vendredi 29 mars 2013

Têtus, les faits !

Le "grain" de Gérard MORDILLAT dans l'Huma du jeudi 28 mars ne manque pas de sel !
Un tantinet provoc, sa proposition de sujet pour le prochain bac philo : "Les socialistes trahissent-ils en fonction des circonstances ou trahissent-ils par nature ? Peut-on parler d'une ontologie de la trahison socialiste ?"
Il prend soin de bien préciser qu'il vise bien dans l'appellation "socialistes" les dirigeants, ceux qui exercent les responsabilité du pouvoir, et non les militants de la base.
La litanie trop longue que l'écrivain fait des grands travers de l'histoire empruntés par les socialistes n'a rien d'anodin.

  • 1914, la dépouille de Jaurès à peine refroidie qu'ils votent les crédits de guerre.
  • Le gouvernement de Blum lâche les Républicains Espagnols et d'autres donnent les plains pouvopirs à Pétain.
  • Jules MOCH fait tirer sur les grévistes en 47...
  • Guy Mollet et Mitterand et la guerre d'Algérie...

Et depuis 81 ?
Avant-hier, hier ? et aujourd'hui ?
Quelqu'un de sérieux, et d'intelligemment révolutionnaire prétendit un jour que "les faits sont têtus !"...
C'était Lénine qui écrivait à ses camarades les premiers jours de novembre 1917 à propos de l'insurrection paysanne...
Certes aujourd'hui les "agrimanagers" beaucerons, l'oeil rivé aux cours de la bourse pour mieux spéculer sur leurs récoltes futures ne sont pas tout-à-fait prêts à s'insurger contre un pouvoir qui ne les trahit guère...
Certes aujourd'hui les organisations syndicales signataires de l'ANI, ne fourbissent pas leurs pêtoires pour monter à l'assaut d'une nouvelle Bastille pour déboulonner un pouvoir qui ne les trahit guère...
Certes aujourd'hui dans bien trop de conflits, l'ultime revendication porte sur les primes de licenciement "extra-légales" plus souvent que sur l'emploi à préserver devant un pouvoir qui bat des ailes au ministère du redressement productif...
L'expérience vaut tout autant qu'un bon discours pour former la conscience et éclairer la compréhension du monde. 
Si vous aviez à traiter du sujet de Gérard Mordillat, peut-être répondriez-vous comme moi sur un plan en trois partie :

  • Oui, bien sûr, "les faits sont têtus"...
  • Non, car pour qu'il y ait trahison, encore faut-il que la confiance ait été préalablement établie...
  • Sinon parfois peut-être... pour quelques freluquets nés avant leur grand-mère...
pour vous en convaincre reprenez la litanie des écarts d'une conduite bien gauche  quand elle est à droite :
- 1914...
...
Que Jean-Luc Mélenchon soit considéré comme rudement anti-socialiste peut s'accorder avec un sentiment de "trahison" à la cause qu'il avait fait sienne depuis si longtemps de ses ex-camarades aujourd'hui bien timorés.
Des dirigeants communistes d'aujourd'hui n'auront pas la même sévérité pour espérer conjurer les trahisons qui priveraient notre parti de tant d'élus conservés sur l'autel d'une "union de la gauche" fort ancienne, aussi vieille d'ailleurs que les mêmes dissensions.
Et quand Lénine écrivait à ses camarades bolchéviks à l'automne 1917, il avait aussi à côté de lui des attentistes mollassons pour lesquelles l'heure de la Révolution n'avait pas encore sonnée. 
Le changement c'est maintenant !
Ah, bon !



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