lundi 11 avril 2011

à gôche toute !

En direct avec Jean Luc MELENCHON sur France Info ce matin.


Immigration : "malade mentale" de la droite... by FranceInfo

Vendredi, la direction du PCF a dit sa "préférence" pour Jean-Luc Mélenchon comme candidat unique du Front de gauche à la présidentielle. Le leader du Parti de gauche était l’invité de France Info ce lundi matin.

Pour mieux mesurer le sens et la portée des mots je vous propose l'extrait de l'intervention de Pierre LAURENT qui traite justement de la perspective des présidentielles et du choix du candidat sur lequel les communistes seraient appelés à se prononcer.






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Voilà quelques propositions qui pourraient être au cœur de notre ambition pour les échéances de 2012. C'est avec cette ambition de déploiement populaire du Front de gauche que je veux à présent aborder la question de la candidature à l'élection présidentielle.

Quatre candidatures sont soumises à notre débat.
Deux, issues de notre parti, sont en désaccord affirmé avec le choix d'une stratégie de Front de gauche. Celle d'André Gerin, député et membre du Conseil national, défend le principe d'une candidature du PCF à l'élection présidentielle sur la base du  programme qu'il a présenté dans une brochure intitulée « Redonnons ses couleurs à la France ». Celle d'Emmanuel Dang Tran, également membre du CN, revendique une candidature « contre l'alliance avec la social-démocratie, l'adhésion à l'Union européenne du capital, et l'effacement du PCF » . Tous deux, bien mieux que je ne pourrais le faire, s'exprimeront au cours de nos travaux  sur le sens de leur candidature.     
Deux autres candidatures, l'une issue de notre Parti, celle d'André Chassaigne, député et membre de notre Conseil national, l'autre issue du Parti de gauche, celle de Jean-Luc-Mélenchon, député européen et co-président de ce parti, se sont déclarées disponibles pour représenter la candidature du Front de gauche.

Toutes ces candidatures doivent être examinées par les communistes d'ici le choix de la conférence nationale. Compte tenu de l'engagement très majoritaire de nos adhérents dans la stratégie du Front de gauche, l'essentiel de la  discussion  des communistes, comme j'ai pu le constater dans les fédérations où je me suis rendu, porte déjà sur le choix entre ces deux dernières candidatures.

André a répondu, depuis sa déclaration de candidature à la fête de l'Humanité, à de très nombreuses invitations dans les fédérations. De nombreux communistes ont apprécié la démarche qu'il porte. Je pense qu'il s'exprimera lui aussi au cours de nos travaux. La candidature de Jean-Luc Mélenchon, soutenue par la direction du PG et depuis dimanche dernier celle de la Gauche unitaire, a été présentée au lendemain de notre appel à candidatures fin janvier. Ces deux fortes personnalités se sont imposées dans le débat national.

Mais je crois que chacun s'accordera à dire que notre choix ne peut être guidé par le soutien à une personnalité. L'élection présidentielle n'est pas au Parti communiste, au Front de gauche une affaire d'aventure personnelle.

Notre choix doit être un choix politique. Nous voulons un accord d'ensemble dont la candidature à la présidentielle est un élément. Nous voulons que cet accord crée les meilleures conditions de déploiement du Front de gauche. Nous savons qu'en l'état   aucune de ces deux candidatures à elle seule ne clôt l'accord d'ensemble. Chacun a des pas à faire et tout le monde entend être respecté.

Qu'est-ce qui doit motiver dans ces conditions le choix des communistes? Nos ambitions politiques dans la période, avec les enjeux que j'ai exposés. A partir de là, selon moi deux critères doivent prévaloir. D'abord, une volonté : aboutir à un accord qui permette à la dynamique que nous avons initiée de franchir une étape décisive en 2012. Cela exigera, nous le savons, notre engagement total, mais cela en vaut la peine pour les raisons que j'ai données précédemment. Ensuite, une exigence claire: le choix d'une candidature sera pour nous, a fortiori si elle n'est pas issue du PCF, conditionné à la conclusion d'un accord d'ensemble satisfaisant nos objectifs politiques et respectant la force et la qualité de l'implantation territoriale législative du PCF. C'est essentiel pour obtenir demain le maximum de député-es communistes dans l'intérêt des populations.

Les communistes demandent le temps nécessaire à l'évaluation de ce choix et à la finalisation d'un tel accord. Ils ont raison et nous avons huit semaines d'ici la conférence nationale pour le faire, éléments du débat en main.

