vendredi 18 novembre 2016

Traitrise ?

Ce qui est fait n'est plus à faire, Macron a jeté sa gourme, le voilà au pinacle que s'échinent à gagner tous les candidats aux "primaires". Lui, convaincu de sa suffisance, portrait craché d'un Valls qui ne pardonne pas à Hollande de lui avoir refilé cette peau de macron sous le mocassin, en a adopté regard oblique et coups de menton.

François Mitterrand, au Congrès du Parti Socialiste d'Epinay en 1971, déclarait : "Le véritable ennemi, j'allais dire le seul, [...] c'est [...] les puissances de l'argent, l'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui tue, l'argent qui ruine, et l'argent qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes !"  .

22 janvier 2012 - François Hollande dans son discours du Bourget :

"Dans cette bataille qui s'engage, mon véritable adversaire n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance."

Hollande, tout comme Mitterrand avait besoin de l'électorat de gauche pour accéder au pouvoir et y conduire ensuite une politique du renoncement qui satisfasse aux attentes des marionnettistes qui les tiennent en laisse. Une ou deux mesures qui flattent leur électorat pour commencer, et ensuite cap à droite. Mitterrand avait attendu quasiment deux ans... Hollande n'a pas eu cette patience.

Qui-a-t-il alors d'étonnant à ce qu'il débauche un petit commis de la banque Rothschild en lui ouvrant les coulisses de l'Elysée puis au gouvernement pour gagner la confiance d'un grand patronat toujours insatisfait de la modicité du cadeau de 40 milliards qu'on lui fait... Tout en limant les dents d'un premier ministre rayant le parquet élyséen.

Alors après, parler de trahison ? Tout au plus de compétition dans la traitrise, à traître, traître et demi !

Ce ne serait pas charitable d'ouvrir le livre de l'Histoire de France à la page du soutien qui manqua aux Républicains espagnols quand la guerre se dessinait et qu'Hitler faisait son galop d'essai en soutien à Franco. La gauche molle en était où ?

Ce ne serait pas plus charitable non plus de feuilleter un des tomes suivant pour y croiser Guy Mollet envoyant les soldats du contingent en Algérie pour y pousser la guerre qu'il avait auparavant déclarée "imbécile"...

Les temps changent ? 
Pas vraiment.

Mitterrand avait asphyxié la gauche française sous la couverture hégémonique du parti socialiste.
Hollande parachève son oeuvre en épurant un substrat réformiste capitalo-compatible d'une formation dont le seul ancrage à gauche ne figure plus que chez ceux qui la quittent.
De l'épluchage social libéral, était sorti jadis Chevènement, plus tard Mélenchon, aujourd'hui quelques "frondeurs". 
Au fil du temps les copeaux se font plus minces et les mouvements qu'ils dessinent plus incertains, promenés au gré des vents médiatiques..

Cette déliquescence de la gauche française centrée sur le mouvement socialiste n'a pas épargné le reste de la gauche qui n'a pu capitaliser sur la dérive libérale des socialistes faute de proposition alternative forte appuyée sur une base idéologique claire. Plusieurs décennies de tergiversations exigées par l'aumône de quelques positions électives ont achevé le travail de sape et préparé le spectacle apocalyptique d'aujourd'hui présentant l'hypothèse de l'extrême droite comme possible face à une armée mexicaine de candidats à droite comme à gauche laissant le strapontin du centre au "jeune premier" Macron, digne successeur de Lecanuet ou Bayrou, de ces formidables centristes qui ne sont jamais ni de droite, ni de gauche, mais du côté du manche pour parler la main sur le coeur alors qu'ils l'ont surtout sur le portefeuille.

Dans ce grand foutoir faut-il accrocher un candidat communiste à la panoplie ?
Faut-il brûler aujourd'hui Mélenchon qu'on adorait hier ?
Ne faut-il pas redescendre de Mars pour imaginer que Montebourg devienne le socialiste utilement fréquentable aux côtés duquel on pourrait sauver quelques circonscriptions législatives ?

Est-ce bien le moment de se poser ces questions avec une conviction telle que dans le choix de l'option 2 des communistes appelés à choisir, écartant le soutien initial à la candidature de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon on sent la réticence à engager le risque financier d'une misère électorale en évoquant des ralliements toujours possibles d'ici au printemps... à qui ? Pour quoi ?

La vie politique tétanisée par la menace que fait peser l'extrême droite produit du bruit, toujours plus de bruit, primaire oblige. Valls fait sonner le clairon à grands coups de menton, Caseneuve roule du tambour en conduisant à la baguette...
Mais la musique dans tout ça ? la partition et l'orchestration, accords et arrangements, sens de l'interprétation... RIEN ! RIEN que du bruit. 

La France convoquée par Macron à la satisfaction de sa jeune ambition compte encore quelques citoyens musiciens, auteurs, compositeurs ou interprètes, capables de mettre la démocratie en musique pour faire danser Marianne un 14 juillet à la République plutôt qu'au pied d'une statue de Jeanne d'Arc.
Pour tous ceux à qui les faiseurs de bruit ont imposé la sourdine le temps est à l'urgence d'une belle fête de la musique populaire, du bon spectacle vivant des manifestations, de la rébellion salutaire sur l'air de l'Internationale... pour qu'après chantent les urnes à vos pupitres.


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