vendredi 19 décembre 2014

Entre aides et servitude

"Bénéficiez des dernieres aides de l'Etat
Il est encore temps de profiter des aides de l'Etat : Crédit d’impot, Subvention ANAH, primes énergie etc... Nous sommes à votre service pour répondre à vos questions et vous aiguiller." (*)


Ce mailing qui encombre la boîte aux lettres chaque matin de tous les bons plans aguicheurs prend tout son sens dans une période où la misère de l'Etat est brandie à chaque revendication, où la dépense publique est vilipendée dès lors qu'il est question de service public.
La clé de la disponibilité de la manne financière tient en un mot et un seul : AIDE.
Là c'est pour changer portes et fenêtres ou louer un morceau de toit à la banque d'EDF pour en tirer d'hypothétiques bénéfices dans 10 ou  11 ans, ici d'est pour qu'un jeune ait accès à l'emploi, ailleurs ce sera pour drainer les terres des prairies après avoir arraché les haies et labouré... 
Avec la loi Pinel investissez dans la construction d'appartement que vous pourrez louer à vos enfants ou à vos parents. "Acquisition du bien pour seulement 35 à 40 % de sa valeur..." promet la pub en assurant de 6 à 12 ans de réduction d’impôts à 0. Plus mirobolant encore, si vous choisissez d'investir dans les "résidences Seniors" vous n'aurez "Aucun souci de gestion grâce à un investissement clé en main" sur "Un marché d'avenir en pleine croissance" !!!
Allez donc, les investisseurs, eux, ne vieillissent pas autrement que pour extorquer à leurs semblables moins fortunés  les deniers de leur rente avec l'aide de la collectivité qui servira aux plus pauvres un peu d'APA pour abonder la redevance servie aux racketteurs de la fin de vie.
Quant aux entreprises chéries du premier ministre elles peuvent bénéficier d'aides pour leur :

  • création
  • gestion financière (financer la croissance, réduire les charges, gérer les difficultés) ;
  • gestion des emplois (embaucher, aménagement du travail, prévention des risques professionnels) ;
  • formation du dirigeant et des salariés ;
  • stratégie et développement des marchés, développement international ;
  • innovation ;
  • éco-développement ;
  • investissements matériels ;
  • immobilier : trouver un local ;
  • transmission.
A y regarder de près le meilleur chef d'entreprise aujourd'hui est plus occupé par les dossiers d'aide que par les dossiers d'appels d'offres ; et il est normal qu'il se plaigne de la lourdeur et de la complexité des démarches... Qu'il se rassure, avec le jeune banquier du ministère de l'économie, la simplification administrative va s'accélérer et un grand bon en avant dans le passé va combler ses attentes. La société privée qui s'occupe des radars se sert sur la bête, la société qui a fait chou-blanc avec les portique de l'éco-taxe aurait fait de même... Chaque fois que les pouvoirs publics concèdent au privé la perception d'une redevance ou d'une taxe elle revient au modèle des fermiers généraux de l'ancien régime ; les barrières des péages autoroutiers sont-ils si différents des barrières de l'octroi ? Le désengagement de l'Etat de nombre de missions mises à l'actif des collectivités régionales sans que la délégation des ressources afférentes soit effective ne contribue-t-elle pas à l'accroissement des disparités fiscales entre les régions dont certaines sont plus riches ? Les manifestations alsaciennes contre le redécoupage régional qui colle la Lorraine et Champagne-Ardennes à l'Alsace sont-elles très différentes des visées séparatistes des Flandres belge, de l'Italie du Nord ou de telle autre partie d'Espagne ? Dans tous les cas il s'agit pour ceux qui se croient plus riches de rejeter la marge plus pauvre. 
Quel lien avec le paradigme de l'aide ? ... ce qu'on en constate tous les jours, l'accroissement des disparités des aides consenties par les échelons locaux dans un système paradoxal où la puissance publique est d'autant plus contestée qu'on en attend de l'aide. 

Y-a-t-il une fatalité à tout cela ? 
Certainement pas, mais à la condition que les règles de la vie commune des sociétés soit ré-écrites dans le même élan qui avait fait basculer l'ancien Régime en 1789.
Ce n'est pas de réformes dont le pays a besoin mais de REVOLUTION. On ne corrige pas la boîterie de la République avec un emplâtre Macron sur la jambe de bois du capitalisme. La revendication d'une nouvelle constitution pour entrer dans une 6ème République est au cœur de cette exigence de changement MAINTENANT.
C'est à ce prix que les propriétaires pourrons assumer la charge d'entretien de leurs propriétés, que les locataires pourront assumer la charge de loyers raisonnables en rapport avec des ressources issues d'une juste rémunération du travail, que les pensionnaires de la banque agricole pourront redevenir paysans producteurs justement rémunérés du prix d'une production accessible à la population, que les entrepreneurs seront en capacité de développer leur activité à l'échelle des besoins de leur environnement dans une logique coopérative, que les employeurs proposeront des emplois aussi stables et justement rémunérés que les leurs, que les services publics rendent également service au public quel qu'il soit et où qu'il soit...

Dès que les maîtres du monde auront compris qu'après avoir étendu le périmètre de leur territoire de chasse aux confins de la planète en allant sur Mars ils n'ont pris qu'un aller simple la grande masse de leurs victimes comprendra que le bonheur existe, ailleurs que dans les paradis fiscaux et que les réunions d'amis les plus chaleureuses ne se font pas dans les salles des coffres.

Partager la richesse ne condamne pas à la pauvreté et s'il est une initiative qu'il faut libérer aujourd'hui, par tous les moyens, c'est bien celle des peuples dont l'émancipation décuplerait la capacité de "vivre ensemble".

Et si vous n'êtes pas convaincus de l'urgence du changement allez faire un tour sur ce site et appréciez le bel accord entre l'exposition des échappatoires la misère et les pubs qui l'accompagnent...

(*) les fautes d'accents sur "dernières" et "impôts" témoigneraient-elles de la nécessité d'une prochaine réforme de d'une orthographe aussi compliquée que la vie des chefs d'entreprises ?

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