dimanche 25 avril 2010
l'émeute silencieuse
A lire attentivement ! à déguster avec gourmandise et curiosité !
Toutes les contributions sur le thème de l'huma des débats du 24 avril valent qu'on s'y arrête.
La droite peut-elle changer de cap ?
Certains vont dire qu'il vaudrait mieux s'interroger sur le cap à définir pour la gauche, et le Parti Communiste en particulier (encore faut-il avoir une carte !)...
S'interroger sur la situation de l'adversaire est un incontournable pour qui veut livrer bataille avec l'ambition de gagner. Il est donc primordial de bien comprendre situation et fonctionnement de l'adversaire pour établir sa propre stratégie, et caler au mieux sa propre offre politique.
Cela est vrai au niveau national pour l'élection présidentielle comme pour la moindre élection locale.
Cela est vrai dans la position de challenger comme dans celle du champion en titre. L'enjeu reste le même : la victoire.
A titre anecdotique cette approche bien conduite avait permis de remporter la victoire aux denières cantonales dans le canton du Montet. Et la victoire se dessine dès les prémices du choix du candidat qui doit bien être en conformité avec l'analyse de situation.
L'offre politique plus ou moins explicite n'est ni tactique ni stratégique; elle conforme l'opinion aux orientations stratégiques d'une campagne et permet aux électeurs de suivre le chemin tracé par les tacticiens avec un naturel enthousiaste.
Du bruit médiatique loin des préoccupations sociales, la tactique n'est pas une politique de rechange, pas de projet neuf sans règle du jeu clarifiée...
Les cinq articles d'Annie Collovald (professeur de sociologie politique), Roland Cayrol (politologue fondateur de l'institut de sondage CSA), Florence Haegel (directrice de recherche à Sciences-Po), Pierre Dardot (Philosophe) et Jean Pierre Rioux (historien) illustrent combien la contribution intellectuelle appliquée à l'action politique a d'importance.
Ces papiers apportent du sens, de l'intelligence, et outillent la pensée des militants pour soutenir leur action quotidienne autrement bien que les discours répétitifs d'intentions floues de quelques dirigeants nationaux pressés d'être calife à la place du calife dans notre microcosme partisan.
"Depuis 20 ans, 60% des français ne font confiance ni à la droite ni à la gauche et 70% crient que les politiques ne s'intéressent pas à eux."
Si l'émeute est silencieuse, absentéistes aux urnes, abstentionnistes du débat, elle n'en est pas moins émeute.
La logique infernale des disciplines néolibérales qui fait qu'on structure par avance le champ de la réflexion des protagonistes du débat doit être renversée (voir "débat" dur les retraites dans lequel le pouvoir circonscrit à la question de l'âge légal, sachant très bien qu'il est déjà complètement déconnecté de l'âge réel de départ par les autres mesures, décote, carrières en confettis, etc.). Ceux qui jouent le jeu de la concertation dans ce cadre sont piégés d'avance, ce sont eux qui vont s'auto censurer, ils vont d'eux même dans le sens souhaité.
Ce dont l'offre politique a besoin c'est de courage en reprenant la définition qu'en donnait Jaurès :
"Chercher la vérité et la dire, ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas se faire écho contre son âme aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques".
Les victoires électorales ne sont pas nécessairement des conquêtes politiques; mais elles peuvent y contribuer si, en imitant les principes du judo, on commence par respecter l'adversaire et si on utilise sa force en la retournant à son propre profit, sans jamais faiblir tant que le résultat n'est pas acquis.
Dans la médiocratie sarkozienne, les élections législatives ne sont que la confirmation des présidentielles et les autres élections locales n'ont pour enjeu que d'entretenir le bruit, de tester des hypothèses, d'amuser le gogo en quelque sorte, de constituer une "première partie" visant à faire patienter et à chauffer la salle pour l'artiste qui est en haut de l'affiche. Les socio-démocrates réformistes s'accommodent fort bien de ce modèle débilitant du débat politique. A nous, communistes de casser ce moule, si possible en évitant d'en être prisonniers !
La perspective d'une victoire à gauche ne s'inscrit ni dans les cinq ans d'un quinquennat, ni dans deux d'ailleurs; elle doit se dessiner dans la durée pour installer le progrès social, durablement.
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