mercredi 13 avril 2011

On m'a dit, on m'a dit...

... que les socialistes avaient un projet !
Sa lecture ne respire pas la nouveauté ni la volonté de sortir d'une stratégie d'accompagnement plus "social" d'un capitalisme assumé comme établi. Il est posé comme un choix d'alternance au pouvoir plus que comme une alternative de transformation politique, économique et sociale. La dimension culturelle ne risque pas d'être impactée, elle en est absente !
Juste quelques remarques "brutes de décoffrage", à bâtons rompus, inventaire et bric-à-brac  :



Projet du PS « Priorités 2012 »
Ce que j’en dis à première vue : un texte qui n’a pas la carrure ni l’ambition du changement… on prend les mêmes et on recommence. A ceci près que le PS s’économise ici le passage par la case « 81 » en sautant tout de suite à la case « 83 » du virage à droite social-libéral.
▼▼▼▼▼▼▼
REDRESSER LA FRANCE ET PROPOSER UN
NOUVEAU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT
Emploi, compétitivité, investissement, désendettement
REFAIRE DE LA FRANCE UNE NATION QUI COMPTE

1.       Pour muscler la compétitivité de la France, nous créerons une Banque publique d’investissement, qui investira dans la recherche et l’innovation. soutiendra les PME-PMI, prendra des participations dans les activités stratégiques et les filières industrielles d'avenir et dont les moyens seront mobilisés sous la forme de fonds régionaux en copilotage avec les régions et leurs élus.

« la compétitivité » : ce critère n’a de sens qu’en référence avec d’autres pays ; dans le textile, la chaussure, et pourquoi pas l’acier ou l’agriculture, sur quel concurrent on cale l’objectif de compétitivité ? Si c’est avec la Chine pour les haricots verts qu’on importe en masse aujourd’hui les maraîchers français ont du souci à se faire !
« une Banque publique d’investissement» : la nationalisation du secteur bancaire, c’est démodé…
2.       Pour relancer l’investissement, nous baisserons l’impôt sur les sociétés de 33 % à 20 % pour les entreprises qui réinvestissent intégralement leurs bénéfices et, pour compenser les pertes de recettes pour l'Etat, nous l'augmenterons jusqu’à 40% pour celles qui privilégient les dividendes des actionnaires.

« nous baisserons l’impôt sur les sociétés » : si la recette était bonne il y a longtemps qu’on aurait pu en mesurer les effets.
« nous l'augmenterons jusqu’à 40% pour celles qui privilégient les dividendes des actionnaires» : mais je parie bien qu’on garantira un petit cadeau fiscal au malheureux actionnaire qui investira ses dividendes…
Et que faire lorsque une société emprunte sur les marchés financiers pour servir des dividendes à ses actionnaires bien au-delà de ses profits ?
En oubliant que les dividendes répartis chez les actionnaires sont aussi le fruit du travail qu’on donne à celui qui dort en en privant celui qui travaille on ne dépoussière pas le capitalisme.

3.       Pour que l'Europe puisse innover nous proposerons à nos partenaires d'émettre des emprunts européens (eurobonds) afin de financer les investissements du futur (réseaux de transport d’énergie, réseaux numériques, biotechnologies...) et les champions industriels de demain.

« l'Europe » : quelle Europe ? celle des riches ou celle des pauvres ? aujourd’hui l’Europe est singulièrement plurielle ; entre l’Irlande, la Grèce et l’Allemagne, la Belgique qui roule sans gouvernement depuis des mois et la Pologne…
Quant au financement des infrastructures ou des plateformes industrielles lourdes, si c’est pour y loger des intérêts privés qui s’en accapareront le bénéfice, le scepticisme est de rigueur du côté des peuples d’Europe qui paieront deux fois, l’investissement et l’usage.
4.       Pour l'emploi des jeunes, nous créerons 300000 << emplois d'avenir>> dans les domaines de l'innovation environnementale et sociale.

« emplois d'avenir » : ça fleure bon les « emplois jeunes » qui avaient succédé aux « contrats bleus »…
Bien sûr l’étiquette innovation environnementale et sociale fait briller les yeux, mais au bout du compte y a-t-il un emploi, un vrai, avec perspective de carrière sur le temps d’une vie professionnelle en adéquation avec la formation et le niveau de compétence ?
Comme les expériences déjà trop nombreuses dans le genre, les parkings à jeunes vont refleurir et fournir de la main d’œuvre à bon marché à qui les emploiera.

