mercredi 28 septembre 2011

Sénat, Victoire avec un grand P

Au petit jeu du "qui perd gagne", les qualificatifs ne manquent pas dans les propos des commentateurs qui font du résultat des élections sénatoriales un événement extraordinaire, un tsunami, un tremblement de terre politique...
Il est vrai que depuis un demi siècle dans la forme que la constitution de 1958 avait déterminée pour remplacer le Conseil de la République, le Sénat avait toujours été orienté à droite. c'est d'ailleurs une constante dans l'histoire de cette assemblée créée en 1795 sous la Convention thermidorienne ; elle a surtout servi les pouvoirs autoritaires en les protégeant des aléas du résultat des consultations électorales au suffrage direct.
Depuis longtemps celles et ceux qui veulent redonner à la République Française un visage et des pratiques démocratiques préconisent la suppression de cette seconde chambre parlementaire. Cette mesure institutionnelle devrait bien sûr s'accompagner d'une refonte redonnant au parlement un véritable rôle législatif, le sortant de son triste état de chambre d'enregistrement des volontés de l'exécutif, et de la révision de la Présidence de la République dans ses prérogatives et jusqu'à son mode d'élection.
Mais, paradoxalement, cette perspective de nouvelle République risque de s'éloigner avec le basculement du sénat à gauche dimanche dernier. La gauche, essentiellement les socialistes vont justement en faire un levier de contre-pouvoir face à la pratique hégémonique de l'UMP en Sarkosie ; et de ce fait ils l'intégreront dans la panoplie nécessaire d'une alternance droite dure - gauche molle dan s un bipartisme effaçant du paysage politique français toutes les voix discordantes promotrices d'un réel changement démocratique. Cette "américanisation" de la vie politique française est d'ailleurs tellement avancée que les "primaires socialistes" s'en voudraient une forme d'aboutissement.


La remise en cause du Sénat dans notre paysage institutionnel n'est pas très à la mode dans un temps où la vie politique est accaparée par les élus. Les sénatrices et les sénateurs en étant la quintessence, ils ne peut qu'être vénéré. Et pourtant dans un temps où la simplification est à la mode quelques populistes bien démago pourront toujours évoquer l'économie conséquente que représenterait la perte de la "Haute Assemblée" privant les élus élus des élus d'un complément de retraite apprécié. Ce n'est pas sur ce terrain que le débat devrait s'embourber; l'inutilité du sénat dans notre paysage institutionnel est indissociable du rétablissement d'un véritable pouvoir législatif rendu à l'Assemblée Nationale.


Jack Ralite quitte le Sénat, c'est un sénateur communiste de moins pour la Seine Saint-Denis et quand la sénatrice réélue, Eliane ASSASSI se félicite de la progression du Front de Gauche, elle omet de souligner que ce résultat est si brillant qu'il donne un sénateur supplémentaire au Parti Socialiste au détriment des communistes dans ce département bastion du communisme il n'y a pas si longtemps.
La puissance intellectuelle et la profondeur des convictions de Jack Ralite manqueront assurément au débat politique.
Il en va de même avec le commentaire d'autosatisfaction de Pierre Laurent qui souligne la dynamique du "Front de Gauche" en renvoyant au "mode de scrutin" la responsabilité de la perte de quatre sénateurs, réduisant le groupe CRC-SPG à 21  au lieu de 24 (moins 4 et plus 1) grâce au gain d'un élu dans le Morbihan.
Lors des élections régionales nous avions d'ailleurs pu de la même façon nous féliciter de la progression du Front de Gauche en Auvergne et vanter sa stratégie tout en constatant la perte d'un siège de conseiller régional communiste dans l'Allier. Le progrès du Front de Gauche est un progrès qui fait rage.
La grande satisfaction de voir le sénat basculer à Gauche à sept mois des échéances du printemps prochain, encourageant sur le front de l'affaiblissement de la droite sarkoziste, ne doit pas effacer pour autant le risque que ce succès contient en germe du renforcement du bi-partisme et l'élimination du paysage politique d'un parti communiste fondu dans la nébuleuse du Front de Gauche dont l'identification réduite à Mélenchon minore encore la portée.

1 commentaire:

depoilenpolitique a dit…

N'est pas le tôle inavoué du parti de gauche comme l'a été en son temps le patin reconstitué de Miterrand qui en 1877 lors des élections municipales se félicitait d'être arrivé devant le PC .
de Toutes façon rien de bon se fera avec un PC affaibli même au sénat comme tu l"as dit aux régionales . le danger est bien réel Quatre voix en moins c'est car voix qui vont se taire et plus démunis seront encore plus vulnérable pour ma part je ne me félicite pas du résultat et de la victoire de la sociale démocratie qui a bien trop peur de changer de curseur en faveur du peuple . pourrons nous un jour reconstruire le parti communiste en positif le rendant utile au peuple ,et porteur des aspirations légitimes de justice sociale et de paix ; mais il y a loin de la coupe aux lèvres!

amitiés et fraternités

JEAN CLAUDE