samedi 26 juin 2010

Plus belle la (vraie) vie

Walter, retour en Résistance.
Après la projection, le silence...
Le même que celui des lycéens au sortir du bâtiment des fours crématoires de Dachau...
Ce n'est pas le silence de l'incrédulité, mais celui de la conscience partagée.
Les mots ne viennent pas pour dire la chose, cette extrème perception de la vanité du pouvoir face à la conscience humaniste du Résistant.
Walter était absent, mais Robert était là, et ce silence était pour eux l'hommage grave et tant mérité.
Sans être à son comble, la salle était comblée dans une forme de communion de gestes et d'esprit qui fait les moments d'exception. 
Le sens commun prétend parfois que les absents ont toujours tort. Pas nécessairement, les "malgré nous", celles et ceux qui consentent parfois leur présence pourvu qu'on la remarque, n'avaient pas leur place ici ; les fâcheux non plus qui mégottent leur participation dès lors qu'elle risquerait de plaire à ceux qui leur déplaisent. Parce que c'est là aussi la grande leçon d'espoir du film de Gilles Perret et de la vie d'engagement de Walter qu'il met en scène : il n'est pas besoin d'être nombre et masse pour avoir raison; les causes justes de l'humanité ont plus à gagner d'une minorité consciente et active, responsable et déterminée sans concession sur son engagement que d'une troupe bêlante de supporters.
Stéphane HESSEL nous rappelle dans le film que la France de 1939-1945 n'était pas massivement Résistante. Maintenant que nous sommes loin du temps et que les acteurs directs ont pour beaucoup disparu, les résistants de la 25ème heure -ceux que Marc appelle les "naphtalinards"- peuvent se découvrir le roman d'une histoire glorieuse. Le sens du film de Gilles PERRET et du combat des Résistants qu'il met en scène est loin de cette instrumentalisation de l'histoire aux profit des hommes, supposés acteurs d'hier ou spectateurs d'aujourd'hui supposés héritiers.
Qu'ils soient candidat ou président, député ou président de l'assemblée nationale, les figures du pouvoir n'y sont pas punies, mais montrées dans la vérité de leur insuffisance de leur irrespect.
Gilles Perret ne se cache pas derrière son petit doigt, son oeuvre de documentariste obéit à toutes les exigences du genre, la sincérité de l'engagement en plus.
Ce film respire la vie, la confiance et l'espoir dans les yeux, le souffle et les mots d'hommes et de femmes dont l'expérience difficile n'a pas ridé l'esprit.
Pas d'image alibi, ni de faux fuyants, la génération d'émotion qui tient plus ici de la construction intellectuelle que de l'esthétique renvoie à la vérité de l'expérience. Pour qui a pu cotoyer, accompagner dans son oeuvre et travailler avec Robert Fallut, camarade de Walter Bassan arrêté le même jour et détenu dans le même camp, Gilles Perret a merveilleusement bien rendu l'image de la grandeur de leur engagement : naturellement simple, sincère et respectueux, juste et vrai.
Merci Walter, John, Stéphane, Constant de là-bas, merci Robert  d'ici, et bravo à Gilles pour cette grande leçon d'humanité.
Merci aussi bien sûr à celles et ceux, jeunes ou moins jeunes qui sont venus partager ce soir ce grand moment de bonheur. La richesse des échanges prolongés tard en est un signe.

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