dimanche 2 janvier 2011

Perspective présidentielle

Depuis de nombreux mois, l'ombre de l'élection présidentielle de 2012 obscurcit l'horizon politique des échéances qui la précèdent. Depuis que la dimension médiatique de la politique a largement supplanté sa logique  programmatique, accompagnant la personnalisation des enjeux exacerbée par le mode de scrutin présidentiel, la question de la candidature est omniprésente. Elle range tout au rayon des accessoires et laisse à croire que le produit politique sur le marché présidentiel est réduit à la bonne mine de son emballage. Surtout ne cherchez pas à déchiffrer la composition du produit ni ses recommandations d'usage... encore moins sa date limite d'utilisation optimale ! Qu'il s'agisse de Miss France ou du président de la république, nous en voilà rendu au même modèle : la présélection des primaires devrait rendre une poignée de finalistes qualifiables assez proche du côté du teint et des mensurations. Après le choix final sera bien ancré dans l'opinion par une bonne campagne médiatique avant que le peuple d'en bas soit appelé à le confirmer et que le pays tout entier ne crie au triomphe de la démocratie.


Prochaine perspective, l'application IPhone qui évitera les longs déplacements au bureau de vote...
Appelez le "36 15 Oulala Gloup" (numéro surtaxé au même taux que la participation aux primaires socialistes... eh oui la démocratie a un prix !), pour Nico tapez 1, pour Domi, tapez 2... pour Lionel c'est trop tard.



Au cas où cette perspective enthousiasmante n'enchanterait pas vos papilles progressistes, commencez par taper du poing sur la table, et n'hésitez pas à renverser l'étal du marché, crevettes roses d'élevage un peu trop pâles, ou bleu de Hongrie passé de date ne sauraient que vous indisposer gravement.


Sortons du catch pour revenir à la boxe française, dans la loyauté d'un combat politique ouvert et bien arbitré par le peuple des citoyens.
Pourquoi dans cette perspective ne pas avoir de candidat communiste ?
Brigitte Dionnet, dans un article de l'Huma du 31 décembre posait la question autrement, pourquoi avoir peur de présenter un candidat non communiste ?
Toutes les questions sont bonnes à poser, encore faudrait-il argumenter autrement la réponse que dans la sécheresse d'un "pourquoi pas ?"
Pour aider à la réflexion voici l'état des performances du PCF à l'élection présidentielle depuis ses origines :






Un candidat... En avoir ou pas, telle est la question!
L'examen des scrutins passés ne fournit guère d'hypothèses de règles. Le soutien apporté au candidat Mitterrand  en 1969 et en 1974, dans des conditions bien différentes a aussi été suivi de performances bien différentes des candidats communistes. Jacques Duclos avait réalisé le plus haut score jamais atteint avec plus d'un électeur sur 5 alors que Georges Marchais pointait 6% en dessous en perdant plus de 400000 voix en 1974 après la signature du Programme Commun. Et depuis la chute n'a fait que s'accélérer jusqu'au score calamiteux de Marie-George BUFFET en 2007.
Alors, sauf à rester en dehors du débat présidentiel, quatre possibilités sont offertes :

  1. un candidat communiste pour le PCF
  2. un candidat communiste dans un rassemblement où le PCF est partie prenante
  3. un soutien à un candidat extérieur au parti dans un rassemblement où le PCF est partie prenante (Front de Gauche par exemple).
  4. un soutien au candidat d'une autre formation comme en 69 ou 74 (PS en l'occurrence).
Il est assez probable que la solution 1 soit écartée du choix en référence à la faiblesse du score de 2007.
Il est assez probable que la solution 4 soit écartée au motif que le Parti Socialiste, fort de sa grande diversité, a une tendance à pencher plus au centre qu'à gauche (cf. positions de Strass Kahn, Royal, Valls... sur le système des retraites, les 35 h., etc)
Le débat se réduirait donc entre les positions 2 et 3, avec pour l'option 3, la candidature Mélenchon évoquée il y a fort longtemps à la direction du PCF et pour l'option 2, la candidature d'André CHASSAIGNE. Cette dernière telle qu'il l'a lui-même avancée ne serait pas une candidature du PCF, mais du Front de Gauche. Elle avait été précipitée avec la sortie du Livre d'André à la fête de l'Huma comme un contre-feu à la prise d'ampleur de la candidature de MELENCHON.
L'expérience des collectifs anti-libéraux avait été un peu doujoureuse et ruineuse en terme de dynamique pour la candidature de Marie-George BUFFET décidée en fin de compte.
Gardons nous de ne pas reproduire le même schéma.
Au point d'audience où nous en sommes toute reculade, après les quelques départs médiatisés des mois derniers ne pourrait qu'accélérer le processus de perte. 
Si le Front de Gauche est effectivement autre chose qu'un dispositif électoral, il est urgent de définir clairement le positionneùment du PCF dans le Front de Gauche et dans son rapport aux autres partenaires (détermination des orientations et prise de décision dans le Front de Gauche et proportion des composantes, financement de l'action politique et des campagnes électorales...).
Si le Front de Gauche se présente comme un cadre fédérateur dominant ses différentes composantes dans les proportions très inégales qui sont observées aujourd'hui, il est assez probable que le PCF devra faire face à des courants soucieux de préserver l'identité et les orientation de leur parti face à des concessions vécues comme autant d'abandons pour établir une base consensuelle avec nos partenaires.
Depuis quelques décennies le modèle qui réussit passe effectivement par une phase d'agglomération (cf. La Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), créée sous l' impulsion de François Mitterrand en décembre 1965...) pour mettre entre les mains du présidentiable un parti unifié.
Le Parti socialiste d'aujourd'hui est bien sorti d'une longue métamorphose loin de la SFIO qui avait conduit ce courant politique aux très bas scores de Defferre ou Rocard en 69.
déconstruction que nous connaissons actuellement, bien repérer les bases solides sur lesquelles la construction peut se fonder et se préserver aussi du repli sur soi qui condamnerait à l'extinction.
Si le Front de Gauche n'est pas la panacée, pas le meilleur moyen de s'en sortir pour être utile au pays, c'est peut-être le moins mauvais. N'en gaspillons pas les avantages, les défauts n'attendront pas qu'on les convoque pour former leurs obstacles.
Quant au candidat communiste des élections présidentielles de 2012... sachons d'abord ce qu'on souhaite en faire. S'agit-il simplement d'avoir des affiches siglées PCF à coller, auquel cas n'importe quelle bonne bouille fera bien l'affaire; sinon si l'élection présidentielle n'est qu'une étape préparant l'échéance parlementaire qui suit, le candidat, ou la candidate, va devoir être porté par un programme politique lisible et cohérent, sans coloration racoleuse.
C'est donc bien de cette construction programmatique dont nous avons un besoin urgent.

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