendent les jugements et prédéterminent les résultats. C'est un peu comme la frénésie maintenant retombée de l'observation des scores des agences de notation sur les économies des états. La seconde fait l'économie de toute analyse objective et se projette A Priori dans l’échafaudage de solutions, de réformes bien entendues nécessaires, on nous promet que demain l'école va tellement changer qu'elle méritera un autre jugement de PISA...
C'est oublier la chaîne implacable des causes, et s'exonérer du détail de quelques unes pointées dans le rapport du PISA ; par exemple l'accent est mis sur la grande insuffisance de la formation des enseignants, formation initiale comme formation continue... Sarkozy n'avait-il pas purement et simplement supprimé la formation professionnelle des enseignants ? Et si le gouvernement de François Hollande l'a rétablie avec les ESPE remplaçant les IUFM de jadis, c'est sans lui redonner l'ampleur nécessaire. Quant à la formation continue, ce n'est guère qu'un souvenir, le massacre des services de remplacement pour satisfaire à la réduction du nombre des fonctionnaires est passé par là.
Quand à s'imaginer que l'école va réduire les effets de la fracture sociale, ce serait oublier où elle s'enracine. Le grand déménagement productif engagé depuis des années dans le processus de mondialisation, délocalisation, dérégulation a mis un coup fatal au travail et à ses exigences de formation. Le discours démagogique sur la nécessaire souplesse du travailleur amené à être ballotté sur les vagues des plans dits sociaux et des emplois précaires n'a fait que fragiliser le monde de la formation technologique et professionnelle.Ce n'est pas l'école qui a les clés du changement, mais bien le pouvoir politique en charge de l'orientation de son projet de société.


Poursuivre dans la folie destructrice de la dérive inégalitaire, du moins d'Etat, du bradage des services publics aux appétits du privé ne pourra qu'aggraver la situation de l'école, des enseignants qui y travaillent et des résultats des élèves victimes du système.

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