mardi 13 septembre 2011

émoi

"Parlez-moi d'moi
Y a qu'ça qui m'intéresse
Parlez-moi d'moi
Y a qu'ça qui m'donne d'l'émoi

..."
Guy BEART poussait ainsi la chansonnette en 1980...
Trente ans plus tard c'est un bien piètre artiste qui le singe.
"Être candidat à l'élection présidentielle, c'est une démarche personnelle. On n'est pas mandataire d'un Parti Politique."
Hervé MORIN, puisque c'est lui qui pondit récemment cette petite tirade, a inventé le "Nouveau Centre", parti de droite dont il est président. Au fond l'ex-ministre de la défense de Sarkozy ne fait là que répéter ce que tous les prétendants aux mandats électifs développent comme posture depuis bien longtemps.
Il est loin le temps où les formations politiques désignaient leurs candidats, qui, une fois élus, étaient redevable de leur mandat aux électeurs certes, mais aussi à leur parti dont ils étaient sensé servir les valeurs et mettre en musique les programmes.
Aujourd'hui les candidatures se forment à coup de petites phrase alimentant la préparation médiatique de l'opinion ; et c'est à ce supposé choix d'une opinion formatée que se rangent ensuite les formations politiques. Le modèle le plus abouti aujourd'hui prend deux formes d'apparence opposée mais qui fonctionnent sur les mêmes ressorts.
A l'UMP, la candidature Sarkozy est un secret de polichinelle et bien préomptueux serait le challenger du petit président. Au PS le mécanisme des primaires relève de la même stratégie, il faut déposséder le parti de son choix, là en remettant la clé dans les mains d'une nébuleuse "populaire" préfigurant les moteurs d'opinion d'une campagne à l'américaine. La personne prend le pas sur l'idée.
Dans tous les cas c'est la démocratie républicaine qu'on assassine.
La constitution de notre République, pour imparfaite qu'elle soit maintenant hantée par le présidentialisme, contient toujours un article qui reconnaît aux partis politiques la responsabilité de l'animation du débat démocratique.
Quel culot faut-il à nos guignols pour fustiger les roitelets d'ailleurs, Khadafi ou Ben Ali !
Cette dérive insupportable d'un populisme serveur d'égo rétrécit la conjugaison de quelques grands verbes de chez nous :
JE parle, donc JE suis...
TU me suis et TU te tais !


Si les récalcitrants à cette accaparement du débat politique par ceux-là même qui prétendent ouvrir la citoyenneté au plus grand nombre pouvaient se donner la main pour appliquer une bonne "coupdepiedauculthérapie", l'horizon démocratique se dégagerait autrement loin qu'avec les interviews complaisantes des ténors de droite dans les journaux de gauche ou des sopranos de gauche dans la presse de droite. Le jeu politique n'est plus aujourd'hui qu'un jeu de séduction, il serait grand temps que le respect du citoyen reprenne le dessus et que tous les personnels politiques de la République sollicitent l'intelligence citoyenne plutôt qu'ils n'alimentent  les révolutions de comptoirs. 


Un jour reviendra peut-être qui verra un élu questionné sur ses ambitions répondre au journaliste qui l'interroge que la réflexion et le débat dans son parti permettront d'arrêter le meilleur choix...

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