vendredi 18 juin 2010

du 27 mai au 18 juin...







Le 18 juin, l'armada des moyens médiatiques débarque dans les foyers de France. 
Le rôle de De Gaulle et de son appel à la résistance est indéniable, encore faut-il le lire et en mesurer les limites et la portée. La libération de l'enfer qu'imposa la barbarie nazie à notre pays doit à De Gaulle, mais pas qu'à lui ! Le 18 juin 40, il n'est pas question de résistance intérieure et populaire, pas question de l'insurrection d'un peuple qui ne se résigne pas à la soumission. La diversité des courants qui vont porter la Résistance, la création du Conseil National de la Résistance et les 9 mois de travail qui conduiront à la publication de son programme porte au moins autant, sinon bien plus, le sens et les valeurs de la Résistance. C'est là qu'est le creuzet de la libération et la restauration d'une france républicaine et indépendante gagnant sa place dans le camp des vainqueurs.





La libération et la restauration de la République dans un Etat français indépendant doit à De Gaulle tout comme à la multitude de celles et ceux qui avaient développé l'esprit et l'action de la résistance populaire intérieure. L'un et les autres ont bien été contraints d'agir ensemble, y compris pour défier les perspectives impérialistes des alliés prêts à s'accaparer la France en butin de leur victoire (voir le projet de l'AMGOT et l'édition du dollar pour la France...)

Longtemps après, la volonté du pouvoir de laisser le 27 mai et le CNR dans l'ombre du 18 juin et de l'appel de de Gaulle ne fait que renforcer ses ambitions réactionnaires au service des casseurs des idéaux progressistes de la Résistance. La réponse du secrétaire d'Etat à la question écrite d'un député est éclairante sur ce sujet.



à propos de la revendication de l'ANACR pour faire du 27 mai une journée nationale d'hommage à la mémoire de la Résistance, le député Jean Mallot obtient du gouvernement une réponse en fin de non recevoir...

 

Question N° : 55832      de  M.   Mallot Jean ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche - Allier )


Texte de la QUESTION :     M. Jean Mallot attire l'attention de M. le secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants sur la création d'une journée nationale de la résistance le 27 mai. Cette demande émane des associations d'anciens combattants, des associations issues de la résistance et de municipalités qui, de plus en plus nombreuses, commémorent cette journée historique. Cette journée ne serait ni fériée ni chômée. L'éducation nationale pourrait demander aux enseignants de consacrer une heure d'éducation civique à la commémoration de cet évènement et à sa portée historique. C'est pourquoi il soutient cette démarche et lui demande quelle réponse le Gouvernement entend donner à cette proposition qui recueille de plus en plus l'adhésion de la population.

 

Texte de la REPONSE :     





L'exemple de courage et de civisme qu'ont incarné au cours de la Seconde Guerre mondiale le général de Gaulle et tous ceux qui ont résisté, est un élément fondateur de la mémoire nationale. Il est impératif que le message légué par ces hommes et ces femmes soit conservé et transmis aux plus jeunes générations. Il en va là des valeurs républicaines. C'est dans cet esprit que le Gouvernement continue d'agir en faveur de la mémoire résistante, à la fois par son soutien aux institutions qui la font vivre - Fondation de la Résistance, Fondation de la France libre, Fondation de la mémoire de la déportation, Fondation pour la mémoire de la Shoah, Fondation Charles de Gaulle -, par son implication dans des projets menés en direction des jeunes et par son soutien à des projets mémoriels d'envergure. L'année 2008 a ainsi vu la double inauguration de l'Historial Charles de Gaulle aux Invalides et du Mémorial Charles de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises. Tous deux particulièrement axés sur l'histoire de la Résistance, ils font une large place à l'action du Conseil national de la Résistance (CNR). Dans ce contexte, le décret n° 2006-313 du 10 mars 2006 qui a institué le 18-Juin en « Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi » doit être bien interprété. Par son intitulé, il rassemble sous la bannière d'une date célèbre pour le grand public l'ensemble des résistants français, c'est-à-dire tous ceux qui ont refusé la défaite et continué à se battre, que cela soit dans les Forces françaises libres, à la tête d'un journal clandestin, sur les bancs de l'Assemblée consultative provisoire d'Alger ou dans un maquis. C'est pourquoi l'instauration d'une autre journée nationale consacrée à la Résistance conçue comme la seule Résistance intérieure risquerait d'être incompréhensible aux yeux de la plupart des Français, pour qui le 18-Juin incarne justement la Résistance de façon globale. Alors que s'ouvre le cycle commémoratif du 70e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale, où la journée du 18 juin 2010 constituera un moment fort, la création d'une autre journée de référence altèrerait la portée de l'événement. Par ailleurs, si l'histoire de la France durant la Seconde Guerre mondiale est compliquée et marquée par des divisions, le rôle de la mémoire est au contraire de rassembler les Français autour de leur passé, aussi complexe soit-il. Il est donc nécessaire de ne pas encourager la multiplication des journées d'hommage mise en lumière par la commission pour la modernisation des commémorations nationales, présidée par l'historien André Kaspi. Tandis que six commémorations nationales ont été créées entre 1880 et 2001, six autres l'ont été en seulement cinq ans, de 2001 à 2006. Pour favoriser la lisibilité de la mémoire nationale par le plus grand nombre, il est important d'éviter la création de nouvelles journées commémoratives, d'autant qu'en dehors de celle du 18-Juin, il en existe trois autres qui peuvent être l'occasion de célébrer l'idéal démocratique et humaniste de la Résistance : la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, la commémoration de la victoire de 1945 et, surtout, la cérémonie en hommage à Jean Moulin qui se déroule chaque 17 juin au Panthéon. Les discours prononcés lors de cette dernière manifestation ne manquent jamais de célébrer le rôle du CNR.    