5.       Pour protéger les salariés, nous dissuaderons les licenciements boursiers par des pénalités financières pour les entreprises qui en même temps versent des dividendes à leurs actionnaires.

« nous dissuaderons les licenciements boursiers » : Jospin doit grincer dans sa retraite ! Prémices de l’abandon de la maxime de l’impuissance de la puissance publique face au capital privé ? Pas si sûr quand on sait que les sociétés qui veulent mettre les salariés à la porte en mettant la clé sous la porte n’hésitent pas à sortir de gros chèques au point que trop souvent les licenciés se battent plus pour la surprime de départ que pour sauver l’emploi perdu.

6.       Pour protéger les intérêts de l'Europe, de ses savoir-faire et de ses salariés dans la mondialisation, pour mieux réguler le commerce, nous agirons pour augmenter les droits de douane sur les produits provenant de pays ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire ou environnementales.

« protéger les intérêts de l'Europe» : rigolo de lire une telle proposition, avec un socialiste à la tête de l’OMC ! Pascal LAMY n’a pas dû être consulté sur ce point.
Quant aux normes en matière sociale, sanitaire ou environnementales, où met-on le curseur ? La communauté capitaliste internationale qui fait les poches des peuples pour remplir ses coffres les édicte à la limite de sa profitabilité. S’en dégager exige beaucoup plus de rigueur et d’ambition.

7.       Pour réduire l’endettement de la France nous affecterons à la réduction de la dette la moitié des marges financières que nous dégagerons.

« nous dissuaderons les licenciements boursiers » : de la même façon qu’il est procédé à la ré évaluation de la dette des Etats insolvables et parfois même à l’annulation de la dette, il ne faut pas s’obliger à payer des dettes qui ne sont que des rentes appelant d’autres dettes.
Avant de payer « la dette », ne faudrait-il pas en décrire précisément la nature et poser simplement la question « à qui profite la dette ? »…

Agriculture, environnement, énergie
CHANGER DE MODELE POUR VIVRE MIEUX


8.       Pour encourager les comportements écologiques, nous rendrons la TVA « éco-modulabie » diminuée sur les produits non-polluants et augmentée sur les produits polluants).

« TVA éco-modulabie» : éco modulée ou pas, la TVA reste la TVA, un impôt indirect sur la consommation qui frappe plus fort les plus faibles et caresse le budget des grandes fortunes. La vertu redistributrice de l’impôt n’est pas là. Quant aux solutions les moins polluantes, elles sont généralement les plus onéreuses et plus difficilement à la portée des revenus les plus faibles.


9.       Pour que notre alimentation soit plus saine et pour que les agriculteurs vivent de leur travail, nous orienterons les achats alimentaires des collectivités locales vers l’agriculture et la pêche de proximité (lait et laitages, viandes, fruits et légumes).

« … orienter les achats alimentaires des collectivités locales vers l’agriculture et la pêche de proximité…» :
Pourquoi pas ? Mais aussi pourquoi limiter l’ambition à la fourniture des collectivités ? Le propos serait plus crédible s’il s’ouvrait sur la remise en cause de la marchandisation du vivant qui garantit les profits d’une industrie agro-alimentaire aussi peu respectueuse des producteurs que des consommateurs.  Des solutions existent dans une grande diversité des labels BIO, des AMAP, des coopératives, des banques alternatives… mais qui ne sont pour l’instant que d’une audience confidentielle.

10.    Pour sortir de la dépendance du nucléaire et du pétrole, nous développerons massivement les économies d'énergie et les énergies renouvelables et nous proposerons a nos partenaires la mise en place d'une Communauté européenne des énergies.

« … sortir de la dépendance du nucléaire et du pétrole …» : couplet flatteur d’écolos… Quant à la dimension européenne évoquée, est-elle susceptible de corriger quelques aberrations d’aujourd’hui qui font par exemple maintenir en fonction les deux réacteurs nucléaires de Fessenheim pour fournir de l’électricité à l’Allemagne en compensation de ses creux de production éolienne ?
Pour ce qui est des économies d’énergie, il serait urgent de se poser la question du transport des hommes et des marchandises. Des marchandises qui « profitent » du seul fait d’un voyage transfrontalier, ou des travailleurs qui pâtissent d’un immobilier inaccessible près de leur lieu de travail, voilà des gisements d’économie à explorer.

