lundi 11 avril 2011

Une simple règle de trois



Edgard PISANI avait commencé sa carrière politique sous Pompidou, pour obliquer à gauche ensuite et rejoindre les socialistes. Ce parcours politique oscillant doit pourtant plus aux convictions, à l'engagement qu'à un opportunisme si fréquent aujourd'hui chez les carriéristes de tout poil qui versent régulièrement du côté du pouvoir.
Il avait publié "Utopie foncière" en 1977, une réflexion qui n'a pas pris une ride...

"J’ai longtemps cru que le problème foncier était de nature juridique, technique, économique et qu’une bonne dose d’ingéniosité suffirait à le résoudre. J’ai lentement découvert qu’il était le problème politique le plus significatif qui soit, parce que nos définitions et nos pratiques foncières fondent tout à la fois notre civilisation et notre système de pouvoir, façonnent nos comportements."
"Entre l’avoir, l’être, le savoir, le faire, le paraître et le pouvoir, qui absorbent toutes nos énergies, l’avoir l’emporte aujourd’hui car il donne le pouvoir, permet le paraître, domine le faire et dispense d’être et de savoir. »
L’appropriation du sol réglée par le code Napoléon n’est pas universelle ni intangible : un nouveau rapport au sol, aussi bien rural qu’urbain, est possible.
C’est donc à une révolution que l’auteur nous convie : celle d’une maîtrise collective du sol, plus économique, plus respectueuse des écosystèmes.
Inscrite au programme de l’Union de la Gauche en 1981, elle reste toujours à faire.


"Seule la diversité cultivée peut nourrir le monde", c'est l'oeuvre collective écrite en réponse aux propos de Pascal LAMY, patron de l'OMC (dit "socialiste"). Le délégué général de l’Organisation Mondiale du Commerce affirmait dans un article publié par Libération que "l’alimentation de tous les hommes ne peut être assurée que par l’organisation internationale des échanges, et que la souveraineté alimentaire est un leurre."
Invoquant la famine au Pakistan après les inondations de l’été 2010, il plaide : « Le commerce international n’est en fait qu’une courroie de transmission entre les terres d’opulence et les terres de pénurie. Il jette un pont entre l’opulence et la rareté. Il n’est pas étonnant que ceux qui plaident en faveur de la production locale sont ceux qui disposent des plus grandes richesses agricoles et qui sont déjà capables de se nourrir eux-mêmes. »
Il poursuivait son raisonnement : « Le commerce international des produits alimentaires ne doit pas être considéré comme une activité purement économique. C’est avant tout une responsabilité éthique. Ceux qui occupent les terres d’abondance ont une responsabilité envers ceux qui occupent les terres de pénurie. »
C'est ce type de raisonnement qui conduit à la marchandisation spéculative des produits alimentaires. La faim devient un marché profitable et le capitalisme fait des agriculteurs des boursicoteurs d'occasion s'imaginant "riches" dès lors qu'ils vendent la récolte avant même d'avoir semé.
Stéphane Hessel, Robert Lion, Edgard Pisani, Vandana Shiva et une vingtaine de paysans, d’universitaires, d’élus politiques de France, du MoyenOrient, des Caraïbes et des Amériques s’élèvent contre la prétention du commerce international à nourrir le monde en inondant les pays pauvres de la « surproduction » des pays riches. À l’opposé, chacun à leur manière pense avec Edgard Pisani que « seule la diversité cultivée peut nourrir le monde; seule, elle peut conduire à l’unité du monde. »


Après "Planète alimentaire, l'agriculture française face au chaos mondial" Gérard Le PUILL, journaliste bien connu des lecteurs de "La Terre", publie  "Bientôt nous aurons faim". Les problématiques de l'alimentation, du monde des producteurs à celui des consommateurs sont décortiquées par l'auteur qui met en lumière les évidences d'une voie alternative au désastre capitaliste.

extrait de "La Terre" (n°3464 du 5 au 11 avril 2011
Inutile de presenter Gerard Le Puill aux lecteurs de la Terre. A force de le lire dans nos colonnes, ils ont appris à reconnaitre son expertise des enieux agricoles. Ils ne seront pas surpris que la sortie de son nouveau livre, "Bientôt nous aurons faim", fasse ici l'objet d'une mise en valeur particuliere. L'ouvrage le mérite amplement. Son précédent livre "Planete alimentaire, l'agriculture française face au chaos mondial" nous plongeait au coeur des bouleversements induits dans nos modes de production et de vie par la "vague libérale". Dans sa premiere partie, "Bientôt nous aurons faim" approfondit quelques éléments du diagnostic posé voilà deux ans. Au fil des nombreuses rencontres de terrain qui nourrissent sa réflexion, Gérard Le Puill trace ainsi un paysage agricole européen où des politiques irresponsables finissent par mettre en cause, comme l`indique le titre, la capacité de l'humanité toute entière à se nourrir, y compris dans les pays dits "riches". Mais Gérard Le Puill n'est pas un prophète de l'apocalypse. Des solutions existent, des possibilités doivent être explorées. La deuxieme partie du livre les développe avec une force de conviction qui, là aussi, s'ancre dans le réel. Elles passent par le developpement d'une agriculture "écologiquement intensive" qui s'appuie sur une volonté politique; produire par et pour les hommes, non pour les marchés
Que la préface soit signée de Patrick Le Hyaric et la postface de Mickael Poillion est à cet égard lourd de sens. Tous deux ont en commun, l'un au Parlement européen et l'autre à la direction des Jeunes agriculteurs, la volonté de faire entendre une voix différente. Une autre voie pour l'agriculture, la seule qui n'insulte pas l'avenir de la planete et de ses enfants. 0.C.  "

Autour de ces trois lectures le champ de la réflexion et du débat politique est largement ouvert ; un champ à labourer et à cultiver activement !

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  • "Bientôt nous aurons faim" de Gérard LE PUILL : commande à envoyer à "La Terre", 164 rue Ambroise Croizat - 93207 Saint-Denis Cedex accompagnée du règlement par chèque de 23 € (20 € + 3€ pour les frais de port) à l'ordre de SNJH-La Terre.
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