Ma lecture de la réponse du secrétaire d'Etat
Une collection de prétextes fallacieux






De Gaulle comme référence unique et universelle

La réponse du secrétaire d'Etat au député Jean Mallot fait sept fois référence au Général de Gaulle et au 18 juin, pour ne citer qu'une fois la Résistance intérieure.
Cette réduction au personnage de de Gaulle confine à l'accaparement du phénomène Résistance au seul profit d'une option partielle et partiale du processus de la Résistance.
Il ne viendrait à l'esprit de personne, du simple observateur à l'historien, de contester la part prise par de Gaulle dans la reconquête de la république dans la guerre face à la barbarie nazie et à la collaboration zélée des pétainistes.
Mais si de Gaulle a pu confier à Jean Moulin la charge de l'unification des mouvements de Résistance, encore fallait-il qu'ils existent… et que de Gaulle ait pris conscience, à partir de 1942 qu'il lui était nécessaire de les associer à sa démarche dans un temps où les alliés britanniques et américains n'y portaient guère d'attention, intéressés par la récupération des restes de l'Empire colonial français et préoccupés de la part que les soviétiques allaient prendre à la reconquête de l'Europe.
Cette mise à l'ombre de la Résistance intérieure confine à la manipulation. Elle n'est pas l'œuvre de de Gaulle, ni l'effet direct de son appel du 18 juin qui ne fait aucune référence à un possible soulèvement national contre l'occupant et la collaboration pétainiste.
« Alors que s'ouvre le cycle commémoratif du 70e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale, où la journée du 18 juin 2010 constituera un moment fort, la création d'une autre journée de référence altèrerait la portée de l'événement »
C'est une vision bien totalitaire que celle-ci qui considère que célébrer l'action des humbles et des sans-grades écorne le prestige du seul chef à faire institutionnellement reconnaître dans l'histoire officielle.


Unité contre divisions





    « l'histoire de la France durant la Seconde Guerre mondiale est compliquée et marquée par des divisions, le rôle de la mémoire est au contraire de rassembler les Français autour de leur passé »
    Nous pouvons relever ici une manipulation des faits qui rend la confusion grave de sens. La division des français pendant la seconde guerre mondiale relève certes de la complexité, mais la division la plus évidente est bien celle qui sépare le camp des collaborationnistes de celui des résistants. La diversité des mouvements de résistance est bien facile à comprendre puisqu'ils naissent des ressources humaines et organisationnelles diverses en fonction des lieux et des forces en présence. Cette diversité s'est résolue dans la résistance unifiée qui a effectivement contribué à la victoire de la libération et à la restauration de l'Etat républicain. Si le symbole de l'unité peut être porté haut, c'est bien par le CNR ; sa composition en témoigne ! (*) Ne serait-ce pas cette unité et sa production programmatique qui dérangerait aujourd'hui ?