Pouvoir d’achat, salaires, pensions
RENDRE LA VIE MOINS CHERE


11.    Pour alléger la facture énergétique des Français, nous réinvestirons une partie des superprofits des groupes pétroliers dans des aides à l’isolation, le développement des énergies renouvelables et la mise en place de tarifs sociaux pour le gaz et l'électricité.

« … la mise en place de tarifs sociaux pour le gaz et l'électricité …» : cette mesure de discrimination positive exonère d’une approche plus durable et qui s’attaquerait aux causes profondes de la paupérisation plutôt que d'inventer un nouveau pansement en prétendant réduire la fracture en soignant la plaie. « rendre la vie moins chère » c’est d’abord porter le niveau des rémunérations du travail et des pensions à son juste niveau en inversant la tendance dévastatrice du glissement de la richesse produite vers la rente.

12.    Pour stopper l'envolée des loyers, nous plafonnerons leur montant lors de la première location ou à la relocation, notamment dans les zones de spéculation immobilière.

« … notamment dans les zones de spéculation immobilière …» : le niveau de la spéculation est certainement inégal, mais il est aussi difficile de se loger décemment dans les zones rurales profondes et la vie y est généralement plus difficile aussi pour ceux qui y échouent loin des services publics et du travail.
Pour accompagner une politique ambitieuse de construction de logements sociaux la maîtrise publique des loyers est incontournable, les aides publiques au logement doivent cesser d’alimenter la rente immobilière.

13.    Pour aider les jeunes adultes à se loger et à se soigner afin qu'ils réussissent leurs études, nous créerons une allocation d'étude sous condition de ressources.

« … notamment dans les zones de spéculation immobilière …» : le système des « bourses » existait, et s’il mérite d’être toiletté, c’est son développement qui est urgent pour éradiquer la galère des étudiants pauvres qui sont contraints au travail en marge des études qu’ils sacrifient. Cet objectif viserait en priorité à réhabilité une forme d’égalité dans l’accès aux études, mais il sanctionnerait aussi la cohorte des exploiteurs qui profitent honteusement d’une jeunesse fragile.

14.    Pour que l’Egalité salariale femme-homme devienne une réalité, nous en ferons une condition pour conserver des exonérations de cotisations patronales.

« … une condition pour conserver des exonérations de cotisations patronales …» : conserver des exonérations de cotisations patronales c’est accepter de considérer qu’elles peuvent être indues. Elles sont au contraire à rétablir, et quand bien même il serait possible d’en réviser l’assiette, le principe doit en être réaffirmé de façon définitive.

15.    Pour une plus juste répartition des richesses au bénéfice des salaries, nous organiserons une conférence salariale annuelle tripartite et engagerons un rattrapage du smic. Nous limiterons les rémunérations abusives : rémunérations variables n’excédant pas la part fixe, écarts de rémunérations de 1 à 20 maximum dans les entreprises à participation publique, présence des salariés dans les conseils d'administration ou de surveillance et les comités des rémunérations.

« Pour une plus juste répartition des richesses au bénéfice des salaries …» : c’est bien là un impératif, encore faudrait-il en chiffrer la mise en place, avec un niveau du SMIC à la hauteur des besoins des salariés, en révisant la politique salariale de l’Etat et des collectivités dénonçant le modèle de la rémunération au mérite… Revenir à l’indexation des pensions sur l’évolution des salaires des actifs et encadrer la modération des rémunérations indécentes, ramener la rémunération du capital à la mesure de celle du travail… Des mesures fortes doivent former le changement et non des mesurettes en donner l’illusion.

16.    Pour les retraites, nous rétablirons l’âge légal à 60 ans et nous engagerons la réforme des retraites promise aux Français, fondée sur des garanties collectives, permettant des choix individuels et assurant l'avenir des régimes par un financement du premier au dernier euro. Pour organiser sa vie, chaque Français disposera d’un compte temps—formation.

« Pour les retraites, nous rétablirons l’âge légal à 60 ans …» : voilà bien une mesure dilatoire dès lors qu’on ne revient pas par une abrogation pure et simple des réformes dévastatrices pour les retraites depuis une décennie au moins. Il ne sert à rien de rétablir le droit à la retraite à 60 ans si, économiquement, la jouissance de ce droit est interdite par les règles du temps de cotisation. Et l’alibi de l’allongement de la vie doit être vigoureusement combattu au vu des gains de productivité acquis depuis des années et des grandes inégalités d’espérance de vie des travailleurs au détriment des plus faibles.
Quant au « compte temps-formation » il ne peut avoir de sens qu’intégré à un dispositif de maintien de l’emploi (Cf « sécurité emploi-formation » dans des propositions déjà anciennes du PCF).

