mercredi 2 novembre 2011

France défigurée

Extrait d'un article d'Acteurs Publics: "Au total sur la période 2002-2009, cela représente 262 458 emplois créés dans les collectivités territoriales, dont 188 129 pour le secteur communal (+17,9 %), 35 437 pour les départements (+19,8 %), 25 258 pour les établissements locaux hors EPCI (+ 14,6 %). La palme de la hausse revient aux régions dont les effectifs hors décentralisation qui étaient de 12 181 en 2002 ont grossi de 13 634 agents, soit une hausse de 111,9 %, toujours à champ constant.
 Le rapport (annexé à la loi de finances) souligne que compte tenu du développement de l’intercommunalité sur 2002-2009, les effectifs des EPCI sont passés de 124 500 à 226 000 agents. "En revanche les synergies escomptées tardent à se produire et notamment la baisse des effectifs communaux qui devait l’accompagner ne s’est pas encore produite", souligne le document. Le nombre d’agents employés par les communes ont en effet continué de croître de 1,3 % par an sur la période, soit 86 600 employés communaux de plus".

Le texte de cet extrait est publié sur son site par un ex député de droite qui fustige bien sûr une gestion peu responsable des collectivités territoriales dirigées par la gauche, et le plus souvent par les socialistes.

S'il fallait décerner la palme du "boulet politique", gageons qu'il ferait parti du palmarès dans les toute premières places.

En effet, ce que cet article met en évidence est bien l'issue prévisible des mesures qui ont    accompagné le "moins d'Etat", toutes les étapes de la décentralisation et maintenant de la RGPP.
En se désaisissant de ses missions l'Etat s'est effectivement infligé une cure de minceur dont les effets catastrophiques se font de plus en plus sentir en matière de service public dégradés et d'inéquité entre les populations et leurs espaces territoriaux.
Rien que du bien prévisible : le renvoi à la petite échelle des régions ou des départements sous prétexte de proximité ne pouvait se traduire autrement que par une inflation nécessaire des moyens locaux à mettre en oeuvre pour satisfaire à l'exécution des missions transférées. Dans le même temps où les tenant du pouvoir et les socio démocrates vantent les mérite des regroupements industriels et commerciaux pour justifier des économies d'échelle il voudraient nous faire croire au bénéfice de la démarche inverse en matière de conduite des affaires publiques.
La République est dite "une et indivisible" dans notre constitution !
Mais dans les faits, aujourd'hui, selon que vous êtes Bettencourt à Neuilly ou Quidam à Saint-Sornin, vous n'êtes pas citoyens de la même République.
Tous les processus de privatisation engagés depuis plus de trente ans par la droite comme par la gauche socialiste (et parfois avec la complicité de communistes au gouvernement) n'ont eu pour effet que la dégradation du bien commun et de ce qui fait sens dans une société maintenant réduite à une collection de communautés.
De la même façon, lorsque l'assemblée des présidents de conseils généraux réclament plus de compétences pour les départements, ils contribuent à l'accélération du processus qui les asphyxie déjà.
Il est urgent de rompre avec cette dérive politique imposée par le capitalisme toujours preneur du bien public pour faire les fortunes privées.
Aujourd'hui c'est bien de plus d'Etat et de mieux d'Etat dont le pays a besoin. Jusqu'à présent le désengagement de l'Etat n'a servi qu'à encombrer les collectivités territoriales de compétences dont elles n'avaient pas les moyens de la réalisation. Cette dérive "libérale" peut flatter les égos de potentats locaux, il n'en reste pas moins qu'elle sert surtout à la mise en concurrence des régions et autres subdivisions, qu'il n'y a de cesse depuis des décennies pour les chantres de la décentralisation de créer de nouvelles frontières, EPCI, Pays, et territoires de toute espèces, à la justification nourrie de subventions pour mieux faire passer la potion. 
C'est bien cette démarche qui a éloigné les élus des citoyens en les rangeant au rang de petits gestionnaires prisonniers des moyens qu'on leur consent, nourri la montée de l'abstention et la dissolution des parti politiques en tant que moteurs du débat démocratique (réduits qu'ils sont aujourd'hui au rang d'écuries électorales).


Réinventons donc le fil à couper le beurre en réclamant une école à l'échelle de l'Etat, des transports publics à l'échelle de l'Etat, une production et une distribution de l'énergie et de l'eau à l'échelle de l'Etat, des services sociaux à l'échelle de l'Etat, etc. pour redonner à la République un sens politique qu'elle n'aurait jamais dû perdre.

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