    Trop de commémorations tueraient la mémoire …





      C'est le sens général des conclusions de la commission Kaspi qui aurait voulu confondre dans la même urne les cendres de la mémoire nationale. La confusion engendrée par une telle perspective n'a d'autre objet que de gommer les ressorts particuliers des engagements citoyens et patriotes des différents moments forts de notre histoire (et qui ne sont pas exclusivement issus des conflits militaires). La mémoire collective n'est pas une accommodation de souvenirs accumulés mais bien l'identification différenciée des moments de l'histoire comme autant de traits d'union dans la mise en scène du présent entre le passé et l'avenir.


      Déportation, victoire, hommage à Jean Moulin, déjà beaucoup de journées nationales de commémoration…





        La Résistance ne peut évidemment qu'être présente à l'esprit lors de telles commémorations ; mais aucune d'entres elles ne s'y réduit.
        La déportation avec son système concentrationnaire, c'est la répression des velléités de résistance dans la population ; mais c'est aussi la violence et la discrimination « raciale », religieuse, politique ou sociale, la mise en œuvre la " solution finale de la question juive en Europe ", la perte programmée des Tsiganes, des témoins de Jéhovah, des communistes ou des homosexuels…
        La victoire, la libération, la recouvrance de l'Etat républicain doivent bien sûr à la Résistance - et parfois à elle seule -, mais le concours des alliés et le formidable sursaut des soviétiques depuis Stalingrad s'y articulent heureusement.
        Jean Moulin, héros martyr de notre histoire, a écrit une page majeure de la Résistance avec le CNR qui, non seulement l'unifiait, mais aussi et surtout construisait l'instrument de son action au travers de son programme. L'action de Jean Moulin et de ses autres inspirateurs n'aurait jamais été possible sans le travail patient et l'action risquée des résistants des mouvements préexistants.


        (*)
        LE CONSEIL NATIONAL DE LA RESISTANCE

        à sa création le 27 mai 1943 - 48, rue du Four – PARIS et les modifications successives
        PRÉSIDENT
        Jean MOULIN (successeurs Georges BIDAULT, démocrates chrétiens, puis, à la Libération, le 15 septembre 1944, Louis SAILLANT, CGT).

        MEMBRES

        LIBÉRATION-SUD
        Pascal COPEAU, suppléé par Pierre HERVÉ (désigné par son mouvement, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, appelé à Alger - Assemblée consultative puis gouvernement provisoire -, redevint le titulaire à la Libération).

        OCM (Organisation civile et militaire)
        J. - H. SIMON, déporté, remplacé par Maxime BLOCQ-MASCART.

        COMBAT
        Claude BOURDET, déporté, remplacé par Marcel DEGLIAME.

        CEUX DE LA RÉSISTANCE (CDLR)Jacques LECOMPTE-BOINET
        FRANC-TIREUR
        Claudius PETIT, puis Jean-Pierre LÉVY, puis Antoine AVININ.

        CEUX DE LA LIBÉRATION (CDLL)
        LENORMAND (Coquoin), fusillé, remplacé par André MUTTER.

        LIBÉRATION-NORD
        Charles LAURENT, appelé en Afrique du Nord (Assemblée consultative) et remplacé par Henri RIBIÈRE.

        FRONT NATIONAL DE LUTTE POUR LA LIBÉRATION ET L'INDÉPENDANCE
        Pierre VILLON.

        PARTI RADICAL et RADICAL SOCIALISTE
        Marc RUCARD, appelé en Afrique du Nord (Assemblée consultative) et remplacé par Paul BASTID.

        DÉMOCRATES-CHRÉTIENS
        Georges BIDAULT, puis André COLIN.

        FÉDÉRATION RÉPUBLICAINE et RÉPUBLICAINS NATIONAUX
        Jacques DEBU-BRIDEL.

        PARTI COMMUNISTE
        André MERCIER, appelé en Afrique du Nord (Assemblée consultative) et remplacé par Auguste GILLOT.

        ALLIANCE DÉMOCRATIQUE
        Joseph LANIEL.

        PARTI SOCIALISTE
        André LE TROQUER, appelé en Afrique du Nord (Assemblée consultative) et remplacé par Daniel MAYER.

        CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DU TRAVAIL (CGT)
        Louis SAILLANT, puis Benoît FRACHON.

        CONFÉDÉRATION FRANÇAISE DES TRAVAILLEURS CHRÉTIENS
        Gaston TESSIER.

        SECRÉTAIRE GÉNÉRAL :
        Pierre MEUNIER.

        SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT :
        Robert CHAMBEIRON.










