mercredi 23 juin 2010

Ballon rouge

La prestation calamiteuse des bleus en Afrique du sud peut faire échos à quelques unes de nos soirées électorales, suivies de nuits agitées et de réveils en gueule de bois... Pas plus l'encadrement que le déroulement  du jeu, individuel ou collectif, tous les secteurs ont failli !
Pierre Laurent saura-t-il être le "Laurent Blanc" de nos espoirs de futures victoires ?
L'économie d'analyse dont a fait preuve le 35ème congrès et l'affirmation A priori de "la poursuite de l'aventure" du Front de gauche peuvent inquiéter quant à la nécessaire reconquête et à l'éveil des consciences politiques des citoyens de ce pays en but aux affres du sarkozisme.

Comment peut-on imaginer regagner à notre cause les militants perdus si nous ne cherchons pas à comprendre leur départ. Quoi qu'on en dise l'hémorragie est considérable, notre organisation ayant grosso-modo perdu plus de la moitié de ses adhérents; pire encore, la proportion des cotisants parmi les adhérents ne cesse de décliner, entretenant l'illusion de la masse avec des "adhérents gratuits" dont on peut s'inquiéter de l'engagement politique et des convictions ? C'est peut-être dépassé, au même titre que l'organisation en "parti" que certains contestent, mais je considère encore que l'engagement financier par le biais de la cotisation reste le geste fondateur de l'adhésion.
Comment peut-on imaginer regagner à notre cause des militants nouveaux si nous n'affichons pas des contenus idéologiques clairs dont les expressions sont lisibles là où nos élus sont en responsabilité ? 


La crise est là; elle traverse toutes les sociétés et les met à mal de différentes façon en fonction de la conduite de leurs affaires publiques (leur gouvernance diraient les "modernes"). Elle impacte les citoyens et leurs organisations, de ce fait notre parti en souffre aussi  et peut-être plus durement qu'on l'imagine. En effet certains de nos militants titulaires de mandats d'élus doivent dans leurs actes de gestion mettre en oeuvre des choix qui ne sont pas nécessairement en cohérence avec les orientations de leur parti et ceci sans que l'organisation dispose des moyens suffisants pour gagner l'opinion sur des thèses construites en opposition (champ des services publics, des transports, de l'énergie, de l'éducation...).


Les débats du congrès n'ont rien éclaircis dans ce domaine, sauf en posant les perspectives de lutte en opposition dans la logique du "battre la droite". L'opposition ne fait pas nécessairement position. Et le slogan du congrès qui appelle à la transformation maintenant de la vie, du monde, de la gauche et du parti communiste est bien large et générique.
Nous ne sommes pas dans une vie, un monde, une gauche et un parti communiste pétrifiés immobiles.
La vie se transforme à grande vitesse pour notre jeunesse en passe de vivre moins bien que la génération précédente, elle troque quelques avancées pour l'individualisme et la précarité qui va bien avec. le développement des peuples est accaparé par l'appétit capitaliste de petites castes dirigeantes et des grands rapaces de la mondialisation. Le monde se perd dans des guerres sans fin dont les peuples victimes ont parfois perdu le fil des causes. Les Talibans résistants d'hier contre les sociétiques sont vite devenus terroristes face aux armées occidentales qui vont protéger les intérêts des amateurs de lithium du sous-sol afghan... Et la burka dans tout ça ?
La gauche aussi a bigrement changé avec des frontières poreuses de diablement floues du côté du centre, avec des transfuges (traîtres diraient certains) qui usent jusqu'à la corde la doublure de leur veste (Kouchner, Strass-Kahn, Besson...).
Le parti communiste a aussi bien changé, sans nécessairement changer en bien si on en croit l'évolution de son attractivité. Le fait que depuis des années l'accent soit mis sur le bénéfice de l'ouverture, sur le bonus accordé à celles et ceux qui restent en marge de l'organisation... a tout naturellement conduit à l'élargissement de l'écart des élus et du parti. Les candidats sont plus souvent soutenus que présentés par le parti. De ce fait, l'ordre en est renversé et c'est l'organisation qui s'assujettit à l'individu. Le candidat élu soutenu ne se sent pas nécessairement obligé vis à vis de l'organisation sur le plan matériel. Les expériences des collectifs antilibéraux avec les dernières présidentielles, et sur un modèle voisin le front de gauche aujourd'hui, conduisent à mettre au second plan le parti et ses exigences. Les échéances électorales dictant la vie du parti, les arrangements politiciens de circonstance font office de ligne politique et chahutent l'organisation (voir les prochaines échéances avec l'alliance du PS et la volonté de faire vivre le front de gauche à faire cohabiter).


Pour proposer un schéma transformateur au travers du projet communiste, l'urgent est bien dans la réalisation de l'état des lieux dont les éléments confrontés aux objectifs de transformations détermineront les grands axes de l'action politique des communistes.
C'est à ce point crucial que le carrefour est ouvert qui laisse partir d'anciens communistes sur une voie divergente. L'éloge de la diversité comme cache-misère de la dé-composition de l'organisation ne résistera pas à l'épreuve du temps. Il est heureux et bien souvent utile que des avis divergents se frottent pour aiguiser leur pertinence; mais on ne conduira jamais dans la même direction sans regarder dans le même sens. Et la responsabilité des organisations politiques et de ceux qui les dirigent est bien de proposer des buts communs pour mobiliser leurs partisans et plus largement des forces nouvelles.


Changer ? bien sûr, mais en sachant pourquoi et pour quoi faire !

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