lundi 24 janvier 2011

Concessions

La presse régionale rend compte de l'inauguration des travaux de rénovation du collège de Tronget. Près de deux millions d'euros investis au coeur du bocage par la collectivité départementale, c'est un engagement des élus départementaux qui se doit d'être souligné pour le soutien aux territoires laissés en friche par l'Etat dans sa liquidation des services publics de proximité.
Bémol sur un détail cependant...
Chacun connaît le penchant du pouvoir sarkoziste pour la réduction de l'emploi public; les manifestation de samedi 22 témoignaient de la résistance des enseignants et des parents d'élèves à la nouvelle purge prévue pour la rentrée prochaine avec la perte de 16000 emplois de fonctionnaires dans l'éducation !

Un ami chef d'établissement me disait justement dans la manifestation de Clermont samedi dernier que la rentrée prochaine se profilait dans son collège avec un effectif élève stable, mais avec deux divisions en moins et 65 heures d'enseignement supprimées (l'équivalent de trois postes) ... Un autre enseignant évoquait le fait que dans son collège du Puy de Dôme, des salles restent inoccupées tout simplement parce qu'elles sont trop petites pour accueillir les classes entières, qu'il est très compliqué de faire tourner dans les salles qui restent assez grandes ! Gageons que le projet de rénovation qui va y être engagé va faire la part belle aux grandes salles où s'entasseront trente ou trente cinq élèves dès que la peinture aura séché. Mais on vous dira bien gentiment que c'est pour le confort des élèves et la qualité de l'enseignement, blablabla !
Comment, quand les travaux de rénovation d'un collège comportent l'agrandissement des salles de sciences à 30 places, peut-on ensuite s'insurger contre les mesures de fermetures de postes qui vont faire passer les effectifs des classes à 30 en supprimant une division ?

Faut-il que la collectivité gestionnaire anticipe ou accompagne les mesures régressives de la politique gouvernementale ?
Les conseillers généraux ne sont-ils pas aussi élus municipaux et certains enseignants ?...


La droite au pouvoir doit-elle s'émouvoir de l'importance de l'emprise de la gauche sur les collectivités territoriales ? La quasi totalité des régions, une part très importante des conseil généraux et de nombreuses communes sont administrés par des élus issus des différents courants politiques de gauche.
Est-ce sans effet ni reconnaissance sur le terrain dans la conduite des affaires locales ?
Certainement pas. La gratuité des transports scolaires ici, le coup de pouce aux énergies vertes là, le choix des filières courtes pour l'approvisionnement des cantines,  la marge de manoeuvre infime bien assumée -mais que la réforme des collectivités va mettre à mal- permet d'agir local. Mais cette marge est réduite à sa plus simple expression et si les pouvoirs politiques locaux disposaient d'un véritable potentiel de résistance à la politique gouvernementale, ça se saurait ! L'exemple flagrant est bien au niveau régional quand, dirigées par la gauche les régions obéissent avec beaucoup de zèle à la volonté de mise en concurrence des territoires impulsée par le gouvernement ou quand les départements s'accommodent des délégations de compétences de l'Etat sans compensations de ressources suffisantes.
L'accompagnement gestionnaire des politiques gouvernementales par les élus de gauche est un élément non négligeable de la désaffection de l'électorat de gauche qui se laisse aller sur le versant démagogique du "tous les mêmes".
La dégradation de la situation est telle qu'on peut même imaginer aujourd'hui des enseignants fort peu hostiles à la mesure de fermeture de poste qui va toucher leur école quand cette mesure déplorable pour les enfants et leurs conditions d'éducation va laisser entrevoir à l'enseignant une opportunité de trouver un poste plus proche de son domicile avec une petite bonification au barème des mutations.
C'est le même ressort qui remplissait de joie et du grand bonheur de partir en retraite anticipée les employés statutaires de la Poste, de France Télécom ou d'ailleurs, aussitôt remplacés en bien moins grand nombre par des contractuels moins coûteux et bien plus dociles...


De telles conditions peuvent-elles éveiller les consciences revendicatives et être mobilisatrices pour l'action ?

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