Ils ne souhaitent pas que le CN conclut ce débat qui ne fait que commencer. Mais beaucoup demandent également que la direction nationale donne son avis, non pas sous la forme d'un ultimatum, mais par souci de transparence démocratique. Ils veulent décider en connaissance de cause. C'est justifié.

J'estime donc de ma responsabilité de livrer aujourd'hui mon opinion. Je me suis tenu au calendrier fixé en commun. J'ai progressivement construit mon opinion à partir des avancées concrètes permises par le Front de Gauche, de l'analyse des échéances électorales abordées dans ce cadre et tous les échanges que j'ai eu avec les communistes et nos partenaires. J'ai beaucoup évalué la situation contrairement à ce que j'entends ici ou là et je considère encore aujourd'hui que les potentiels comme les risques de l'un ou l'autre de ces choix doivent être pesés avec sérieux jusqu'à la conférence nationale.

En les ayant pesés, je pense que la candidature de Jean-Luc Mélenchon peut être envisagée par notre parti dans le cadre d'un accord d'ensemble avec nos partenaires, un accord qui garantisse le respect d'engagements collectifs à la hauteur des enjeux de la situation politique inédite que nous vivons, la diversité de notre rassemblement et la place majeure de notre parti. L'investissement par les communistes de la démarche engagée sera en tout état de cause selon moi la clé de la réussite. Je crois que notre histoire militante commune témoigne, jusque dans nos combats politiques récents, de notre capacité à faire de la diversité d'un rassemblement sur des objectifs politiques ambitieux une force pour déployer une dynamique populaire de grande ampleur qui permette de faire avancer nos objectifs. Je veux dire aussi à tous les communistes que cette décision mérite le débat. Elle est, à l'étape actuelle de ma réflexion, celle qui me paraît être la plus susceptible de nous permettre de franchir un cap dans nos objectifs. Chacun, chacune d'entre nous ici et tous les communistes devront donner leur opinion, instruire cet enjeu et prendre leur propre décision. Et quand les communistes auront fait leur choix au mois de juin prochain, nous devrons toutes et tous être rassemblés dans l'action pour le porter.

Concernant la place et l'avenir du parti, je crois d'ailleurs sincèrement que ceux qui espèrent et regardent du côté du PCF ne comprendraient pas l'échec du rassemblement. A l'inverse, j'ai la conviction que notre parti sortira gagnant d'une séquence où il aura tout fait pour permettre l'essor du Front de gauche.

Des camarades, je le sais, craignent notre effacement. Je les comprends et je prends au sérieux cette crainte. Certains ajoutent qu'ils ont parfois été heurtés par certaines déclarations de Jean-Luc Mélenchon. Cela doit être entendu car il en va de l'efficacité collective du Front de gauche.

Je veux faire deux remarques à ce propos. La parole du PCF doit être respectée, et c'est de notre responsabilité comme direction nationale. Elle est utile au rayonnement d'un Front de gauche qui, nous le savons, est et sera  traversé de débats. Et, comme je l'ai déjà fait, dans les derniers mois, sur le populisme, le débat énergétique, l'appel au rassemblement entre les deux tours des cantonales,  je n'hésiterais pas à faire entendre la voix du PCF chaque fois que nous le jugerons nécessaire. Mais je le ferais toujours avec l'esprit qui nous anime: mettre notre liberté de parole au service du progrès de notre rassemblement. Autonomie et unité sont les deux faces de notre  démarche.

La seconde remarque porte sur les médias. L'absence persistante de la présence des dirigeants communistes, non pas dans tous les médias, mais dans la plupart des émissions télévisuelles de grande audience et dans la totalité des grandes émissions politiques radiophoniques du week-end est une anomalie démocratique. L'invitation de Jean-Luc Mélenchon, avancée par les chaînes en question pour justifier cette discrimination, n'est pas une explication convaincante, elle n'est pas recevable. Pourquoi le Front de gauche, rassemblement divers, subirait-il un traitement univoque quand EELV, le PS, et que dire de la droite, voient leurs représentants défiler les uns après les autres? Comment justifier cette interdiction d'antenne de fait dans ces grandes émissions au lendemain des résultats des élections cantonales? La démocratie en souffre, et la dynamique collective du Front de gauche aussi. Nous porterons donc avec force cette bataille sur nos temps de parole.