RETROUVER LA JUSTICE POUR BÂTIR L’EGALITE REELLE


Services Publics
PRIOTITE A L’EDUCATION, A LA SANTE ET A LA SECURITE

17.    Pour la réussite scolaire de chaque jeune, nous conclurons un nouveau pacte éducatif entre les professeurs et la Nation. Il mettra l’accent sur le primaire et les premiers cycles d'enseignement supérieur qui sont les fragilités les plus grandes de notre système, Il sera fondé sur une refonte des rythmes scolaires et des programmes, une personnalisation accrue des enseignements et une revalorisation du métier d'enseignant. Un droit à la formation initiale différée sera accordé à ceux qui ont quitté le système scolaire de manière précoce.
« un nouveau pacte éducatif entre les professeurs et la Nation …» : se payer de mots ne suffit pas, la première des choses à affirmer devrait bien être d’annoncer la réaffectation des moyens en personnel au service de l’éducation nationale que les gouvernements successifs ont retiré par dizaines de milliers depuis la fin du siècle dernier.
Le rétablissement et le renforcement de la formation initiale des enseignants doit aussi s’envisager en même temps qu’une réforme en profondeur des filières professionnelles promues comme un outil de développement plutôt que laissées en pâture aux intérêts patronaux.

18.    Pour l’épanouissement des tout—petits, l'accueil en crèche et la scolarisation à deux ans sera développé.
« la scolarisation à deux ans sera développé …» : sans dénoncer le « moins d’Etat » et la réduction du nombre des fonctionnaires qui l’accompagne de telles mesures resteront des vœux pieux.

19.    Pour la santé, nous remettrons l'hôpital au cœur du système, et nous demanderons aux jeunes médecins libéraux d'exercer en début de carrière dans les zones qui manquent de praticiens.
« nous remettrons l'hôpital au cœur du système …» : en matière de santé comme d’éducation et bien d’autres, c’est de la réhabilitation du service public et de l’emploi public qu’il s’agit. La pratique libérale de la médecine n’est pas le seul modèle à privilégier hors de l’hôpital. Un état des lieux est certainement nécessaire pour prendre la mesure des impératifs dans la reconstruction d’un système de santé publique cohérent, efficace et accessible à tous.

20.    Pour améliorer la prise en charge des personnes âgées dépendantes à domicile ou en établissement, nous ferons appel à la solidarité nationale.
« améliorer la prise en charge des personnes âgées dépendantes à domicile ou en établissement …» : la référence à la solidarité nationale s’impose. En outre et dans une période où se dessine un grand débat sur « la dépendance » la question de l’opportunité de la création d’une nouvelle branche ou d’un nouveau risque doit être abordée, non pas comme une évidence, mais plutôt sous l’angle de la solution au problème posé. Quand on constate que les revenus des retraités ne peuvent couvrir en moyenne que la moitié de la dépense pour la prise en charge en établissement et que les dépenses liées à l’APA explosent, peut-être pourrait-on s’interroger sur le niveau des pensions et la composition des revenus et du patrimoine des personnes âgées perdant de leur autonomie.

21.    Pour améliorer la sécurité des Français et la tranquillité publique, nous renforcerons les moyens de la police, de la gendarmerie, notamment en créant 10 OOO postes de gendarmes et de policiers de proximité. Pour une justice plus efficace, nous procèderons au rattrapage des moyens. Nous fixerons l'objectif que chaque acte de délinquance trouve une réponse immédiate juste et proportionnée.

« nous renforcerons les moyens de la police, de la gendarmerie, notamment en créant 10 OOO postes de gendarmes et de policiers de proximité …» : si les chiffres manquent en matière d’éducation, ils illustrent la préoccupation sécuritaire. Le retour sur les amputations successives du système judiciaire sont beaucoup plus vagues alors qu’elles conditionnent directement l’application des peines infligées aux délinquants. Dans ce domaine il serait aussi salutaire d’introduire le débat sur la criminalisation de la contestation sociale et les causes de la délinquance qui peut mettre à mal la vie quotidienne.
Comme si une politique de sécurité pouvait se définir par la répression…

Réforme fiscale
DAVANTAGE DE JUSTICE, DAVANTAGE D’EFFICACITE


22.    Pour davantage de justice dans les impôts, nous fusionnerons l’impôt sur le revenu et la CSG dans un impôt citoyen plus progressif et prélevé à la source.

