mercredi 6 février 2013

Ici ou là

Extrait de l'étude du Professeur Jean-Paul DIRY produit en 2011 dans le débat sur la refonte de la carte des intercommunalités :
"...
2 – En revanche, toujours dans une optique territoriale, on doit sérieusement s’interroger sur la pertinence de deux communautés de communes :

a – La communauté dite du « Bocage sud » est soumise à des forces centrifuges considérables, en raison des carences tertiaires d’un « centre » de dimension modeste, éclaté de surcroît entre les deux localités du Montet (500 habitants) et de Tronget (950 habitants) qui ne parviennent pas à s’imposer sans contestation possible dans aucune commune. Il en résulte que les petites villes ou bourgs-centres extérieurs contrôlent de fait la majeure partie de l’espace communautaire :

• Bourbon-l’Archambault au nord (Gipcy, Saint-Hilaire, Meillers, voire Noyant et Chatillon) ;
• Saint-Pourçain-sur-Sioule au sud (Treban, Meillard, Châtel-de-Neuvre) ;
• Montmarault au sud-ouest (Deux-Chaises, Saint-Sornin) ;
• Moulins à l’est (Cressanges, éventuellement Noyant et Chatillon).
Restent Tronget et Le Montet que l’INSEE considère comme des « relais » rattachés à la zone d’influence directe de Moulins, mais qui, éloignées de la préfecture, sont nettement plus proches de Montmarault.
..."

Le Conseil Général pouvait effectivement avoir besoin du concours de cette expertise pour ouvrir le débat public. Mais l'expérience de la vie locale et l'observation des comportements aident aussi à l'appréhension des situations et à la réflexion sur les perspectives à tracer.
J'avais repéré les éléments d diagnostic de cette analyse depuis longtemps quand une gestion frileuse et sous influence conduisait la commune de Tronget à choisir des options qui allaient durablement entraver son développement et engager une récession contagieuse sur l'ensemble du secteur. A l'époque l'offre d'installation d'une moyenne surface commerciale susceptible de combler la zone blanche encadrée par Montmarault, Cosne, Bourbon, Souvigny et Saint-Pourçain, avait été repoussée pour lui préférer le déménagement à surface équivalente du "Petit Casino" dans un bâtiment communal construit après la démolition du Marche Couvert. Cette solution bénéfique au confort d'exploitation du commerçant n'apportait rien pour établir un pôle de chalandise dynamisant pour l'ensemble des activités. Depuis, régulièrement, le commerce en question manifeste des besoin d'extension... 
Pour les élus locaux, l'étude universitaire de Jean-Paul DIRY n'aurait pas dû être nécessaire pour mesurer les effets de leurs choix quand ils croisent leurs caddies dans les supermarchés des cinq pôles voisins où ils ont toujours leurs habitudes.
De la même façon concernant le périmètre des intercommunalités défini au début des années 2000, la réalisation d'une entité "bocage bourbonnais" multipolaire a été entravée par la logique de fief dont beaucoup d'élus sont gourmands. Il ne fallait qu'un peu de bon sens pour suivre la logique des bassins de vie et laisser le sud est du canton du Montet avec Saint-Pourçain. Le cas de Deux-Chaises pouvait s'arbitrer avec Montmarault. Ne restait plus qu'à bâtir un projet fédérateur sur le bi-pôle Bourbon -Le Montet. Cet espace vaste par nécessité pour réunir un potentiel démographique suffisant justifiait aisément le dipole pour beaucoup de services, éducation, santé... Un tel projet aurait en outre eu le mérite de sortir les élus des coquilles cantonales clientélistes.
Rien de tout ça ne s'est fait, mais qu'importe ; les mêmes qui l'ont empêché ne manqueront pas de proposer des solutions pour demain qui ressemblent à celles d'hier.
D'autres hypothèses auraient pu être soumises à la réflexion. Tout comme la zone de contact des pôles Vichy et Moulins permet le développement à l'intersection du pôle Saint-Pourçain - Varennes, la zone de contact Moulins Montluçon aurait pu se structurer sur l'axe RCEA dans un périmètre englobant la moitié ouest du canton du Montet avec Cosne, Villefranche et Montmarault. Ce périmètre dispose d'atouts complémentaires en matière d'équipements, d'activité et de services mais sur une répartition périphérique. Une telle configuration supposant des focus locaux, santé sur Le Montet-Tronget, logistique à Montmarault, agroalimentaire à Villefranche et industrie à Cosne aurait eu le mérite d'être innovant sur un autre modèle multipolaire... tout en "peuplant" le désert intérieur de La Madeleine aux Côtes de Chatelard.
Quelles que soient les hypothèses de travail, le développement des territoires d'une "nouvelle ruralité" ne se définiront pas dans une logique d'entrepôt, mais bien d'activité valorisant d'abord les ressources existantes avant d'envisager les implantations "hors-sol" si prisées aujourd'hui quand elles parsèment les jachères agricoles et sociales.

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