samedi 6 décembre 2014

Toit, toi, trois et demi

Trois millions et demi de personnes en défaut de logement décent... Chaque hiver la ritournelle compassionnelle revient pour culpabiliser un peu plus ceux qui sont au chaud de leurs murs à crédit. Mais quel remède est apporté à cette situation encore plus insupportable quand ce sont plus de trente mille enfants qui en souffrent. Ce ne sont pas les promesses électorales qui tiennent chaud les soir d'hiver ; pas plus qu'elles n'apaisent la faim et la peur du lendemain encore plus incertain.
Un grand patron évoquait il y a quelques années  son idéal d'usines sans ouvriers... Son vœu est satisfait bien au-delà de ses attentes puisque on va désormais vers un pays sans usine à force de liquidation et de délocalisations...
Se laissant aller au gouvernement par l'émotion -téléthon oblige-, le pouvoir politique a désormais abandonnée la dernière de ses prérogative, celle de l'action publique. En transportant des masses monétaires considérables des circuits normaux de financement de l'action publique du domaine de l’impôt à celui -injustement dénommé- de la solidarité les plus fragiles consentent facilement à donner plus que leur part de contribution dans une société où la fortune des plus forts reste à l'abri des justes prélèvements qui contribueraient à une redistribution équitable des richesses.

La générosité, le don dans tous ses états, le partage et l'attention portée aux autres n'a pas besoin de grands cirques médiatiques pour conforter les liens des hommes.

Le spectacle instrumentalisant de façon trop souvent indécente les victimes de l'injustice, de la maladie ou du handicap n'aide pas la société à s'affranchir de ses misère ; tout au plus elle la rend comptable du mauvais sort qu'on lui fait.
C'est particulièrement le cas quand, sans ciller, on annonce que les maladies "rares" ou "orphelines" ont besoin des généreux donateurs pour la recherche et la remédiation puisque, faute de débouchés suffisants, elle n'ouvrent pas de marchés suffisants à l'appétit de laboratoires rapaces de la finance avant de servir le soin.

Alors la question se pose de la légitimité des grandes causes dites de solidarité. Le plus beau don à faire au Téléthon ne serait-il pas le bulletin de vote qui débarrasse le paysage politique des serviteurs zélés du monde de la finance pour mettre en place une véritable démocratie citoyenne plus dure avec les forts pour pouvoir être plus douce et réconfortante pour les plus faibles.

Le paysage politique étant ce qu'il est aujourd'hui, comme en fin de marché, il n'y a plus guère de choix... et ceux qui s'abstiennent en font un douloureux !

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