samedi 9 février 2013

Un train de réformes peut en cacher un autre

Et si la réforme des rythmes scolaires n'avait d'autre ambition que d'être le catalyseur d'une autre transformation beaucoup plus profonde et dévastatrice...
En focalisant la problématique de la reforme des rythmes scolaires sur la difficulté des communes, et en particulier des plus petites communes rurales, face à l'exigence qui leur est faite d'assurer l'organisation et l'encadrement d'activités à la fois péri scolaires et péri éducatives, le débat est déplacé très adroitement sur le volet "gestionnaire" de la réforme.
Bien peu s'interrogent sur une municipalisation de l'école primaire et sur l'effondrement du modèle égalitaire de l'école publique. Depuis des années de nombreuses études syndicales ont montré à quel point les élèves de France étaient scolarisés en primaire dans des conditions différentes selon que la collectivité en charge de l'école y consacre deux ou dix fois plus de moyens que sa voisine. Mais désormais c'est dans une dimension pro-active que les réformes font entrer les collectivités. Et les plus grandes disposant de service éducatif et de moyens affectés à l'enfance (crèches, garderies, accueil de loisir...) ne réfléchissent qu'à une forme d'adaptation , mêlant créations nouvelles, recrutement, réaffectation et réorganisation. Pour la grande majorité des autres, c'est la prise de tête pour imaginer des solutions économiquement supportables en combinant une mobilisation de ressources le plus souvent très aléatoires. C'est le grand foutoir qui s'organise !
Sortir de cette galère dans l'urgence risque fort d'inspirer une nouvelle dévolution de "compétence" comme ils disent... Et si c'était à l'échelle des communautés de communes ou d'agglomération que la patate chaude était passée... Nous n'en serions qu'à une nouvelle étape du détricotage de la République, avec un nouvel abandon de responsabilité de l'Etat, d'autant plus facile au demeurant que l'objectif final doit faire consensus.
Jadis la vision républicaine de l'école en faisait un des ciments de la République, chaque enfant de quelque territoire qu'il soit devant également étudier sous la conduite de fonctionnaires d'un Corps d'Etat . Désormais d'ici ou là les enfants de France vont pouvoir goûter au bonheur de profiter des talents aussi particuliers que remarquables d'intervenants dont la collectivité locale supportera la charge.
Disciplines déclarées secondaires ou accessoires dans un premier temps, le reste après, les enfants de France vont-ils devoir se satisfaire de l'enseignement de moniteurs municipaux de sport, de musique ou d'arts plastiques, avant de consentir à la grammaire bretonnante ou au calcul alsacien.
Une armée de métier, une éducation en lambeaux, des prisons privées, des hôpitaux asphyxiés...
Dis papa, c'est quoi la République ?
Tais-toi et abstiens-toi ! Mais n'oublie pas de passer à la semaine scolaire de 4 jours et demi, les enfants en ont besoin. Après pour le reste on verra.

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