"Bonjour Daniel
Chaque année en France, 1,7 million de personnes donnent leur sang. Ces dons permettent de soigner 1 million de malades, par transfusion ou médicaments dérivés du plasma.
Vieillissement de la population, maladies du sang et cancers, hémorragies : autant d’indications pour lesquelles la transfusion sanguine est indispensable, voire vitale.…
Actuellement en France, les réserves de sang traversent une période critique et continueront de diminuer dans les semaines qui viennent, tant la consommation en produits sanguins est soutenue.
C’est pourquoi l’Etablissement Français du Sang compte sur vous pour un don de sang lors d’une prochaine collecte.
Dans l'attente de vous accueillir, nous vous remercions par avance de votre générosité"
Ma réponse à mail ouvert :
Merci de votre message,
Pour ma part je ne donne pas aussi souvent que je voudrais, mais au moins
aussi souvent qu’il m’est possible de le faire.
Comme les médias s’en font régulièrement l’écho je suis alerté par la
situation tendue de l’approvisionnement des établissements de santé qui ont
besoin du sang donné pour leurs patients.
Malheureusement je pense que les choix politiques et les orientations
stratégiques qui organisent et gouvernent les structures de collecte ne sont pas
pour rien dans cette situation.
Je ne suis guère adepte de la nostalgie, mais je pense avoir vécu une lente
mais sure dégradation du lien au “peuple des donneurs”, un affaiblissement
blessant pour les bénévoles comme pour les donneurs des associations locales. Le
summum dans la dérive entrepreneuriale d’un service qui ne peut pas plus toucher
à l’humain, plus nourrir la fibre solidaire et le désintéressement du don quand
il se permet de mettre en avant le manque de “rentabilité” pour abandonner des
points de collecte, des lieux ou des dates qui en disparaissant font
nécessairement disparaître un lot de quelques poches à la collecte.
La recherche d’économies d’échelle, si commune aujourd’hui en usant de
nouvelles ressources technologiques en matière de traitement de la matière, de
l’information et de la communication, devrait au moins se fixer une borne à ne
pas dépasser, celle de la marchandisation de l’humain, de son sang comme de sa vie.
Néanmoins, nombre de situations de commerce d’organes sont régulièrement
dénoncées à deux pas d’ici dans des scandales qui prouvent à qui sait lire que
c’est encore la chair du miséreux qui fait survivre l’opulence.
Qu’en sera-t-il demain quand la pénurie savamment organisée va conduire à
faire valider par un chœur de benêts la nécessité de rémunérer le don pour en
assurer la pérennité ?
Mon inquiétude est grande -et je me garde bien d’évoquer quelque scandale
hexagonal que ce soit qui touche au monde de la santé-, bien pire que ces
séismes, c’est le poison quotidien de la dérégulation, des pratiques de
concentration, des gestions à si court terme que jamais aucune évaluation des
résultats ne peut être faite et opposée à ses inspirateurs partis ravager
ailleurs, qui fait qu’après avoir pu être fiers de la qualité du modèle social
français et de son volet santé nous sommes désormais confrontés au prémices de
la régression dans l’accès aux soins et la qualité de la vie.
Soyez assuré de mon indéfectible attachement aux causes humanistes, à la
solidarité et au partage désintéressé, et donc à ma participation prochaine à la
collecte qui sera à ma portée.
Ma détermination à contester les évolutions de votre établissement n’en est
pas moindre.
Bien cordialement
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