mardi 5 juin 2012

Le levain du changement

Extrait du livre de Pierre PRIOLET "Les fruits de ma colère - Plaidoyer pour un monde paysan qu'on assassine"

"...
J’ai tout arraché

Les gouvernements font semblant de ne pas savoir que la terre nourrit l’humanité, qu’elle se respecte et qu’elle s’entretient. Leur cécité volontaire me scandalise. La société moderne s’imagine pouvoir vivre sans la terre parce qu’el1e est concentrée en ville, que son horizon s’arrête à l’immeuble d’à côté, que le monde se réduit à la spéculation, aux faits divers, aux histoires de gens célèbres, aux fraudes, à la corruption, aux délits d’initiés, etc. ; elle envisage l’économie comme une pure question de calculs et de prévisions savantes maniées par des experts. Cette société a pour seuls objectifs le rendement, la productivité, la baisse des salaires. Et l’on voudrait nous faire penser que cette vision relayée par les médias contribue au mieux vivre ensemble ! Comment un système financier virtuel peut-il apporter l’espoir et la prospérité au pays ? En réalité, l’homme n’occupe qu’une partie infime de la surface de la planète. Faire mourir ceux qui entretiennent l’espace naturel revient à contraindre les autres à vivre ou bien dans des mégalopoles surpeuplées ou bien dans des zones désertiques.
Je n’arrive pas à comprendre comment des ministres charges de l’aménagement du territoire demeurent indifférents à la situation des agriculteurs. Ou plutôt si, je devine leur intention de nous faire disparaitre quand je constate leur acharnement à supprimer les services publics dans nos campagnes. Ils transforment nos territoires en mouroirs. Comment pouvons-nous dire à des jeunes de reprendre un métier qui conduit à leur perte ? Qui aura le courage de leur expliquer qu’ils signent un marché de dupes, où ils devront se battre contre une législation en leur défaveur, dans un monde ou le travail ne vaut rien, où la protection de l’environnement et de la santé des ouvriers est quantité négligeable, ou ils devront produire selon des normes et des règlements draconiens décidés par une technocratie sur son expertise mais étrangère à notre réalité. La compétition est truquée. L’agriculture n’intéresse pas ceux qui nous gouvernent. Les politiques sont élus pour cinq ans alors que l’agriculture exige une vision à une échelle de cinquante ans. D’ailleurs, pendant les campagnes électorales nous ne voyons pas les candidats sur le terrain, même si certains font quelques incursions dans les chambres d’agriculture. Cela dit, ces dernières n’intéressent que très peu d’agriculteur
s.
..."

Cet homme d'origine modeste, s'il est passé par un brin de politique au niveau local, ne s'est approché que du MODEM. C'est dire si la ressource est grande de celles et ceux qui sont ailleurs à côté et qui seraient si bien aux côtés des communistes... s'ils savaient qu'ils existent.

De la même façon l'initiative de Stéphane HESSEL et Edgar MORIN dans le Manifeste "Roosevelt 2012" co signé par nombre de personnalités et plus de 50 000 citoyens illustre cette nouvelle forme d'appétit pour une conduite citoyenne du changement mais qui s'affranchit du politique traditionnel dans ses formes de "parti".

C'est cette démarche et ce mouvement qui incitent les élus de gauche à se réclamer d'une nouvelle démocratie, dite active ou citoyenne, et qui serait en capacité de mobiliser ces forces émergentes.

D'un côté comme de l'autre, je pense qu'une faille se dessine dans la construction du modèle de solution alors que les constats sont tout à faits partageables. C'est bien au niveau du diagnostic porteurs des objectifs de transformation progressiste que la question devrait être débattue : celle du pilotage politique du changement. 
D'un côté comme de l'autre la négation du rôle des partis en tant qu'organisations structurantes de la vie politique ouvre la voie à toutes les dérives démagogiques et populistes que les droites les plus réactionnaires avaient su capter au siècle dernier, qu'il s'agisse des aventures fascisantes, ou du poujadisme à bien plus petite échelle. C'est le plus grand risque des temps de crise ; et la démarche actuelle de l'extrême droite française comme d'autres pays européens devrait alerter sur ce point.

N'est-ce pas plutôt de la réhabilitation du fond révolutionnaire d'un parti communiste que le monde a besoin pour ouvrir des perspectives de transformations sociales et politiques vraiment nouvelles, pour un changement effectif et durable ?


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