vendredi 12 décembre 2014

Sang, de l'or en larmes

Plasma SD : le coup de scalpel dans le modèle français de la transfusion sanguine !
Le don du sang reste le geste élémentaire de la solidarité comme toute forme du don de soi. Gratuit, anonyme, c'est le geste désintéressé de celles et ceux qui s'intéresse à la condition sociale de l'humanité, bien loin des artifices du "vivre ensemble" d'autant plus affichés qu'on en a ruiné les conditions premières.
Mais dans le son du sang certains voient depuis longtemps un nouveau gisement de profits.
Les laboratoires pharmaceutiques ont obtenu de la Cour de Justice de l'Union européenne qu'un produit sanguin devienne "médicament" dès lors qu'il subit un traitement industriel... Pour anodin qu'il paraisse, cet arrêt fait du sang une marchandise, matière première et produits dérivés... Son gisement dans le corps du donneur rejoint le statut de la mère terre pillée de par le monde pour en extraire les pépites de leur gangue, quand le grand alchimiste du capital transmuter fait de la terre son or.
Ce qui embarrasse le capital dans le "don du sang", c'est bien le don ! et sa volonté est bien de s'immiscer dans l'espace de la solidarité en intermédiaire profiteur dans la transaction du donneur au receveur.

La CGT Santé alertait sur le sujet dès 2012.

Filière des produits sanguins
Veut-on préserver l’éthique du don ?mercredi 31 octobre 2012 , par F. Dayan
Fortes inquiétudes sur le devenir de l’Etablissement Français du Sang (FEFS) et du Laboratoire Français du Fractionnement et de Biotechnologies (LFB). Ces deux établissements, sous tutelle de l’Etat, sont étroitement liés, l’un prélève le plasma chez les donneurs de sang bénévoles, l’autre le transforme en produits appelés« médicaments dérivés du sang ».
Le LFB se trouve en concurrence avec les laboratoires pharmaceutiques étrangers qui cassent les prix pour obtenir les marchés auprès des hôpitaux, qui sont contraints financièrement. Le prix de revient des médicaments dérivés du sang étrangers est inférieur car, entre autre, ces derniers ne sont pas soumis aux mêmes exigences de sécurité sanitaire.
L’appétit des grands groupes pharmaceutiques internationaux n’a plus de limites. Ils lorgnent sur les besoins des malades et veulent s’accaparer l’argent de la protection sociale.
Cette perte de « marchés » par le LFB impacte la quantité de plasma livrée par l’EFS, dont une partie est inévitable dans le don de sang total. Ces deux établissements rencontrent des difficultés financières. "Veut-on les voir disparaître ?, interrogent la CGT santé et Action sociale et la CGT des Industries chimiques. Veut-on voir disparaître l’éthique française du don du sang ? Quelles garanties de sécurité pour les patients ? La CGT exige que le Gouvernement, le Ministère de la Santé, prennent les mesures nécessaires pour préserver l’éthique française, le don du sang bénévole, gratuit et anonyme, et donnent les moyens à l’EFS et au LFB d’assurer leur mission de service public.

EFS : l'établissement public et ses 17 établissements régionaux fait suite en 2000 à l'AFS qui avait réuni en 1995 la multitude des structures de collecte de sang associatives et hospitalières.
LFB : activité de labo séparée des centres de transfusion en 93 et devenue société anonyme en 2006.

Comme souvent la séparation des activités dans des entités différentes préfigurait l'ouverture à la concurrence et la privatisation...
Et comme aujourd'hui la rigueur budgétaire étrangle les hôpitaux, la tentation de se servir en produit sanguins chez les concurrents étrangers low-cost ne mettrait-elle pas en danger la santé des patients ?



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