lundi 11 mars 2013

Le trieur

Jadis, du temps où les paysans étaient plus soumis aux caprices des maquignons et des régisseurs qu'aux lois du marché, le droit à produire ses propres semences existait encore. Et il fallait, au tarare braqué dans la porte du grenier, ou au trieur un peu plus perfectionné dans les locaux de la coopérative, trier le grain qui allait aux semailles, faire espérer la prochaine récolte...
Séparer le bon grain de l'ivraie ! Il fallait peaufiner le travail de la batteuse qui avait pu laisser passer dans ses grilles quelques grains cassés ou trop petits, et encore un peu de poussière ou de balles... Le petit grain, ou le dégrain, débris du grain allait aux poules ! et le bon grain allait aux sacs de la semence que le geste du semeur au paillasson offrait à la terre quelques temps plus tard...
Séparer le bon grain de l'ivraie !

L'ivraie, la petite graminée qui venait jadis étouffer les bonnes céréales et ruiner les récoltes est de la famille du ray-grass domestiqué qui fait aujourd'hui bon fourrage. La consommation de ses graines toxiques produisait le même effet d'ébriété que la consommation d'alcool, et c'est de là que la plante tire son nom d'ivraie.
Aujourd'hui, le tri sélectif est une opération commune dans les déchetteries et autres lieux de valorisation des ordures. Il a généralement pour objectif de redonner de la valeur aux déchets ou résidus de l'activité humaine à l'échelle industrielle comme domestique. Et c'est là une démarche écologique et économiquement responsable, sans doute respectueuse de la vie des hommes et de la planète qui les porte... à condition qu'on ne pratique pas comme pour le papier qui, récupéré en France, part en container en Chine pour être recyclé, et revenir en containers en France pour être revendu en papier écolo ! Un aller retour de cargo jusqu'en Chine ça au moins c'est écolo et bon pour l'emploi... en Chine !
Aujourd'hui, le tri sélectif dans les déchetteries et autres lieux de valorisation des ordures est une opération bien récompensée dans l'opinion...
Quand des communistes s'essaient au tri aujourd'hui dans leurs rangs, c'est pour mieux préparer les prochaines échéances électorales et réserver la récolte des mandats à l'abri des exigences politiques et idéologiques qui devraient être les leurs. Ils sèment le vent et négligent le bon grain. Il pourra en sortir de belles jachères fleuries ; mais ce n'est pas de bouquets champêtres, fussent-ils labellisés bio, qu'on satisfait les besoins du monde d'aujourd'hui. 
Cultivez l'ivresse du pouvoir... le bon grain de l'espoir renaîtra ailleurs.

1 commentaire:

depoilenpolitique a dit…

Bravo Daniel , tout est dit , que vive encore longtemps le temps des cerises et des analyses politiques propres à ouvrir l'esprit des peuples encore ne faut t'il pas allumer les étoiles pour mieux les recevoir sur la tête , le mandat en poche !puis viendra le temps ou le rouge sera inconvenant ...

Très fraternellement à toi