samedi 28 mai 2011

La Sécheresse au coeur

André Chassaigne, député communiste du Puy de Dôme, est intervenu à l'Assemblée nationale pour évoquer les difficultés de l'agriculture confrontée à la sécheresse et plus largement à l'ensemble des calamités agricoles.
La réponse de la ministre de l'écologie en l'absence du ministre de l'agriculture éclaire les choix gouvernementaux soutenus par les organisations professionnelles à sa solde, FNSEA en tête.
La sécheresse est d'abord un aléas climatique ; au même titre qu'un excès d'humidité elle remet en cause la marche normale des exploitations agricoles, quelle qu'en soit la production. Certaines sont plus touchées, mais toutes sont impactées.
Mais la sécheresse fonctionne aussi comme le formidable révélateur de la crise agricole ; elle démultiplie les effet de la crise qui depuis des années frappe l'agriculture paysanne. Dans le même temps elle pousse les feux d'une réorientation vers l'agroindustrie de production qui fait suite à l'industrialisation des activités intermédiaires de transformation et de distribution du secteur agroalimentaire.




Si on trouve de la salade en sachet sour atmosphère protectrice, ce n'est pas le besoin de l'alimentation humaine qui l'exige, mais bien plus l'exigence de profit capitaliste qui va faire payer dix fois au consommateur le prix de vente étriqué du producteur.
L'extrême fragilité de l'agriculture paysanne engendrée par ces processus la met en péril dès le premier caprice climatique ou sanitaire.
Dans sa question comme dans la réponse de la ministre, André Chassaigne évoque l'assurance récolte.
Cette calamité financière nuit gravement à l'agriculture. Elle est la créature du capital, elle aussi. dire que les producteurs de "grandes cultures" et les viticulteurs (pour une part)  en sont les promoteurs suffit à en expliquer l'existence et à en prouver l'inefficacité pour la protection paysanne.
La logique du tout assurance, les doigt du pianiste ou les cordes vocales du ténor... et pourquoi pas le Quotient Intellectuel du futur rejeton présidentiel ! Cette frénésie précautionneuse nie la reconnaissance du risque inhérent à toute activité naturelle ou humaine.
Cette démarche relève de la logique du casino et de toutes les loteries, celle de la mutualisation de l'apport et de l'accaparement du gain. Elle n'a rien à voir avec la démarche intelligente de protection collective contre les risques qui fait appel à une couverture solidaire de la nation. La démarche "assurance récolte" est du même tonneau que celle qui pousse les producteurs à spéculer sur leur propre production en boursicotant leur récoltes futures.
Il faut être bien bête pour constater aujourd'hui que l'assurance récolte n'est souscrite que par une part infime de producteurs ! Si une part infime n'y souscrit pas par conviction, beaucoup n'y recourent pas faute de moyens. Mais le doigt mis dans cet engrenage encourage une accentuation du désengagement de l'Etat ; service du capital oblige, le subventionnement par l'Etat de l'assurance agricole est d'abord un apport de capital à l'assureur avant d'être un soutien à l'assuré !
Les solutions axées sur les reports d'échéances sociamles ou bancaires ou l'obtention de prêts relais à court terme sont autant d'insultes à la réalité des situations qui peuvent être observées dans les campagnes touchées par les calamités agricoles. Aujourd'hui l'urgence du soutien est vitale ; mais la transformation radicale des politiques agricoles pour garantir l'existence d'une agriculture respectueuse des hommes et des espaces naturels est tout aussi urgente à mettre en chantier.
C'est bien d'une refonte en profondeur des politiques agricoles nationales et européennes dont notre pays et nos populations ont besoin, plus qu'une réforme, une véritable révolution qui remette la finance et les financiers au service de l'activité des hommes, de professionnels de l'agriculture comme de tous les autres.
C'est bien une dimension révolutionnaire du changement qui s'impose puisqu'il s'agit, ni plus , ni moins de faire des maîtres d'aujourd'hui les valets de demain et des valets d'aujourd'hui les maîtres de demain.


Et dans l'instant, si on se souvient des mesures d'exception de la libération en 45 avec les nationalisations, ne peut-on pas oser aujourd'hui quelques réquisitions plutôt que de négocier des prix qui vont sauver les gros et euthanasier les petits.
Et dans l'instant, si on se souvient des mesures d'exception du sauvetage des banques à grand renfort de milliards d'argent public, ne peut-on pas oser une action de l'Etat pour sauver le soldat Bounhoume ?

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