mercredi 10 décembre 2014

Libération

Ce petit matin frisquet a connu une grande joie ; partagé avec le truchement des caméras le retour du "dernier otage français" en offre l'occasion. Le président de la République et son ministre de la défense l'accueillent à sa descente d'avion et ce sont ainsi tous ses compatriotes qui le reçoivent avec sa famille.
Très bien.
Que la politique extérieure de la France ne produise plus de situations prétextes à de nouveaux drames serait tout aussi rassurant. Car la joie de la libération ne doit pas faire oublier la souffrance de la captivité, ni la barbarie de causes insoutenables, ni les aventures soldatesques des candidats à la domination du monde qui en inspirent la résurgence trop régulière : talibans, al quaïda, al quaïda au Maghreb islamique, état islamique... le fil conducteur de cette saga des groupes terroriste est tissé par des fondamentalistes qui ont entretenu en réaction une forme de "croisade antiterroriste" justifiant des interventions occidentales en de multiples points d'Afrique et du Moyen-Orient où les tensions politico-religieuses perdurent depuis plus d'un demi-siècle.
Dans le même temps des enjeux économiques majeurs de la domination occidentale alimentent les foyers de belligérance armée tout comme les grands réseaux de trafics criminels sur tous les continents.

La libération d'un otage ne suffira pas à la paix du monde.

De retour tôt au palais de l'Elysée ce matin le président va retrouver le cadre et les acteurs d'un théâtre politico médiatique tout entier concentré sur la prestation du jeune dernier du gouvernement présentant sa "loi Macron" ; celle dont le premier ministre justifiait par avance tous les bienfaits dans sa visite à l'étranger...

Le pouvoir sera de la sorte aussi en prise avec la vie de son pays que pouvait l'être Louis XVI et sa cour au printemps 1789.

François Hollande oublierait-il qu'il n'est pas que président des beaux quartiers ?
Lui qui prétendait ce matin avoir délivré le dernier otage de France restera-t-il encore longtemps sourd au cri des sans voix, des plus de six millions de ses concitoyens qui tentent de survivre dans la misère, avec des milliers d'enfants sans toit ? 
Certes le pouvoir politique a "mis en concession" depuis bien longtemps le secours aux miséreux de l'infortune ou de la maladie, Resto du Cœur ou Téléthon sont là pour ça, mais quand l'otage libéré ce matin révélait au micro sa formidable prise de conscience du prix de la liberté.

Réfléchissons à la liberté qui reste à ces millions de citoyens qui ne peuvent plus convenablement se loger, manger ou dormir à l'abri, et qui parfois pire après plusieurs de générations de galère sans travail ont peut-être perdu jusqu'au sens de leur condition sociale.

Ce ne sont pas ces otages-là que la loi Macron est susceptible de libérer en armant encore plus efficacement leurs ravisseurs, terroristes de l'économie capitaliste.

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