mercredi 9 novembre 2016

Ite missa est

Dans ma prime jeunesse une fréquentation de l'église sur le registre du "faire comme tout le monde" n'avait guère eu d'autre mérite qu'une initiation précoce au latin... et encore avec des limites extrêmes au spectre des connaissances : j'avais compris qu'en entendant la formule magique "ite missa est" la fin du pensum était proche et que je pouvais commencer à compter les pièces au fond de ma poche pour aller au plus vite les troquer contre une poignée de caramels ou de poudre de coco au bureau de tabac chez Derebat... et ça sentait bon le café grillé les jours où la boule tournait !

Ce matin, au café, en voyant le spectacle de la surprise journalistique commentant les affaires américaines, et sans vouloir préjuger de la défaite des "démocrates" j'ai effectivement un peu le sentiment que "la messe est dite" et le spectre de l'arrivée du milliardaire vociférant, les femmes à la merci de ses paluches aussi grasses que son discours donnerait presque le frisson.
Les américains s'offrent à Trump... 
Les électeurs français de 2007 criaient-ils "Casse-toi Pauv' con !" ?
La France a fait l'expérience Sarkozy de la présidence énervée des privilégiés avant les USA. On a fait mieux comme modèle du temps de La Fayette !

Aujourd'hui, le frisson vient de demain, bientôt, quand dans quelques mois la France sera à son tour entrée en salle d'accouchement.
De quel monstre serions nous capable de faire enfanter notre Marianne ? Là est la question.
Le brouhaha de la primaire des droites peut faire craindre le pire.
Le silence assourdissant de l'extrême droite pendant que les médias font tourner en boucle ses thématiques de la peste brune de l'ostracisme, des communautarisme, de la violence et la dérive sécuritaire qui l'accompagne, de la haine et du racisme peut inspirer pire crainte que le pire.
Craindre aujourd'hui l'accouchement d'un monstre ne doit rien à l'accomplissement d'un mythe mais bien plutôt à l'observation attentive des mauvaises fréquentations dans les chambres du pouvoir avec - pour paraphraser "Radin"- des préservatifs sortis craquants d'une table de nuit d’Emmaüs..

Les Gens de Bercy proposent un amendement à la loi de finance rectificative bientôt en débat au parlement pour étendre l'exonération fiscale de la taxe sur les dividendes aux filiales des groupes étrangers... Ce seront ainsi 300 millions d'euros qui vont rester dans les poches des spéculateurs et des rentiers plutôt que de rejoindre le petit bien commun des recettes fiscales. Chez ces Gens-là, on compte, comme disait Brel. Et ces gens-là -dont les revenus financiers perçus en dividendes ont augmenté en moyenne de 11%  l'an passé- comptent plus dans les préoccupations des socialistes au pouvoir, que les millions retraités dont les pensions ne cessent de perdre de leur pouvoir d'achat et de vivre, que les millions de travailleurs auxquels on offre le choix entre salaires de misère et queue aux guichets de Pôle Emploi, aux vrais Gens !
Épargner les riches, c'est une chose, les abreuver jusqu'à plus soif en est une autre ; les privilégiés de la fortune ne sont jamais rassasiés d'ailleurs, faute d'avoir jamais connu ni soif ni faim. Macron est sorti, mais en laissant traîner quelques bagages de sa panoplie de banquier d'affaires. Flatter les actionnaires permettra peut-être un reclassement plus facile des derniers conseillers des cabinets ministériels, 
la privatisation Macron des plateformes aéroportuaires de Toulouse, Nice, Lyon, etc... c'est un peu comme la concession autoroutière de la RCEA. A force de concessions que reste-t-il de l'idéal normal ? Des bus Macron qui désertent les villes désertées par les trains, les magasins ouverts le dimanche pour que ceux qui travaillent le dimanche aillent faire monter leur fièvre acheteuse les jours de semaine, et combien d'autres mesures... CICE et pacte de responsabilité, le pognon c'est pour les patrons... les gros !

Le super fichier de flicage de citoyens devenus sujets sorti par décret un dimanche de toussaint à l'insu du plein gré de la ministre du numérique, le dogme sécuritaire et le "mur de Calais", et la propension à déployer des "forces de l'ordre"  et l'arsenal judiciaire face à la contestation sociale ne doinent pas faire oublier que la menace, quelle qu'elle soit, ne naît jamais de rien et les grands coups de menton menaçants, les claquement de talons autoritaires, ne soignent en rien le mal qui ronge les sociétés, en France, comme en Turquie ou aux Etats Unis, en Russie ou au Luxembourg...
Le capitalisme en fin de vie continue de manger ses enfants et Trump n'est qu'un produit de ces amours incestueuses de la fortune et du fric pour faire du pognon.

Alors l'hiver qui s'annonce sera-t-il propice à la levée d'une bonne récolte nourricière pour le peuple de Marianne dans les campagnes françaises des élections présidentielles et législatives ? 
Le semis des idées de gauche, pour ce qu'il en reste, est bien tardif... Il va falloir en prendre soin, ne serait-ce que pour sauver la graine des prochaines semences et éviter le recours trop facile d'apparence aux candidats OGM (Opportunistes Généralement Motivés).

La secousse d'outre Atlantique est-elle susceptible de provoquer un tsunami noyant l'autre rive sous les torrents de boue du populisme ou va-t-elle déclencher un réflexe salvateur avec la prise de hauteur dans le débat, la prise de conscience du danger et un peu moins de nombrilisme et de consanguinité dans les allées du pouvoir ?
Là est la question dont les responsables politiques de gauche détiennent  la clé des réponses. S'ils ne sont pas à même d'ouvrir la porte aux aspiration populaires, alors il ne restera plus qu'à passer par dessus la barrière pour ouvrir la brèche. Et comme parfois par le passé les organisations tenteront de rattraper le mouvement pour s'en attribuer le mérite autant que pour le circonscrire.
Exigeance, vigilance et action, il est temps de tracer la route, de donner à voir ce que seront les prochains horizons, ceux qui se dessinent plus surement aux petits matins des "Jours Heureux" qu'au grand soir.


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