lundi 7 novembre 2016

En avoir ou pas ?

Quel candidature ? Telle est la question posée aux instances dirigeantes du Parti Communiste qui débat de la préparation de l'élection présidentielle, et par là même des législatives qui s'en suivront.
C'est un peu tard mes camarades pour se pencher sur la question et trancher.
Cela fait des mois que la vie politique tourne en boucle sur le sujet, et non pas pour mettre en débat des perspectives politiques, des programmes ou des projets, mais uniquement le défilé de mode du casting des primaires.
Tout naturellement la droite en challenger est partie la première ; il lui faut occuper le terrain à grand coups de slogans. La méthode Sarkozy est passée par là et, entre têtes de gondole et petits faire-valoir, la mère des batailles est livrée entre têtes connues depuis des lustres pour avoir sévi et "réformé" pour le plus grand bonheur... des banquiers.
Du côté des socialistes, l'équation est différente. Il faut évidemment raccourcir au maximum le temps du débat qui va vite devenir celui du déballage d'inventaire des petites promesses non tenues et des grandes trahison du quinquennat Hollande. L'impatience est grande chez les "frondeurs" de tout poil et gagne même jusqu'au gouvernement dont le chef commence à comprendre que le poste de premier ministre n'est pas le meilleur tremplin pour sauter à pieds joints dans la case de l'Elysée.
En fêtant le centenaire de la naissance de Mitterrand  les socialistes auraient aussi pu souligner sa responsabilité dans le dézingage de la gauche réduite à l'hégémonie d'un PS d'autant mieux gouverné que ses maître y entretiennent la division des "tendances", jusqu'à la situation de fin de règne qu'on connait aujourd'hui avec Macron et ses pompes funestes. Accessoirement on aurait aussi pu souligner la funeste invention d'une extrême droite ré-institutionnalisée un demi siècle après la liquidation de Pétain. Les apprentis sorciers sont parfois victimes de leurs créatures.
Il n'y a pas que ça dans le paysage... Au mieux, sondages ou élection à la clé, les deux camps des vieilles lunes qui voudraient s'accaparer la scène politique ne représentent guère qu'un citoyen sur trois...
Et c'est là peut-être qu'il aurait fallu y penser plus tôt pour s'inscrire dans le paysage et mettre des idées en débat. L'affaiblissement du Parti Communiste ne manque pas d'être le fait d'une adversité, naturellement à droite, mais aussi dans un camp où la "gauche" n'est plus qu'une petite camisole rose enfilée à la hâte sur la carcasse honteuse d'une politique de droite.
Mélenchon avait compris depuis longtemps les limites de l'exercice de l'expérience "Front de Gauche" dès lors que toute dynamique de changement se heurte à la tyrannie des mandats électifs qui ne se conservent, même en nombre infime à l'ombre des grands, qu'à coups de compromis...
L'aventure de la  candidature communiste n'est pas étrangère à la mainmise des élus sur l'organisation politique qui n'a plus d'autre existence, comme chez les socialistes, et où les seuls "débats" portent sur le choix de candidats de plus en plus tièdes pour chercher à être élus sur leur bonne mine plus que sur des idées. 
La question du ralliement à la candidature Mélenchon, installée depuis des mois et qui a bien progressé dans l'opinion autour des thèmes de la "France insoumise" ou d'une candidature autonome communiste posée à moins de 6 mois de l'échéance ne peut que souligner la dérive dramatique d'un parti sans ligne politique, toujours à l’affût d'opportunités tactiques pour sauver un peu des positions électives qui lui restent.
Avoir tant attendu en restant scotché par l'idée qu'il reste des choses à faire avec les socialistes, tout au moins avec les plus rebelles à la dérive social-libérale ne permet plus aujourd'hui d'envisager une solution sereine et porteuse d'espoir : toute solution n'est plus qu'un pis-aller.
Le ralliement à la candidature Mélenchon prônée par Pierre Laurent met le parti communiste en situation de faiblesse dans le "consortium" constitué par Mélenchon et dans lequel il devient difficile de peser sur le choix d'options parfois divergentes en arrivant rallié de la dernière heure faute de pouvoir faire autre chose pour continuer d'exister.
La décision de la proposition d'une candidature communiste, toute naturelle qu'elle soit, est d'ores et déjà privée de toute efficacité en débarquant si tard ; ce n'est pas l'heure du dessert qu'on vient proposer sa carte des entrées. Qu'André Chassaigne soit grand défenseur de cette option n'a rien que de très naturel, car il sera difficile d'échapper à sa confirmation dans l'exercice si le choix de cette option s'imposait.
Et sur quelle base programmatique poser une candidature aujourd'hui, sinon sur une batterie de motivation de "vote contre" sous le masque de "Pour". "Pour faire barrage à l'extrême droite" ça va de soi ! Mais c'est un message ressassé depuis des décennies à un point d'efficacité tel que son score n'a cessé de croître.
"Pour empêcher le retour de la droite aux affaires", ça va de soi ! Mais pour l'instant on a surtout fait la preuve qu'on savait perdre des municipalités, des départements et des mandats parlementaires.
"Pour ré-équilibrer la gauche" en renforçant le pôle révolutionnaire mis à mal par le penchant réformiste, ça va de soi ! Mais aujourd'hui la dérive social libérale des socialistes les a tellement entraînés dans les fonds de la droite et du centre qu'il en devient compliqué de les ramener, ne serait-ce que sur l'accotement.
L'ensemble de ces perspectives reste du domaine de la réaction, de vaines tentatives de se ré-inscrire dans un jeu dont on conteste les règles.
Mélenchon semble l'avoir compris en portant sa candidature dans le cadre du jeu de la 5ème République avec la personnalisation de l'exercice, mais en proposant une forme de rupture quant à son projet de 6ème République, de constituante, de rassemblement de celles et ceux qui ne se retrouvent plus depuis longtemps dans les combats d'opérette de la politique spectacle jouant sur l'air de l'alternance sans jamais oser l'alternative.
Avec le quinquennat et l'inversion du calendrier les socialistes ont tenté de rendre indépassable le modèle théâtral qui occupe la scène avec les uns et/ou les autres, tantôt poussés à sortir côté cour comme en 2012 ou à s'éclipser côté jardin comme en 2007... Marine est dans les coulisses côté cour !
Quant aux gens de gauche, toujours en coulisse, tout juste obtiennent-ils un petit rôle d'utilité de figurant en enfilant un costume d'élu pas bien taillé à leur mesure. On préfère le plus souvent utiliser leur talent en régie ou au pire à l'entretien.
Mélenchon ne semble pas programmé sur cette scène-là, ni avec la même troupe, ni pour le même public.
Si une candidature nouvelle devait ressortir des prochaines consultations des communistes elle devrait s'inspirer plus de la démarche de Mélenchon, au risque de la singer, que de se positionner dans le schéma convenu du duel PS-LR arbitré par le FN.
Et c'est sur de vrais "POUR" que les idées devraient pousser pour architecturer les prémices d'une construction idéologique solide à habiter demain, et surtout après-demain.
La révision des thèses marxistes s'impose de toute urgence, quand des ressources existent encore. Trop de temps a été perdu en louvoyant sans afficher la couleur pour être si bien élu... c'est le modèle militant qui est à réinventer, la véritable parole au peuple.

