mercredi 20 juin 2012

De parti en parties

La consultation des communistes sur la participation des communistes au gouvernement avait ces deux derniers jours quelque chose de surréaliste.

Le sujet tout d'abord. S'il est légitime de le poser pour un parti politique qui ne fait pas que dans la dénonciation mais s'engage dans les voies susceptibles de soulager la difficulté du pays et de son peuple, les circonstances désamorcent l'interrogation sur au moins trois plan :

Jean Luc Mélenchon porte au sein du Front de Gauche l'option maintes fois répétées du NON, incompatibilité des projets? ETC;
Le résultat calamiteux des élections législatives qui réduisent à 10 les députés élus du Front de Gauche et parmi lesquels on ne compte encore moins de communistes ne peut guère autoriser la gourmandise ministérielle.
Les socialistes ont obtenu une majorité absolue à eux seuls, et que l'on sache n'ont formulé aucun appel aux communistes, pas plus qu'au Front de Gauche pour leur offrir quelque portefeuille ministériel que ce soit.

La direction nationale ayant convenu que "les conditions n'étaient pas réunies pour la participation au gouvernement" la question ne se posait plus ; et d'autant moins que depuis quelques années les orientations de la direction communistes poussant les feux du Front de gauche activaient en contrepoint la méfiance historique face au socialistes et à leurs manquements réguliers de l'engagement à gauche.

Le second point porte sur le bulletin de vote soumis aux communistes. Pour une réponse par oui, non ou abstention trois sujets différents sont évoqués comme autant de points de vue de la direction nationale sur différents aspects de la situation post-électorale. Trois sujets de natures différentes et suscitant chacun des analyses et un débat qui peuvent se trancher différemment, la question posée n'en est pas une.

Si vous voulez dire NON à l'entrée de ministres communistes, alors votez OUI !

Anecdotique mais révélateurs d'entourloupe, le questionnement de nombreuses fédérations sur la "difficulté" du vote peut en témoigner aussi.

En fait la consultation appelant nécessairement une réponse positive n'a d'autre justification que l'assentiment des communistes réclamé par une direction plus ou moins consciente de l'impasse dans laquelle elle a conduit le parti au fil des années, de la difficulté de plus en plus grande à faire prendre les défaites électorales pour des progrès politique de notre formation.

Le résultat est couru d'avance, le OUI va l'emporter avec une écrasante majorité et les huit ou neuf mois qui nous séparent du prochain congrès ne verront pas mener les débats nécessaires, ne serait-ce que sur les trois points de la consultation :

1. comment faire que nous soyons contributeurs de la réussite de la gauche, quel positionnement politique dans le paysage bipartite auquel la France aboutit à l'issue de ce printemps électoral ?

2. Dans quelles conditions les communistes peuvent-il envisager de prendre part active à la conduite du changement avec une participation gouvernementale ?

3. Quelle analyse doit-on faire de l'expérience du Front de Gauche dans la durée de ce rassemblement ? Quel bilan pour quelle perspective ?

Pour l'instant les positionnements des uns et des autres conduisent tout naturellement à l'éclatement de l'organisation en autant de morceaux qu'il y a d'options ; deux parties se distinguent particulièrement, celle qui cherche à reconstituer le patrimoine idéologique du parti des comunistes et celle des clientelistes qui ne jurent que par un rassemblement à l'auberge espagnole.

Contenu du bulletin de vote :


CONSULTATION DES COMMUNISTES 18 & 19 JUIN 2012
BULLETIN DE VOTE

Sur la base du rapport de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, et de sa discussion, le Conseil national
propose aux communistes trois décisions immédiates sur notre positionnement dans la nouvelle majorité
de gauche et nos initiatives d’action, sur le gouvernement et sur l’avenir du Front de gauche.

1. Nous voulons tout faire pour que les victoires remportées par la gauche, auxquelles le Front de Gauche a contribué, répondent aux espoirs qu’elles ont suscitées. Nous pensons qu’en l’état, le projet de François Hollande nécessite des inflexions majeures.
Nous allons travailler avec toutes les forces disponibles, en avançant des propositions, en construisant les rassemblements politiques, les majorités d’idées et d’action jusqu’à rendre incontournables l’adoption au Parlement et par le gouvernement des mesures nécessaires au changement.
Avec l’intervention populaire et les mobilisations sociales et citoyennes des avancées sont possibles.
Nous serons, dans le pays comme au Parlement, une force d’action et de construction positive au service
de cette intervention pour pousser le changement, pour obtenir les moyens de le réussir.
Nous décidons, en menant les campagnes nationales appropriées, d’engager la mobilisation dans la durée sur les enjeux cruciaux de la construction européenne, de la mobilisation des moyens financiers,
des salaires et de l’emploi, de la relance des services publics, de la VIe République.

2. Aujourd’hui, en raison des refus répétés de prendre en compte nos propositions, nous estimons que les conditions de notre participation au gouvernement Ayrault ne sont pas réunies. Ce qui ne préjuge pas de l’avenir, nous restons disponibles au cas où elles se créeraient.
Nous avons vocation à prendre nos responsabilités pour mettre en oeuvre dans un gouvernement des
politiques de transformation sociale pour que la gauche réussisse.
C’est dans cet esprit que nous avons construit le Front de gauche et mené ses campagnes. Nous voulons continuer à être utiles pour permettre la réussite des changements nécessaires, de même que nous ne voulons pas renoncer à notre liberté d’agir pour y parvenir.
Pour l’heure, nous ne nous reconnaissons pas dans une conception présidentialiste du gouvernement qui réduirait sa feuille de route au programme de premier tour du Président, un programme qui ne se donne pas, selon nous, les moyens du changement. Une conception qui nous paraît d’autant plus réductrice que le Président actuel a été élu grâce à une majorité beaucoup plus diverse, et notamment les 4 millions de voix du Front de gauche.

3. Les résultats des campagnes électorales du Front de gauche, la mise en mouvement popu
laire et citoyenne qui les a portées, nous invitent à poursuivre et à amplifier la démarche engagée avec le Front de gauche.
Quand nous l’avons initié, nous ne l’avons pas borné à une séquence électorale, mais à notre ambition de
modifier en profondeur les rapports de forces politiques sociaux, culturels à gauche et dans notre pays. Une dynamique prometteuse s’est enclenchée non sans paradoxes comme le montrent les résultats des élections législatives.
Cela suppose :
• D’évaluer, pour en tenir compte dans la mise en oeuvre de cette démarche, tous les enseignements
que nous pouvons tirer de ces campagnes, de leurs acquis et des limites rencontrées.
• Que la capacité d’initiatives du Parti communiste continue à se déployer pleinement au service de
cette démarche et de notre propre travail de renforcement et d’élaboration collective. Dans cet esprit
nous tiendrons notre université d’été les 31 août, 1 et 2 septembre en Savoie.
• De travailler à associer dans la durée toutes celles et ceux qui, non membres d’un des partis du Front
de gauche, souhaitent en être des acteurs à part entière. Le Front de gauche s’affirme comme une construction originale, un espace de coopération associant librement des partis et des militants associatifs, syndicaux et des citoyens. Les assemblées citoyennes, les réseaux de travail thématiques, les fronts de lutte, les ateliers législatifs sont déjà des espaces pertinents à développer.
Pour favoriser ces avancées, nous organiserons avec tous ceux qui se sont investis dans le Front de gauche
un grand rendez-vous d’été à les 25 et 26 août à Grenoble et nous lançons dès maintenant la Fête de
l’Humanité des 14, 15 et 16 septembre.

Oui           Non           Abstention









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