Voilà, chers camarades, dans quel esprit nous devrions selon moi aller au débat. Je le répète. Je n'assène pas une vérité. J'exprime un avis. Le débat doit se poursuivre en examinant jusqu'au bout les possibilités, en écoutant les arguments échangés, pour enrichir la mise en pratique de la décision qui sera prise par la majorité.

Je suis convaincu que nous saurons conduire ensemble ce débat dans le respect mutuel. C'est en tous cas ma volonté. Je livre mon opinion en toute sincérité, en toute transparence, avec le souci de l'avenir de notre pays et de notre parti. La décision que nous avons à prendre est importante. Chacun-e devra en tout état de cause respecter la décision finale prise par la conférence nationale. 
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Pour avoir suivi la série depuis sa première saison, et n'avoir raté que bien peu d'épisodes, je suis de plus en plus persuadé que la direction de mon parti joue avec le feu dans une triste course à l'échalotte. Mise en échec lors de l'échéance précédente avec la belle aventure des collectifs anti-libéraux, il s'agit aujourd'hui de faire passer pour une grande stratégie politique de rupture une petite tactique électorale dont chaque scrutin illustre la vanité en terme de progrès politique. 
Parti de Gauche et Gauche unitaire, deux alliés fondateurs du Front de Gauche n'ont de cesse de clamer leur anti-socialisme primaire pour se réfugier "à gauche de la gauche" quand les élus communistes n'ont de cesse de flatter les socialistes avec lesquels ils sont aux affaires dans moultes collectivités.
C'est du pain béni pour les socialistes gourmands d'hégémonie à gauche qui ne peuvent que se réjouir de voir la force communiste neutralisée et marginalisée par leur ex trublion Mélenchon.
Le coup d'André CHASSAIGNE à la fête de l'Huma était bien joué, mais il en dit long sur l'état d'une direction nationale à laquelle il participe et qui dit tout de go "L'élection présidentielle n'est pas au Parti communiste, au Front de gauche une affaire d'aventure personnelle" (déclaration de Pierre LAURENT) en lui préférant Jean-Luc MELENCHON.
J'imagine que ceux qui sont ailleurs, socialistes, au centre ou à droite, doivent s'offrir une belle bosse de rire devant un tel spectacle.
Candidat du parti auto proclamé d'un côté, candidat d'ailleurs adopté de l'autre, autres candidats tellement fiers d'attacher leur binette à la guirlande de la fête... tous les ingrédients sont réunis pour que les primaires socialistes fassent figure de grand défi démocratique.
Quel espace reste-t-il pour que les communistes participent effectivement au débat politique autrement que par procuration ?
Le "Front de gauche" est un concept sain et porteur, pour peu qu'on lui assigne la place et le rôle qui lui reviennent : l'issue d'une coopération fructueuse et d'une convergence solide des objectifs et des ambitions des différentes composantes de la gauche. 
Ce n'est pas un préalable mais un aboutissement. 
Ce n'est pas un moule mais une construction d'assemblage. 
Ce n'est pas l'opportunité d'un affadissement séducteur d'opinion.

Sans qu'il soit le lointain écho de rassemblements solides et productifs du passé, les références faites parfois au Front Populaire ou à la Résistance  avec le programme du CNR, méritent d'être regardées. Dans tous les cas et avec des degrés d'implication divers, le Parti Communiste ne s'est pas effacé, cherchant toujours à être respecté, tout simplement et autant que possible. Dans le mouvement de la Paix et les luttes anti coloniales l'efficacité des communistes a aussi été liée à leur engagement sans concession, sans mettre le drapeau dans la poche.
Aujourd'hui l'heure est aux petits calculs avec les élections législatives en ligne de mire comme toutes les échéances électorales désormais conduites sous la bannière du Front de Gauche, candidatures en vue, élus peut-être ou pas, front de gauche, ç'est moins exigeant, communistes adhérents cotisants s'abstenir, trop ringards, place aux autres... Il paraît que c'est mieux, plus moderne, plus ouvert, plus ailleurs !

Avec une organisation du parti bien affaiblie parl'OPA des élus sur tout ce qui touche aux élections, quel espace reste-t-il pour que les communistes participent effectivement au débat politique autrement que par procuration ?

Il va falloir choisir qui de Jean-Luc MELENCHON ou de MELENCHON Jean-Luc sera notre meilleur candidat. Soit !


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