« un impôt citoyen plus progressif et prélevé à la source …» : le vœu est très louable, mais en intégrant la CSG plutôt qu’en en réformant l’assiette les salariés restent sur ponctionnés pour le financement de la protection sociale. Le financement par l’impôt n’est pas le meilleur garant de son fonctionnement, d’autant plus qu’il sert essentiellement à l’allègement des contributions patronales.
Quant au prélèvement à la source, il peut avoir ses adeptes avec la simplification qu’il semble présenter ; mais l’impôt républicain doit bien rester un acte volontaire de contribution à la chose publique et non la punition d’une privation de ressources. Cela suppose une perception claire des assiettes et des bases d’imposition directe et indirecte. Aujourd’hui chacun est à peu près capable de se plaindre du montant jugé trop élevé de sa taxe d’habitation ; mais combien sont en mesure d’évaluer sa contribution en matière de TVA ou de TIPP ?

23.    Pour revaloriser le travail, nous ferons en sorte que les revenus du capital ainsi que les bonus et stock-options soient soumis au même taux d'impôt que les revenus du travail, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

«… que les revenus du capital ainsi que les bonus et stock-options soient soumis au même taux d'impôt que les revenus du travail …» : la justice fiscale ne voudrait-elle pas que les revenus du capital soient PLUS taxés que ceux du travail, ne serait-ce que pour inciter un peu plus à ce que le capital soit investi pour le travail plutôt que réservé pour supporter une spéculation financière génératrice de profits financiers.

24.    Pour limiter la spéculation et financer la réduction des déficits publics, nous instaurerons au niveau européen une taxe de 0,05 % sur les transactions financières.

«…une taxe de 0,05 % sur les transactions financières …» : « taxe » TOBIN, le grand retour ? L’idée empruntée au prix nobel d’économie qui l’évoquait en 1972 n’est pas dans les projets de Dominique Strauss Kahn à la tête du FMI qui la trouve inapplicable. Il n’y avait rien de révolutionnaire dans la proposition initiale d’un économiste très libéral, chaud partisan du FMI de la banque mondiale et de l’OMC qui sont autant d’instruments de la domination capitaliste dur le monde. Elle devait tout au plus limiter les fièvres spéculative à court terme.
Ce dont la France et le monde ont besoin c’est bien d’une remise en cause radicale de la financiarisation de l’économie dont la spéculation est un des moteurs. Cette taxation ne doit donc pas être approchée de façon homéopathique mais à un niveau suffisamment dissuasif  pour ébranler la logique des marchés financiers.

RASSEMBLER LES FRANÇAIS ET RETROUVER LA PROMESSE REPUBLICAINE


25.    Pour lutter contre les discriminations, nous généraliserons les CV anonymes, sans nom ni photo et nous expérimenterons un système d'attestations remises par les policiers lors des contrôles d’identité.

«… CV anonymes… attestations remises par les policiers lors des contrôles d’identité.» : les comportements discriminatoires ont déjà gangrené la société française dans de nombreux domaines. Ces deux mesures ne font figure que d’un extrait d’inventaire dont il faudrait instruire la cohérence. Ces deux mesures ne font figure que d’un extrait d’inventaire dont il faudrait instruire la cohérence. Des études récentes conduisent à la remise en cause de l’efficacité du CV anonyme. Une collection d’attestation de contrôles d’identité exhibée comme une poignée de contraventions non réglées va-t-elle préserver mieux les victimes de contrôles au faciès. Quand bien même la présentation de l’attestation du contrôle précédent exonèrerait le citoyen visé de la suite du contrôle l’interpellation policière restera, et toujours susceptible d’entretenir l’ombre de la discrimination négative.
Le travail de fond sur ce sujet n’est pas à la mesure de mesurettes démagogiques mais bien d’une approche systémique des discriminations, qu’elles soient sociales, économiques, scolaires, politique ou religieuse, physiques ou sexuelles, et parfois liées aux origines.
Par ailleurs la discrimination n’est pas une pratique de valeur nécessairement négative, la perception des différences est bien essentielle à la conduite d’un comportement qui les accepte et les valorise.