        Ce qu'en écrivait Jean-Louis CRÉMIEUX BRILHAC
        Du 18 Juin aux 18 juin, Espoir n°123, 2000
        Extrait de
        « La légitimité dont il se prévalait se substitua progressivement à celle dont il s'honorait les deux premières années, celle d'unique représentant en liberté du dernier gouvernement régulier de la IIIe République. Elle aura été confirmée, eût dit Chateaubriand (que de Gaulle avait beaucoup fréquenté), par " la souveraineté de la gloire ", ultérieurement par celle du peuple, puis par celle du temps.

        Mais c'est l'Appel du 18 Juin 1940 qui en aura été la source. Par la volonté de son auteur et du fait de l'autorité grandissante qu'il acquiert, l'Appel aura été acte fondateur, et même doublement fondateur. Acte fondateur de la Résistance, tous les mouvements de résistance et tous les actes de la résistance autochtone découlant, dans la vision gaullienne, du 18 Juin. Acte fondateur aussi d'un régime, même si celui-ci naîtra seulement vingt ans plus tard : tel a été, en effet, le talent politique du général de Gaulle,
        telle aura été la force du mythe créé et incarné par lui, que dans l'esprit de bien des Français de l'an 2 000, la Ve République, dont nul ne conteste aujourd'hui la légitimité, procède non pas du " 2 décembre sans coup d'Etat " de mai 1958, mais directement du 18 Juin 1940. »
        Ce qu'en j'en pense :



        Récupération totalitaire
        Il s'agit bien d'un mythe ; non pas dans sa seule dimension fictionnelle mais dans celle d'une « réalité augmentée » qui permet de s'accaparer des mérites accessoires en écartant du propos des éléments de l'histoire qui avaient échappé au personnage…
        La gloire de de Gaulle n'eut pas été sans celle des résistants de l'intérieur et leur assimilation parfois douloureuse dans les derniers temps du conflit (cf. libération de Moulins avec action FTP violemment repoussée à l'ouest par l'armée allemande et entrée « facile » de la colonne Colliou plus tard par le sud…).
        De la même façon, si de Gaulle a pu imposer dans un premier temps (mais pas pour longtemps ! ), aux alliés anglo-américains, sa reconnaissance envers les soviétiques et l'association des communistes à son gouvernement, il avait bien fallu qu'ils existent et que leur action et leur engagement l'exigent !






        Le texte de l'Appel du 18 juin 1940
        18 h, 18 h 15 ou 20 h ? 
        Discours du Général de Gaulle prononcé à la radio de Londres le 18 juin 1940. Cet appel n'a pas été enregistré.

        « Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
        Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
        Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
        Infiniment plus que leur nombre,
        ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
        Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ?
        La défaite est-elle définitive ? Non !
        Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France.
        Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
        Car
        la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
        Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays.
        Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
        Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite
        les officiers et les soldats français
        qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
        Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
        Demain, comme aujourd'hui,
        je parlerai à la Radio de Londres. »
            
        … et ce que j'en lis !





        1. Le constat de la trahison
        2. Le constat de la défaite
        3. Les causes de la défaite qui en réfèrent aux options militaires de de Gaulle qui n'avaient pas été retenues par l'Etat Major et le gouvernement, en particulier en matière d'équipements et de tactique.
        4. Le refus de la fatalité… Une vérité de Lapalisse, la fin d'une lutte ne préjuge pas nécessairement de l'issue de la suivante !
        5. Référence au point 3 : la victoire se dessinerait avec la mise en œuvre de moyens militaires adéquats : « Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands… »
        6. Référence à la constitution du front de la résistance extérieure, sur la base des ressources de l'empire colonial et des alliés potentiels occidentaux.
        7. Référence à la dimension mondiale du conflit renforçant le point 6
        8. Référence à « force mécanique » de l'ennemi qui serait à l'origine de la défaite renforçant le point 3.
        9. Référence au militaire et aux moyens à réunir pour concevoir la réplique avec les « forces mécaniques » et les éléments de tactique appropriés
        10. La résistance est définie comme devant se concevoir et s'organiser hors du territoire national et métropolitain.
        11. Renforcement du point 10 : de Gaulle fixe son ancrage opérationnel à Londres.
        Conclusion : à aucun moment de Gaulle ne fait référence à une démarche de résistance intérieure sur le territoire français, pas plus qu'il n'envisage de solution de reconquête hors de l'option militaire appropriée mettant en œuvre des moyens et processus adaptés et supérieurs à ceux de l'ennemi et susceptibles d'emporter la victoire.


