mercredi 2 novembre 2011

Qui a peur de la démocratie ?

Lundi soir la crise grecque a pris un nouveau tour avec l'annonce par le premier ministre grec de l'organisation d'un référendum sur le plan européen de sauvetage de la dette grecque...
Cette annonce a fait l'effet d'une tornade sur le perron de l'Elysée et promet une mer agitée au large du G20 réuni à Cannes sous la présidence d'un Sarkozy qui avait fini par mettre les banques et les gouvernements européens d'accord l'autre nuit sur la meilleure façon de saigner la Grèce.





Les marchés financiers ont aussitôt plongé, des banques comme le Crédit Agricole auraient perdu en une journée 15% de leur valeur... La folie financière qui nous gouverne toucherait-elle à sa limite ?




L'ordonnance des financiers européens appelés au chevet de la Grèce préconise des mesures simples et pratiques : privatisations à tout va, baisse des salaires, baisse des retraites, protection sociale en lambeaux,etc.
Que les Grecs se rebiffent et manifestent n'a rien de trop étonnant ; ce serait même un signe de bonne santé.

Que les socialistes grecs s'inquiètent de voir la situation leur échapper n'a rien de trop étonnant, leur gouvernance du pays en crise mérite bien cette punition et le recours au référendum ressemble à s'y méprendre à un aveu d'impuissance à faire passer une politique furieusement capitaliste dans les tuyaux roses d'un social libéralisme dépassé.

Que les dirigeants européens s'inquiètent de voir la Grèce voguer en radeau de la Méduse vers l'horizon sombre qu'ils lui dessinent et maintenant se mutiner contre un capitaine d'opérette qui les plonge sous la menace du naufrage assuré n'a rien de trop étonnant, c'est une forme de réflexe de survie.

Après, le jeu des hypothèses est lancé, tel un grand courant d'air sur un château de cartes vacillant.

Si les grecs répondent OUI, ils rassurent les marchés financiers, soulagent Sarkozy et les siens, et creusent leur tombe économique et sociale. Ils désespèrent par là même les autres européens, espagnols, portugais, italiens, irlandais, ... et français, de toute issue socialement supportable et économiquement durable, à la crise dans le déploiement d'une véritable alternative politique à gauche (cf. offre communiste ou à minima Front de Gauche).

Si les grecs répondent NON, ils affolent le capitalisme (les marchés) et désespèrent leurs petits valets au gouvernement dans la zone euro et plus loin de par le monde. Le cataclysme promis embrayerait le détricotage de l'Europe par là où elle a faibli : sa monnaie unique et son union à géométrie variable au gré des appétits capitalistes. Ils autorisent les maîtres capitalistes du moment à amputer l'Europe de la Grèce.

Qui tire toutes ces ficelles ?

  • Les agences de notation ?
  • Les britanniques qui sont toujours dedans et dehors à la fois ?
  • Les américains qui peinent à faire toujours payer aux européens comme au reste du monde leurs déficits abyssaux et leurs sales guerres à coup de différentiels monétaires (surévaluation de l'euro face au dollar par exemple) ?
  • ... ?

Une chose est sure, ce n'est pas le peuple grec. Et en inventeur de la démocratie à la petite échelle de l'agora, nos voisins ont peut-être encore quelques leçons d'indignation, de révolte, et pourquoi pas de Révolution à nous donner. Il suffit de prêter l'oreille à la parole des communistes grecs du KKE.

Comment ne pas souscrire à la position de nos camarades du Parti Communiste Grec ? 
Ils ont bien pris conscience que ce n'est pas la  radicalité transformatrice d'une position qui la fragilise.  Aidons-les en élargissant le front du refus en France aussi, et sans être obnubilé par les élections de 2012 qui seront d'autant plus gratifiantes qu'elles seront le résultat des luttes en passant par les urnes ! et non pas le résultat des urnes en se passant des luttes.