26.    Pour assurer l’Egalite des genres et des familles, nous ouvrirons le droit au mariage et à l'adoption pour tous les couples. Pour permettre l'accès de tous à la vie de la cité, nous garantirons l'existence d'un volet handicap dans chaque loi et nous élèverons progressivement l'allocation adulte handicapé et le complément de ressources à 100% du SMIC.

«…assurer l’Egalite des genres et des familles… un volet handicap dans chaque loi.» : sur la même logique « bric-à-brac » que l’article précédent, ce n’est pas le fond des processus discriminants qui est abordé mais des manifestations de blocages ou de difficultés (ici homosexualité et situation de handicap) dont les limites sont vite atteintes. Concernant les droits des homosexuels, en supposant qu’on règle leur égalité face au mariage ou à l’adoption, ne restera-t-il pas d’autres cas problématiques pour ce qui concerne par exemple la procréation, recours à des « mères porteuses », fécondation assistée , etc.
Quant au handicap, la genèse et les formes en sont tellement diverses qu’il est à la fois assez irréaliste de prétendre l’intégrer dans toute mesure législative et un peu simpliste de s’en dégager avec une mesure  économique.

27.    Pour une politique juste et efficace en matière d'immigration, nous voterons tous les trois ans une loi d’orientation et de programmation qui sera élaborée en concertation avec les partenaires sociaux et les territoires qui assurent l'accueil et l’insertion des migrants ; nous renforcerons la lutte contre les employeurs qui ont recours au travail clandestin et contre les trafiquants; nous créerons un vrai contrat d'accueil et d'intégration, fondé sur des obligations réciproques et insistant sur la maîtrise de la langue et la compréhension des droits et des devoirs républicains.

«…une politique juste et efficace en matière d'immigration.» : le sujet que la promotion de l’extrême droite et la politique gouvernementale agitent comme un dangereux épouvantail parait incontournable. De là à programmer dans la loi tous les trois ans… Le danger est-il si grand ? Qu’on se donne les moyens d’éradiquer le travail clandestin et de démanteler les filières mafieuses qui font leur beurre sur la misère du monde, c’est plus qu’une nécessité. Au-delà la France a de tous temps, et comme la plupart des pays du monde connu des mouvements de populations. Et parmi les constantes des grands mouvements migratoires il est facile de repérer ceux qui sont poussés par la difficulté à vivre, la faim, la misère et les persécutions. Le choix des migrants est alors naturellement évident, il leur faut partir vers un eldorado moins pire que l’enfer de leur quotidien, mais aussi souvent moins accueillant qu’ils ne l’imaginaient. Les séquelles des aventures coloniales sont faciles à repérer. D’un autre côté, quel discours doit-on tenir face à l’expatriation de français qui vont faire du fric sur les terres profitables d’Afrique ou d’Asie ?  A ceux-là qui participent au pillage des richesses maintenant les peuples « indigènes » - comme disaient les bons colons -  dans la précarité la plus susceptible de les rendre dociles, on ne demande pas de parler une autre langue que celle de la banque et de respecter d’autres droits que ceux du capital.
La terre d’asile ne s’accorde guère avec une règlementation d’apartheid et une politique de ghettoïsation des pauvres d’ailleurs pour tranquilliser les pauvres d’ici.

28.    Pour conforter les contre-pouvoirs, nous garantirons l’indépendance de la justice (fin des instructions individuelles, carrières des magistrats non soumises au pouvoir politique) ; nous ferons voter une loi anti-concentration dans les médias et les responsables de l'audiovisuel public ne seront plus nommés par le président de la République.

