vendredi 11 novembre 2016

L'aumône

"La misère attachée à notre espèce subordonne un homme à un autre homme; ce n'est pas l'inégalité qui est un malheur réel, c'est la dépendance."
Combien de politiques auraient besoin de relire attentivement Voltaire si, par hasard, leur intention était de faire le bien commun ?
Il suffit parfois de rapprocher deux fils pour qu'éclate l'éclat lumineux du court-circuit, le plus court chemin entre le fait et la conscience du fait.

1. le jeu des grands sur le tapis vert du capitalisme
Les entreprises jouent à la fois le double jeu du toujours plus gros, plus grand, plus fort en plus grands groupes, et la cure d'amincissement qui fait se séparer d'activités périphériques dans les galaxies de filiales ou de sous traitants. Les deux phénomènes ressortent de la même logique, concentrer les gisements de profits et externaliser les charges autant que les risques.
Ainsi, sous l'égide des banques d'affaires qui vont prélever leur dîme au passage (près de 20 milliards d'euros en 2016) les "fusac" (fusions-acquisitions) ont progressé de plus de 40% en 2015 pour constituer un pactole de plus de quatre mille milliards d'euros, 
4 000 000 000 000 000 ... Dix fois le budget de la France !
Deux grands mouvements corollaires accompagnent ces grandes manœuvres :

  • les suppressions d'emplois qui se chiffrent par centaines de milliers
  • l'explosion des valeurs dans le mouvement spéculatif : celui qui veut absorber l'autre va consentir une prime substantielle pour convaincre les actionnaires de l'autre de céder leurs parts... il faut bien que le ça en vaille le coup ! Du coup il n'est pas rare de voir la valeur de la "victime" progresser de 30% juste avant les opérations ! Et les actionnaires de la société acheteuse ont étendu leur patrimoine d'un coup...

Si les pertes d'emploi sont bien inscrite dans la vraie vie des vrais gens qui vont pointer à Pôle Emploi plutôt qu'à l'usine, la masse d'argent générée dans la transaction, elle, ne repose sur rien, sinon sur l'illusion capitaliste que si j'achète cher aujourd'hui, c'est que je suis convaincu de revendre encore plus cher demain... jusqu'à la crise qui fait éclater la bulle spéculative, qui renverse le premier domino du jeu de l'oisif rentier du capital.

Quand les banques croupières organisent ces grands jeux, ce n'est pas dans les arrières salles enfumées des tripots repaires de mafieux, c'est au plus grand jour avec le soutien efficace de lobbies tirant les ficelles de pouvoirs politiques marionnettes dont on attend protection et petits gestes.

Ces gestes sont bien dérisoires : 40 milliards accordées en France au patronat avec le CICE et le pacte de responsabilité ! Ce n'est pas grand chose pour ceux qui en profitent et qui sont déjà bourrés aux as (les dividendes ont progressé de 11% en moyenne en 2015), mais c'est ENORME pour celles et ceux qui en sont privés et qui vont devoir se serrer la ceinture pour se loger, se soigner, s'éduquer... vivre tout simplement plutôt que de survivre en dépendance.
La mesure récente du gouvernement qui exonère de taxe les dividendes des filiales de groupes étrangers est une petite cerise sur le gâteau des boursicoteurs : 300 millions qui ne vont pas rentrer dans les caisses de l'Etat. Pour 10000 poignets friqués des Rolex à deux années de SMIC la pièce... ce sont de 7 à 10000 emplois de fonctionnaires pour l'école ou l'hôpital qui en a bien besoin !

2. Casse-toi pauv'... ça te suffira bien.
Le livret A, réceptacle des économies du plus grand nombre et des plus modestes à la fois -quand ils peuvent mettre un peu d'argent de côté, pour en avoir devant eux !- va perdre sa garantie de rémunération au niveau de l'inflation en 2017 : décision gouvernementale du 9 novembre.

0,75%, quel taux exorbitant pour récompenser l'effort de plus de 60 millions d'épargnants.

Comme sous l'ancien régime il est toujours déconseillé de donner trop à ceux qui n'ont rien... Ils ne sauraient pas s'en servir !!!

Alors, pourquoi attendre le grand soir de la nuit du 4 Août ? ça donne envie de froisser le calendrier et de mettre l'Août en mai.

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