Liberté, la liberté ne s’accommode pas plus de l'Etat d'urgence que des "impératifs" religieux...
Egalité, l'égalité ne s'accommode pas d'une société dépecée en communautés, qu'elles soient de pensée ou de fortune...
Fraternité, la fraternité ne s'accommode pas d'un exercice en milieu confiné dans les mondes bien isolés des Restos du Cœur, du Secours Pop, ou des petites coteries friquées voisines du pouvoir...
Justice, la justice ne s'accommode pas de la suspicion aussi automatique des uns que la grâce naturelle des vilenies des "grands"...
Paix, la paix ne s'accommode pas de l'entretien de la guerre à tout prétexte pour alimenter le marché des armes dont on devrait avoir compris depuis longtemps qu'elle tuent même parfois ceux qui les ont faites...
Planète vivante, notre terre ne s'accommode pas de soit-disant progrès qui ne font qu'asservir les peuples au seul profit de l'accaparement des richesses par quelques uns...

L'heure est à la promotion du partage et de la coopération ailleurs que dans les slogans, dans la vraie vie des vrais gens dès lors que c'est à eux qu'on donnera le droit précurseur du pouvoir.

C'était l'ambition des "jours Heureux" mis en perspective par le Conseil National de la Résistance !

Le bonheur est toujours une idée neuve... c'est surtout la clé ouvrant la voie à la constitution d'une société des hommes.

C'est à cette mesure que devrait être jugée l'opportunité d'une candidature, quelle qu'elle soit.

1 commentaire:

depallus a dit…

Bonsoir,
la gauche de la gauche se débat. Quelques soient les chiffres intentionnels, pendant ce temps à New-York...
A New-York, à trois kilomètres l'un de l'autre Donald et Hillary sont présents partout à coups de dollars.
Donald brosse sa mèche et le monde oscille. Hillary fredonne un air à minuit et le monde vacille.
Quel est ce monde médiatique qui se joue des idées? Que faut-il penser des espérances individuelles des électeurs?
Que faut-il penser d'un monde où les idées glissent sous le relief des caricatures?
Les Etats Unis fascinent. Et le vote dépend hélas d'arguments promis exclusivement à l'individualisme.
" ma pension baissera", " mon voisin ne sera plus un immigré", "je paierai ou pas pour me refaire une couronne", "les ponts seront rebétonnés", voici quelques motifs de vote parmi des centaines.
Les choix reposent sur l'orientation de la mèche ou la couleur de la jupe à proportion égale avec la promesse ciblée qui me touche et m'arrange : taux de remboursement d'une carie, taux d'imposition des revenus locatifs, taux de taxation des importations des sauces au cheddar.
Tout est taux, tout est individuel, tout est faux.

L'Amérique manque de conscience collective en dehors des homélies évangélistes qui progressent dans les esprits comme si elles si étaient présentes sur les places financières.

Dans un pays multi-formes, jeune, bouillonnant, les choix décisifs ne se résumeront (en grande partie) qu'à l'intérêt personnel car il en est un culte aussi prégnant que le front pionnier.

Que c'est moche.

Alors, ici, chez nous, même quand les débats paraissent stériles, cultivons encore et toujours le débat d'idées pour perpétuer ce qu’il reste de l'intérêt pour le bien collectif.
Amen.
NB : Espérons quand même que le clown milliardaire vibrant au rythme du blues du businessman plante enfin son égo dans la boue qui lui échoit.