«…les contre-pouvoirs, nous garantirons l’indépendance de la justice...» : insupportable négation du fondamental républicain, la justice n’est pas à ranger au rang des contrepouvoirs ! La justice est l’un des trois pouvoirs indépendants piliers de l’ordre républicain : législatif, exécutif et judiciaire.
Ce qui est effectivement en cause dans le fonctionnement dégradé de la République sous Sarkozy, c’est la remise en cause de l’indépendance des trois pouvoirs et leur instrumentalisation au profit du petit monarque.
Le législatif est inféodé à l’exécutif qui le contrôle, l’opposition parlementaire ne jouant plus que le rôle de faire-valoir et la majorité de… faire-valoir. Ce n’est pas la moindre vertu de la présidentialisation du régime accélérée par Jospin avec l’inversion du calendrier des élections législative et présidentielle.
Quant à la justice, ses services ont été tellement dégradés à force de RGPP et de réforme de la carte judiciaire qu’elle ne peut plus être rendue dans des conditions dignes d’un pays développé… Un état policier n’a pas besoin de justice.
Quant aux médias, il faudrait d’abord s’inquiéter du pouvoir de l’argent. La prise du Monde, « grand quotidien du soir » dit de gauche par trois affairistes friqués dits de gauche, a-t-elle sauvé la presse écrite en faisant capoter la solution préconisée par Sarkozy ?... Combien d’ouvriers, de paysans, de vrais gens dans la distribution de « Plus belle la vie » ? Les médias mériteraient un sérieux lifting certes, mais pour cela il faudrait les dégager de leur mission première d’anesthésiste de l’opinion.

29.    Pour approfondir la démocratie, nous renforcerons le rôle du Parlement, nous introduirons une dose de proportionnelle aux élections législatives, nous accorderons le droit de vote aux étrangers aux élections locales, nous transformerons le Conseil constitutionnel en une véritable Cour constitutionnelle indépendante, nous supprimerons leur dotation publique aux partis qui ne respecteront pas l'objectif de la parité. Nous lutterons contre les conflits d'intérêt et nous imposerons une limitation du cumul des mandats.

«… nous renforcerons le rôle du Parlement, nous introduirons une dose de proportionnelle aux élections législatives, nous accorderons le droit de vote aux étrangers aux élections locales,...» :
Voilà un inventaire de générosité démocratique qui s’affranchit facilement des causes de la crise politique que traverse le pays. La désaffection des urnes avec l’abstention massive et durable des citoyens ne trouve aucune réponse dans ce catalogue qui ne vise qu’à donner une plus grande respectabilité à la part sociale des élus qui s’est accaparée l’exclusivité politique.
Il s’agit plus aujourd’hui de refonder la démocratie que de l’approfondir. Cela suppose un véritable investissement des citoyens dans la vie politique du pays à tous ses échelons, une vie politique qui ne se réduit pas à ses échéances électorales, loin s’en faut. Ce sont les organisations politiques qui sont défaillante, et ceci d’autant plus depuis qu’elles ont troqué leur fonction de laboratoire d’idées et de terrain de culture idéologique pour se rabougrir dans le désordre de comités de soutien ou de promotion de leur représentation. La diversité des idées est maintenant réduite à l’opposition de candidats à la candidature qu’il faut départager avant même qu’ils ne se soumettent aux suffrages des électeurs… le degré zéro de la démocratie.

30.    Pour encourager la démocratie locale, nous abrogerons la réforme territoriale imposée par l'UMP, nous engagerons une nouvelle étape de la décentralisation assurant l'autonomie financière et de gestion des collectivités, une péréquation bénéficiant aux territoires défavorisés et un nouveau pacte de confiance et de développement entre l'Etat et les collectivités.

«…encourager la démocratie locale, engager une nouvelle étape de la décentralisation assurant l'autonomie financière et de gestion des collectivités,...» : La décentralisation prônée par les socialistes s’accorde tout à fait au « moins d’Etat » porté par la droite. Dans tous les cas il s’agit d’affaiblir toutes les structures favorisant l’égal traitement des populations et des régions avec les péréquations nécessaires et les indispensables mutualisations de moyens et de ressources.
La péréquation dont il est question ici relève de mesures compensatoires soumises à la conjoncture plutôt que d’actions structurelles visant au ré équilibrage et à l’aménagement territorial.
Cette perspective rencontre nécessairement l’assentiment des classes dirigeantes qui se voient par là même gratifiées de nouveaux pouvoirs. La décentralisation, comme l’autonomie sont des instruments de la concurrence et de la discrimination incompatibles avec l’indivisibilité de la République.
De l’Etat à sa plus petite composante, la commune, notre République a besoin de se rétablir en donnant à chaque échelon les compétences qui assurent l’accomplissement des principes républicains. La régionalisation, gommant à la fois l’Etat et le Département avant de substituer les communautés aux communes va satisfaire une forme d’homogénéisation européenne éloignant les citoyens de toute préoccupation politique et l’enfermant dans une dérive gestionnaire déjà bien installée réduisant les élus à un rôle d’administrateur.

Aucun commentaire: