Si la devise belge est aussi évidente que la facilité de ses politiques à résoudre les crises gouvernementales (la Belgique est SANS GOUVERNEMENT depuis un an ! -, il n'est plus très vrai que l'Union fasse la force.
Dans le paysage politique français, depuis des années, tout comme dans la société toute entière l'heure est à l'individualisme, à la personne, chacun considérant que la sienne propre est évidemment la plus belle, la plus grande, la plus compétente, la plus etc. et donc la plus nécessairement légitime à revendiquer le pouvoir, qu'il soit local ou national.
Plus de débat politique, plus de débat idéologique interne aux formations politiques, plus de confrontation d'idées, la "modernité" voudrait que le peuple s'astreigne à choisir son héraut, à signifier son allégeance à la personne qui aura été la plus prompte à s'autoproclamer candidate.
Il y a quelques années Ségolène Royal avait grillé tous ses concurrents; depuis l'expérience aidant chacun s'organise, se fait désirer et s'affiche au gré des sondages et autres mesures d'une opinion préfigurée dans le questionnement et qui gouvernerait désormais le choix des urnes.
La démocratie est tombée bien bas, s'il en reste encore quelques vestiges.
A chacun des primaires, à gauche, à droite et au milieu... Il n'y a guère qu'au F haine qu'on se les économise !
Quand les "politiques", très généralement les élus, pourront-ils enfin comprendre que leur petit jeu politicien a ruiné la démocratie. On se chamaille parfois, certes, mais trop souvent à fleuret moucheté, sans grand risque d'égratignure; et on s'arrange bien entre deux coups fourrés pour s'autocongratuler et s'entre désigner candidat à la candidature.
Il semblerait aujourd'hui que les organisations politiques et les militants qu'elles supposent soient passées de mode. Le modèle état-unien s'impose petit à petit; avec la présidentialisation du paysage politique, le reste devient accessoire gestionnaire, nécessairement soumis au choix présidentiel.
Dans ce modèle le financement public des organisations politiques a donné un formidable coup d'accélérateur au processus qui vise à réduire les organisations politiques à de vulgaires écuries de supporters pour celles et ceux qui se mettent en compétition. Plus besoin de militants et d'action militante pour subvenir aux besoins de la propagande. Il suffit de laisser les grands donateurs choisir leurs poulains... comme dans les tribunes d'Auteuil.
Dans une situation politique aussi dégradée, comment ne pas revendiquer un sursaut démocratique et la réappropriation du fait politique par les citoyens dans des organisations structurant le débat idéologique ?
A défaut de le faire maintenant le pays court le risque énorme de la dernière étape du déclin démocratique qui fait le lit des dictatures, la démagogie. Et aujourd'hui l'extrème droite n'est pas la seule à glisser sur ce terrain-là.
A gauche, si la gauche existe en tant que telle, on assiste à la fois au plus grand désordre cacophonique jamais connu depuis des décennies et à quelques prémices d'unité.
La revendication partie du socialiste Paul Quilès voici quelques jours et soutenue par une brochette de partisans d'une candidature unique à gauche aux présidentielles semble prospérer dans un électorat de plus en plus dépolitisé et fatigué des guerres intestines d'un camp comme frappé de la fatalité de l'échec.
Pour ne pas conforter le camp des abstentionnistes qui devient facilement majoritaire, peut-être faut-il commencer par tendre l'oreille. Et quoi de plus efficace pour être à l'écoute d'un peuple que de l'habiter tous les jours avec ses militants. Ecouter, expliquer, comprendre et convaincre, le travail ne manque pas pour celles et ceux qui accepteraient d'avoir les yeux rivés ailleurs que sur leur nombril ou sur la sépulture du voisin.
C'est bien parce qu'elle parait tellement inconcevable aujourd'hui, que cette idée de candidature unique est intéressante. Mais bien sûr si on commence par parler perruque poudrée et nez rouge pour dire au bon peuple quel est le seul digne représentant de sa misère, on n'est pas près d'y arriver.
La repolitisation des masses passera par le rétablissement d'un clivage idéologique gauche-droite clair et argumenté. Toutes les tentatives de récupération du milieu des centristes à droite comme chez les socialistes repousse aux calendes grecques l'issue progressiste d'une victoire à gauche. L'isolationnisme à gauche de la gauche prôné par d'autres conduit au même résultat quand on voit les circonvolutions d'un Front de Gauche à géométrie très variable.
Le parti socialiste s'était cassé au congrès de Tours; rien ne dit que celui qui en porte le nom aujourd'hui n'explosera pas encore, il est passé par tant de turpitudes, de Sérol à Mollet, de Mitterrand à Strauss Kahn... que seules ses cendres pourront nourrir un peu la rose ou les oeillets.
La perspective politique ouverte par le communisme ne peut pas être pensée à la remorque des avatars de ses transfuges. C'est bien d'un rapport de force nouveau qu'il doit être question à gauche, les deux excès de la modération et de l'exigences ne sont bien que des marges, à sa droite comme à sa gauche, pour la page à écrire à l'encre communiste.
C'est là que doivent être évaluées les attentes des citoyens vis-à-vis de la gauche et la construction de ce rapport de force nouveau, tant à l'intérieur de la gauche que dans le paysage plus large.
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