Communiqué du Parti communiste grec (KKE)
Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Lors d'une conférence de presse, le lundi 17 octobre, la secrétaire-générale du Comité central du KKE, Aleka Papariga, a lancé un appel au peuple afin qu'il déploie une activité militante en mesure d'aboutir au retrait du projet de loi brutal qui supprime en fait les négociations collectives par branche, licencie des milliers d'employés du secteur public au moyen de la « réserve de travail », diminue lees salaires des employés du public de 40% ainsi que les retraites de base et complémentaires et les allocations sociales déjà faibles. Elle a livré le constat suivant :
 « Nous lançons un appel urgent au peuple Grec, à ceux qui luttent, pour qu'ils continuent leur lutte et à ceux qui ne sont pas encore entrés dans la bataille pour qu'ils y prennent part. Un temps considérable a été perdu, en fait depuis 1992 après le Traité de Maastricht mais aussi après 2008 quand les nuages de la crise s’amoncelaient en Grèce.
Le plus brutal des projets de loi va être voté au Parlement, et si les conditions ne changent pas, ce ne sera pas le dernier. Il s'agit du projet de loi le plus brutal jamais connu, si on le compare à ceux des dernières années et à ceux déjà vus au 20ème siècle.
Le KKE estime que si les Grecs s'opposent tous ensemble à ce projet de loi ; si la grève est suivie à 100% sur chaque lieu de travail, dans chaque quartier, chaque secteur, chaque bureau, chaque rue, et que chacun d'entre eux devient le cœur d'une activité systématique et si ils convergent dans un seul torrent ; si des millions de personnes encerclent le Parlement et tous les lieux importants en Grèce, alors le retrait du projet de loi est possible et réalisable.
Voilà l'objectif. Le retrait du projet de loi. Ce serait une victoire importante du peuple. Le mot d'ordre qui doit s'imposer parmi le peuple est : A bas le gouvernement, à bas les partis qui servent le capital et les monopoles. Prenons nos distances avec les partis qui nourrissent l'illusion qu'un gouvernement composé de forces progressistes de gauche, sous l'égide des monopoles, et dans le cadre de l'Union européenne puisse conduire à un avenir meilleur.
Nous sommes dans une phase où les choses sont littéralement « noires » ou « blanches », il n'y a pas de solutions intermédiaires. Soit le pouvoir des monopoles sera renversé, soit il se reconfigurera, il se consolidera et aura le dessus sur le mouvement pendant plusieurs années. Ce n'est pas un hasard si en Grèce, en dépit du rapport de forces négatif, par rapport au reste de l'Europe les luttes qui se sont développées sont plus importantes, plus solides, plus puissantes et ont un impact au niveau international et européen. Nous posons la question suivante : la situation actuelle en Grèce n'est pas liée à l'activité de longue date et à l'action militante du KKE et surtout au fait que – malheureusement je dirais – il s'agit du seul parti qui propose une alternative radicale au pouvoir actuel ? Nous disons que ce n'est pas du tout un hasard. Dans les autres pays européens, ces mesures brutales ont été adoptées il y a un bon bout de temps et la résistance fut bien moindre (…)
J'aimerais clarifier la chose suivante : l'encerclement et le blocage du Parlement qui a été décidé par les syndicats et d'autres organisations, une décision que nous soutenons, n'a rien à avoir avec une initiative visant à empêcher les députés d'entrer au Parlement. Elle a un seul objectif : faire voter autant de députés que possible contre le projet de loi. Voilà ce qui nous intéresse. Car si cette loi est adoptée, il y en aura d'autres. Car il y aura une désillusion populaire que nous voulons à tout prix éviter. Voilà le rôle du blocage du parlement. Former la majorité la plus large possible pour le « Non ». Et ainsi la chute du gouvernement sera la conséquence logique de la pression populaire (…)
Il y a une troïka en Grèce sans même parler de la troïka du FMI, de l'UE et de la BCE [Ndlr : cela renvoie à la déclaration commune de trois ministres qui ont exprimé ces derniers jours leurs décision commune de défendre par tous les moyens possibles ces mesures brutales et d'intensifier les mesures répressives au nom de la lutte contre les 'groupes d'intérêt spéciaux'] et c'est pourquoi la lutte doit avoir sa propre dynamique interne afin d'avoir un impact extérieur (…) bien sûr qu'il y a des députés qui sont effrayés du coût politique de ces mesures, ils sont effrayés de la position négative qu'adoptera le peuple à leur égard.
Indépendamment des motivations individuelles de chacun, le peuple dans son ensemble sera gagnant si le projet de loi est retiré. Le 23 octobre, il faut que l'UE soit dans une situation difficile pour faire adopter ce type de mesures. Il ne faut pas oublier que des mesures similaires seront adoptées au Portugal, en Irlande et en Espagne. Si une brèche s'ouvre en Grèce, il s'agit de l'agrandir. Et ce ne sont pas les Berlusconi, les Coelho et les autres qui vont l'agrandir... ».

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