vendredi 25 novembre 2011

Indignation

Beaucoup s'interrogent sur l'absence (ou la faiblesse) du mouvement des "Indignés" en France.
Au risque de déplaire...
Faut-il s'en alarmer ?
A moins qu'il faille s'en féliciter...
Partout où ce mouvement se développe, c'est pour rassembler des gens dont le premier des caractère est qu'ils se réveillent en dehors de tout mouvement, courant d'idée, organisation ou parti et avec une volonté farouchement affichée de s'en départir.
Là est leur force supposée, mais aussi leur impuissance assurée.
L'indignation peut faire partie du paysage révolutionnaire, pour peu qu'elle débouche sur une organisation en capacité de construire, de reconstruire. L'indignation qui reste dans a sphère de la réaction ne fait peur à aucun pouvoir ; il lui faut pouvoir agir, se mouiller, s'investir, avoir l'ambition de gouverner, tout simplement.
C'est ce qui fait généralement la différence entre la gauche de la véhémence protestataire et celle de l'engagement progressiste.
A aucun moment la première n'a inquiété une droite au pouvoir ; bien au contraire elle lui sert de "fou du roi", du hochet qu'on agite pour s'amuser à se faire peur.
La seconde n'a pas la vie facile, surtout lorsqu'elle est sujette au fatalisme pseudo pragmatique.
La preuve par l'Espagne : un mouvement important des "indignés" débouche sur une victoire écrasante de la droite aux élections. Loin de moi l'idée que les indignés ont servi la droite. Bien pire, ils n'auraient servi à rien. Le vote espagnol n'est même pas un vote contre la dérive libérale d'une social-démocratie disqualifiée, c'est un vote contre le pouvoir en place.
Et en France, il se pourrait, à défaut de mouvement des indignés suffisant pour déclencher un rejet du pouvoir en place que Sarkozy repasse l'obstacle du printemps prochain.
Il se peut aussi que sans assez d'indignés, ce soit Hollande qui passe la ligne en tête. L'indignation n'y sera pour rien, ce ne sera que confirmation affligeante du coma démocratique.
Quand quelques études affichent environ 12% de citoyens non-inscrits, 15% d'abstentionnistes permanents et autant d'abstentionniste occasionnels, moins de 40% des citoyens français prennent régulièrement part aux scrutins sur lesquels est assise la légitimité républicaine de l'élection.
Faites les comptes : si un candidat recueille 30% des suffrages d'un premier tour, sa légitimité majoritaire de 2ème tour n'est assise que sur 13% du corps électoral... Ça vaut bien les effets de manche et la superbe suffisance de l'élu.
Si l'indignation doit être révélatrice aujourd'hui, c'est bien de l'asphyxie des la démocratie. Et, sans qu'il existe de remède miracle c'est certainement dans la réhabilitation des organisations politiques capables de structurer le débat démocratique qu'il peut être recherché.
Le "désaveu du politique" est d'abord l'affaire des "politiques". Aujourd'hui les élus ont fait passer les organisations politiques pour les restes dépassés d'un autre âge, créant ainsi le vide que les "indignés" peuvent revendiquer pour crier leurs revendications face leur propre miroir. 
Stéphane Hessel avait raison de réclamer l'indignation. Mais elle n'est rien sans la résistance, sans la lutte et l'engagement.
Il ne s'agit plus là de se donner en spectacle en campant sur la place, mais bien de prendre le pouvoir et d'agir. 
L'élection en est l'un des moyens, pour peu que le candidat soit bien choisi et la campagne bien conduite !

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