mardi 20 mars 2012

Ah ça ira, ça ira, ça ira !

avoir
Un Zenith auvergnat plein à craquer...
Une Bastille noire de rouge de toutes les couleurs...
Tout compte fait les sondeurs sont un tantinet pressés de rendre des résultats "corrigés des variations saisonnières" comme on disait jadis des statistiques du chômage : Mélenchon accrocherait les 11 % !


Une chose est sûre, l'essentiel de la campagne tourne autour de lui. Les autres candidats, et surtout les deux plus gros prétentieux prétendants, lui courent aux basques en égrainant leurs mesurettes pâles copies des solutions préconisées par le candidat du Front de Gauche, l'imposition des plus riches en serait bien l'exemple emblématique !

Poussez les feux du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon en est le bon chauffeur. Tel celui de la "bête humaine" il enfourne avec jubilation les idées alimentant le foyer de l'espoir à gauche, et la locomotive frémit, souffle et siffle ; elle s'est ébranlée, a pris son élan et tire chaque jour le train bien plus plein de toutes celles et ceux qui restaient jusqu'alors sur le quai. A chaque halte en gare de meeting, les mécanos sont aux burettes et au petits soins pour la belle machine.
C'est une belle campagne que celle de Jean-Luc Mélenchon, rugueuse, rageuse et rassembleuse pour qui l'écoute.


Mais au fait, quoi donc dans son discours ne serait pas coco-compatible ?
Mais au fait, y-a-t-il quelque chose au-delà du discours ?
N'approche-t-il pas dans son discours de ce que devrait être le communisme, le communiste et son engagement au présent ?
Mais au fait, y-a-t-il quelque chose au-delà du discours ?
N'y a-t-il pas du plaisir à suivre un discours qui respire l'intelligence, la culture, la conviction et le respect ?
Mais au fait, y-a-t-il quelque chose au-delà du discours ?


Après ?
Quand le rideau sera tombé sur le deuxième tour des élections législatives, quand la campagne des législatives aura fini d'accommoder les restes de celle des présidentielles, l'assistance respiratoire de l'effervescence de campagne sera débranchée et chacun devra remobiliser ses propres ressources pour vivre, redécouvrir son espace vital...


L'hypothèse d'un "Front de Gauche" devenant entité politique a été choisie depuis longtemps par les élus communistes et la direction nationale qui l'illustrent par l'affichage dans leurs assemblées.
Après avoir vérifié par la pratique l'effet destructeur des tendances dan leur parti, les communistes vont-il être réduits à le vérifier à l'échelle d'un agglomérat de circonstance hérité d'une statégie électorale ? Car, qu'on le veuille ou non, dans le Front de Gauche la conservation des identités reste toujours un problème en attente de solution aujourd'hui.
Soit une forme de fusion génère une nouvelle entité dont les parties s'indifférencient, soient l'assemblage du puzzle devra s'accommoder de l'absence de pièces manquantes et d'une différence de taille considérable entre ses différents morceaux.


Dans la première hypothèse il faudra bien que la nouvelle organisation affiche la couleur, et celle-ci ne peut pas se dessiner utilement en creux comme le rassemblement de celles et ceux qui ont quitté le parti socialiste, l'extrême gauche véhémente ou l'espoir d'un Parti Communiste utile. Elle ne peut s'articuler qu'autour du moins disant-commun qui génère habituellement la frustration, la rancune et la concurrence interne pour gagner des parts dans la composition du pâté d'alouette.


Dans la seconde hypothèse c'est le modèle destructeur du PS qui sera reproduit, comme si personne n'en connaissait les effets dévastateurs en matière de démocratie interne et d'ancrage populaire. La représentativité des courants de pensée fait toujours trébucher l'attelage à chaque échéance électorale dès lors qu'il faut passer l'épreuve des candidatures. L'accroc est du même ordre dès lors que l'adjonction d'une nouvelle pièce, plébiscitée par tous dans l'absolu pour satisfaire la cause du "rassemblement", devient l'aiguillon de la concurrence, chacun s'en faisant un atout pour réorienter l'édifice en le déstabilisant.


La troisième hypothèse, celle du rangement du "Front de Gauche" au rayon des accessoires, n'est certainement pas à l'ordre du jour de ses laudateurs béats d'admiration. Et pourtant, cette hypothèse ne le condamnerait pas à prendre la poussière ; elle lui permettrait de rester utile et disponible, à portée de l'isoloir pour faire travailler ensemble les forces qu'on disait jadis "progressistes" quand elles étaient préoccupées par les attentes et les besoins populaires plus que de leurs scores électoraux.
Cela supposerait que les partis politiques qui le composent acceptent de vivre ensemble malgré leurs différences, tout en fortifiant leur indépendance. C'est à ce prix que l'offre politique à gauche sera mobilisatrice, que les différences seraient la richesse d'une gauche capable de se rassembler opportunément tout en confrontant ses idées dans le débat démocratique. Le progrès de la gauche est à ce prix.


Si l'issue de l'aventure électorale devait sceller la première pierre d'une nouvelle entité, et sachant que cette construction emprunterait beaucoup à la démolition des structures existantes, elle ne pourrait que laisser dans les gravats les pierres angulaires des constructions anciennes désormais inutiles. Et si quelques unes sont conservées ce sera plus pour agrémenter la déco ou enfouies dans le bourrage des fondations que pour solidifier les ouvertures. Ce serait conforter la division de la gauche en trois parts au sein desquelles la dispute majoritaire pourrait s'éterniser sous l'oeil amusé de la droite s'éternisant au pouvoir.


La vision révolutionnaire ne se dessine guère dans ce paysage d'arrangements ou de règlements de comptes entre concurrents face à des adversaires épargnés.


C'est plutôt de partis en prise directe avec le peuple des citoyens, forts de structures internes démocratiques et responsables que la gauche a besoin. Cette perspective n'est pas à notre portée tant que les élus ne seront pas redevenus les produits de la vie politique en démocratie. Le processus de fabrication, tout comme l'approvisionnement en matière première ou la logistique n'est pas leur affaire, mais celle des organisations politiques qui les ont faits.

Quand les partis politiques se seront émancipés de leur fondation en amicales de supporters, alors ça ira.. ça ira ! ça ira mieux demain ! 

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