Si la bonne santé peut faire figure de normalité, force est de constater qu'elle est souvent fragile ; bactéries, virus et autres accidents de la vie se chargent de la mettre régulièrement en péril.
Depuis la nuit des temps les hommes en ont conscience et s'ingénient à déjouer tous les pièges qui mettent leur bonne vie en danger. La médecine et toutes ses disciplines s'y emploient d'arrache pied constamment. Et les progrès considérables dans ce domaine doivent être salués. L'ingéniosité et l'intelligence humaine font parfois merveille.
Mais, car il y a un mais, force est de constater que les avancées dans le combat gagnant contre les maladie est de plus en plus entravé par la loi du marché dans un monde capitaliste qui privilégie les valeurs boursières à celles de la vie humaine.
Il reste des maladies rares qui ne représentent pas pour les laboratoires des marchés suffisants, d'autres moins rares mais dont les marchés ne sont pas solvables quand elles frappent des populations trop pauvres...
Et depuis quelques années la gestion de l'offre de soins calquée sur les plus banales offres de service commerciales est calée sur des ratios de "rentabilité" qui conduisent à une réorganisation dévastatrice en terme d'emploi et d'équipement dans toutes les régions, qu'elles soient densément peuplées ou non. Fermetures de lits, de services, d'hopitaux, de maternités, cabinets médicaux...
Les citoyens peuvent constater chaque jour que leurs services médicaux s'éloignent des patients aujourd'hui considérés comme des clients.
Les médecins manquent, en particulier dans les secteurs ruraux et dans les banlieues populaires...
Un rendez-vous est pris aujourd'hui auprès d'un ophtalmologiste pour la mi septembre... dans huit mois !
L'actualité fait état de la disparition programmée des pédiatres... Dans un département comme l'Allier on en est arrivé à subventionner les étudiants en médecine qui acceptent de s'installer dans les zones rurales devenues des déserts médicaux... pour peu qu'ils s'engagent à rester 6 ans dans nos campagnes.
On assiste également à d'autres opérations séduction à l'endroit des professionnels de santé en construisant à grand renfort d'argent public des maisons de santé.
Au bout du compte n'est-on pas en train d'assister à l'agonie d'un système précipitée par l'agonie d'un autre. Le mal dont souffre notre système de santé est bien dans sa gestion capitaliste qui vise à mettre en coupe réglée toutes les ressources de la solidarité pour en transférer le marché sur l'espace privé des assurances. La victime colatérale de cette crise est bien l'exercice libéral des professions de santé.
Faire de la santé un véritable service public, tel est l'enjeu du moment, au risque d'une régression en matière de couverture sanitaire de nos populations.
Que l'Etat, les collectivités publiques et les organismes publics gestionnaires de la couverture sociale en matière de santé requalifient leurs interventions pour que la santé échappe aux appétits insatiables de profits du privé serait la première condition de l'établissement d'une République sociale.
On a aujourd'hui souvent plus d'attention pour des professionnels libéraux que pour les fonctionnaires de l'éducation nationale. La cote du fonctionnaire n'est pas fameuse !
Je ne trouve cependant pas incongru d'envisager aujourd'hui d'accompagner la transition de l'exercice libéral des professions de santé vers un exercice de statut public d'agent de l'Etat; tout comme il serait salutaire de développer la recherche scientifique publique en matière pharmaceutique adossée à des laboratoires nationalisés garantissant une production sure et économiquement supportable du médicament.
La santé n'est pas une marchandise.
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