        L'appel du 18 juin n'ayant pas été enregistré, il sera réitéré le 19 juin






        TEXTE DE L'APPEL du 22 JUIN 1940

        Le gouvernement français, après avoir demandé l'armistice, connaît, maintenant, les conditions dictées par l'ennemi.
        Il résulte de ces conditions que les forces françaises de terre, de mer et de l'air seraient entièrement démobilisées, que nos armes seraient livrées, que le territoire français serait totalement occupé et que le gouvernement français tomberait sous la dépendance de l'Allemagne et de l'Italie.
        On peut donc dire que cet armistice serait non seulement une capitulation mais encore un asservissement.
        Or, beaucoup de Français n'acceptent pas la capitulation ni la servitude pour des raisons qui s'appellent l'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la partie.
        Je dis l'honneur, car la France s'est engagée à ne déposer les armes que d'accord avec ses alliés.
        Tant que ses alliés continuent la guerre, son gouvernement n'a pas le droit de se rendre à l'ennemi.
        Le gouvernement polonais, le gouvernement norvégien, le gouvernement hollandais, le gouvernement belge, le gouvernement luxembourgeois, quoique chassés de leur territoire, ont compris ainsi leur devoir.
        Je dis le bon sens, car il est absurde de considérer la lutte comme perdue.
        Oui, nous avons subi une grande défaite.
        Un système militaire mauvais, les fautes commises dans la conduite des opérations, l'esprit d'abandon du gouvernement pendant ces derniers combats nous ont fait perdre la bataille de France.
        Mais il nous reste un vaste empire, une flotte intacte, beaucoup d'or.
        Il nous reste des alliés dont les ressources sont immenses, et qui dominent les mers.
        Il nous reste les gigantesques possibilités de l'industrie américaine.
        Les mêmes conditions de la guerre qui nous ont fait battre par cinq mille avions et six mille chars peuvent nous donner, demain, la victoire par vingt mille chars et vingt mille avions.
        Je dis l'intérêt supérieur de la patrie car cette guerre n'est pas une guerre franco-allemande, qu'une bataille puisse décider.
        Cette guerre est une guerre mondiale.
        Nul ne peut prévoir si les peuples qui sont neutres, aujourd'hui, le resteront demain.
        Même les alliés de l'Allemagne resteront-ils toujours ses alliés ?
        Si les forces de la liberté triomphent finalement de celles de la servitude, quel serait le destin d'une France qui se serait soumise à l'ennemi ?
        L'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la patrie commandent à tous les Français libres de continuer le combat là où ils seront et comme ils pourront.
        Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible.
        Tout ce qui peut être réuni en fait d'éléments militaires français et de capacité française de production d'armement doit être organisé partout où il y en a.
        Moi, général De Gaulle, j'entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale.
        J'invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l'air, j'invite les ingénieurs français spécialistes de l'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir à moi. J'invite les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l'air, où qu'ils trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec moi. J'invite tous les Français qui veulent rester libres à m'écouter et à me suivre.
        Vive la France libre dans l'honneur et dans l'indépendance !

        … et ce que j'en lis !
        … même analyse des mêmes références.

        Les mêmes constats...
        … et les mêmes perspectives, avec une victoire sur les champs de bataille mécanisés que de Gaulle prônait depuis longtemps auprès des autorités militaires ou politiques françaises.

         

        "continuer le combat là où ils seront et comme ils pourront."

        C'est la seule évocation d'une possibilité de résistance hors de la perspective militaire organisée de l'extérieur, et elle n'est documentée d'aucun élément faisant référence à l'opposition politique.


        En fait il faudra attendre 1942 pour que de Gaulle prenne la mesure des mouvements de résistance intérieure actifs, tant en zone nord avec la dominante de lutte contre l'occupant, qu'en zone libre où la dimension politique du combat contre le collaborationnisme de Pétain pouvait dominer dans un premier temps pour mobiliser... Il avait aussi pris la mesure des démarches des alliés, en particulier des américains qui continuaient d'entretenir des contacts avec Pétain et qui installaient en Afrique du nord Girault en concurrent direct de De Gaulle. D'où son projet unificateur sous la houlette de Jean Moulin pour conserver la main sur l'ensemble du mouvement de résistance face à des alliés difficiles et obnubilés par la part prise par les soviétiques dans la reconquête de l'Europe par l'est.





        De Gaulle - Pétain, destins croisés - Appels des 17-18 juin 1940 - France 3 Nord Pas de Calais Picardie : actualités du Nord, Pas-de-Calais, Aisne, Oise, Somme - France 3

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