vendredi 23 avril 2010

Pour détruire un homme, il suffit parfois de lui donner ce qu'il veut...

Pour détruire un homme, il suffit parfois de lui donner ce qu'il veut... Qu'en est-il pour les organisations ?
Ce propos paraît bien incongru au premier abord ! Faudrait-il rappeler le rêve d'Icare ? ... convoquer le principe de Peter ? ou se satisfaire du sourire convenu et béat d'autosatisfaction de celui qui veut faire souffler du vent plus haut que son postérieur...

Non bien sûr. Car si le "principe de Peter", inventé il y a presque un demi siècle postule que « tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence. », c'est plus souvent son corollaire qui s'observe : « Avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d'en assumer la responsabilité. »

Dans cet ordre d'idées, qu'en est-il alors de la satisfaction des appétits politiques le plus souvent réduits à la gourmandise du pouvoir ? Ils conduisent à la déconnection du réel.

La dérive aristocratique de la république a posé quelques jalons. L'épisode du fils Sarkozy promis à la présidence de l'Ephad, l'arrivée de Bernadette Chirac au Conseil d'administration de LVMH ou de l'épouse du ministre du travail à celui d'Hermès pour "assurer une meilleure féminisation des Conseils d'administration des grandes entreprises" en sont quelques belles caricatures dans le microcosme politico affairiste qui gouverne la France aussi bien que le monde, capitalisme oblige.
Les signes de l'affaissement des principes démocratiques en but à l'assaut des valeurs d'Ancien Régime ne manquent pas et le retour de Marx ou Jaurès serait bien salutaire. Et les élus de la République chahutés dans le déluge de l'urgence d'agir n'aident guère à la résolution du problème par le jeu des cumuls, accumulant mandats et présidences à l'envie.
Pourquoi parler tant aujourd'hui de cumul des mandats ou de sa régulation ? tout simplement parce qu'il est effectif à l'excès. Tout se passe comme si le pouvoir n'appelait que le vouloir plus. La légitimité de l'envie serait circonscrite à l'état initial et donc interdite à toute concurrence.
C'est bien sur ce modèle de comportement que la Révolution française, à défaut d'être populaire, avait bien réussi à rester bourgeoise et à installer les privilèges de la fortune en lieu et place de ceux de la naissance. La fraternité introduite en 1793 dans la trilogie de la devise républicaine veille au grain contre l'insurrection des plus faibles qui s'inquièteraient de l'amputation de leur liberté et de la négligence du second principe d'égalité.
N'a-t-on pas, ces dernières années vu battre en brêche l'égalité pour lui substituer le principe soit-disant plus moderne de l'équité. Il n'est pas très engageant d'être équitable, c'est juste une "juste mesure", un équilibre, pour rendre acceptable une forme d'inégalité lorsque l'égalité ne serait par trop insupportable aux plus forts.
On peut parler d'équité et d'ISF; ça devient beaucoup plus difficile en parlant égalité... y compris quand on est dans les instances dirigeantes de la social-démocratie française.
La gangrène qui ronge la démocratie élective en gonflant sans cesse plus les scores de l'abstention manifeste la fracture politique. Elle est d'autant plus grave aujourd'hui qu'elle illustre une défiance largement majoritaire dans les solutions politiques aux crises économiques, financières, sociales qui accablent la grande majorité des peuples de la planète. L'expérience de la social démocratie à la tête de l'OMC avec Pascal Lamy, du FMI avec Straus Kahn, tout comme à la tête de la Commission européenne avec Delors, enseigne sans contestation possible que la médecine palliative du réformisme, sans précipiter la mort, se contente de l'accompagner. Cela n'empêche en rien les socialistes français d'aujourd'hui de consacrer toute leur énergie à l'organisation de la préparation des primaires pour 2012 ! Ils se conduisent déconnectés du réel.




A bien y regarder les évolutions de la vie politique en France, présidentialisation, effacement du parlement, formation des élus en corps constitués sur le modèle associatif, clubs de réflexion à côté des partis... tout conduit à une forme de divorce du politique et du peuple des citoyens. Les dés semblent pipés, jes jeux joués d'avance... et quand le résultat est hasardeux, le choix offert aux citoyens n'est pas à la mesure de leur diversité d'approches et d'opinions. Cette situation conduit les plus honnêtes vers des démarches de relégitimation auprès des populations en dehors des phases électorales; avec une démocratie dite participative ou active, le spectacle est permanent, et surtout l'élu s'affranchit de l'organisation dont il peut être issu dans une forme de relation plus démagogique que démocratique avec ses contempteurs. C'est une forme d'autopromotion lobbyiste en tout état de cause plus confortable que l'affrontement d'opposition. Les ressorts de la conservation du pouvoir sont naturellement les plus forts dès lors qu'une parcelle de pouvoir est acquise à quelqu'un dans le jeu politique; force est de constater que les qualités des candidats ne font généralement pas long feu à l'épreuve de la prise de responsabilité. Déconnection du réel...



Pour détruire un homme, il suffit parfois de lui donner ce qu'il veut !



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