mercredi 5 mai 2010

RAG. Une nouvelle génération de militants se lève à gauche

Lu dans l'Huma du 4 mai  sous la plume de Grégory Marin
Cette lecture m'a semblé fort intéressante dans un contexte de mise en défiance du politique "institutionnel" confirmé par l'abstention massive constatée lors des dernières échéances électorales.

La Relève à gauche (RAG) cherche à écrire un projet de société en fédérant des jeunes engagés sur des valeurs communes, à côté des partis politiques.
"à gauche" marque bien et sans ambiguité le positionnement du mouvement qui doit interoger les forces organisées constituant le paysage politique de la gauche actuelle en France qui va des "radicaux de gauche" au NPA et Lutte Ouvrière, en passant par le PS, le Parti de gauche, le PCF et la mouvance écolo se revendiquant de la gauche.
"La Relève". Ce concept est fondé sur deux éléments d'égale importance : le constat de l'usure des forces engagées mises dans l'incapacité de faire face à l'adversité et la nécessité du remplacement par des ressources neuves. Si on y ajoute la cible des jeunes, s'y supperpose une dimension générationnelle tout aussi facile à appréhender dans une démocratie en dérive sénatoriale où le pouvoir est fort peu accessible aux plus jeunes, dans le domaine politique comme dans beaucoup d'autres.

"à côté des partis politiques" : c'est peut-être là que l'ambiguité du mouvement s'éclaire, en se positionnant "à côté" il signifie sa revendication d'autonomie très clairement réitérée plus loin avec l'origine des bases posées dans diverses associations, "sans exclusive, sans carte ni image partisanne". Cependant le mouvement ne nie pas l'existence des partis politiques dont il se voudrait l'aiguillon, la force de proposition... C'est là à mon sens qu'est le danger et la source d'erreur politique. Ce danger et cette source d'erreur est d'ailleurs corroboré par le comportement des organisations politiques de gauche depuis quelques temps qui s'active dans des initiatives qui les conduisent à chercher ailleurs qu'en leur sein la justification des orientations de leur action, démocratie dite participative, primaires ouvertes... Dans une forme de dissociation de la tête et des jambes, comme si le corps même des organisations s'était réduit à l'exécutif d'orientations dessinées ailleurs, privé de la capacité de pensée et rétrécie à celle d'agir. C'est aussi le propos de ceux qui pensent aujourd'hui que la forme "parti" politique doit être dépassée. Je suis assez persuadé que la démocratie n'a rien à gagner à cette perspective. Pour moi c'est la clé de la dissolution du sens politique. Une orientation politique s'incarne dans une organisation qui fait "personne morale" en rassemblant les personnes physiques de ses adhérents. Les orientations idéologiques se construisent dans le débat interne qui ne se privent pas des éléments de contexte qui peuvent les renforcer ou les contredire. C'est là que se situe le respect de la diversité et de la démocratie. Les organisations politiques ont été fragilisées par l'autonomisation du mouvement des élus qui s'affranchissent parfois beaucoup des organisations qui les ont installés. C'est à une nouvelle forme de fragilisation qu'ils seront confrontés en favorisant la "sous-traitance" en amont de la conception de leurs base idéologique qui serait glanée chez des "fournisseurs d'idées". C'est le sens du "think-tank" qui est affiché.
Ils rêvent d’une « gauche plurielle » pour 2012.
Deux choses là aussi, la résurgence du concept de gauche plurielle et l'échéance datée pour 2012.
« gauche plurielle »Pour ce qui est de la pluralité des gauches, rien de bien nouveau. Depuis la conception remontant à plus de deux siècles de l'antagonisme français "gauche-droite", la raison a eu raison d'une simplification abusive du débat politique. La diversification de l'offre politique à gauche a toujours aussi existée avec des rapports de forces variables entre un pôle de radicalité plus révolutionnaire et un pôle réformiste plus consensuel. Le sigulier appliqué au pluriel est le sens même du rassemblement que les gauches ont su constituer sur de grands enjeux et à l'occasion d'échéances électorales dans lesquelles la victoire ne supporte guère qu'un vainqueur. Le programme commun de gouvernement de 1972 en fut un exemple fédérateur, l'union de la gauche et le gouvernement de gauche plurielle en fut un autre. Les exemples ne manquent pas dans l'histoire politique récente du pays. La pluralité ne supposant pas le mélange à proportion égale, les phases d'union se sont toujours soldées par une issue détricotant l'union quand les déséquilibres internes deviennent trop difficiles à supporter. Un de nos grands n'avait-il pas dit fort justement que "L'union est un combat". Peut-être même trois combats en un : le premier, le plus important et celui qu'on affiche, contre l'adversaire, c'est celui de la gloire; mais aussi deux autres en sous-sol, celui contre l'allié qu'on voudrait bien supplanter ou qu'on veut garder sous sa sujetion, c'est celui de la honte, et le plus oublié (qui conduit justement à la perte de l'union quand il n'est pas engagé en conscience), le combat contre soi-même, celui qui oblige à laisser aux autres l'espace vital nécessaire sans lequel le procès en hégémonie ne manque pas de s'instruire, c'est le combat du respect. L'union ne nait pas de génération spontanée, elle ne s'improvise pas, elle se contractualise sur des bases claires et lisibles par tous pour être mobilisatrice.
pour 2012 : sans doute s'agit-il de la préoccupation de tous ceux qui rêvent en se rasant chaque matin de devenir PRESIDENT ! et là comme il n'y a qu'un seul élu, et qu'aucun parti n'est en mesure aujourd'hui d'avoir l'ambition majoritaire et de porter son candidat au succès, il faut bien s'accorder avec ceux qui ne sont pas par trop éloignés du plus fort pour l'aider à franchir la barre... Peut-être serait-il plus judicieux de penser aux législatives maintenant dépossédées de leur portée démocratique après l'inversion du calendrier prononcée par Jospin et la superposition assujetissante des mandats parlementaires et présidentiel.
Formée en ce début d’année, la Relève à gauche (RAG) s’adresse aux jeunes de quinze à trente ans ancrés à gauche mais se veut « libre et indépendante de tout parti politique ». Le mouvement, formé de plusieurs associations (Utopia, Gén-R, Rêver, Progrès étudiants…), s’appuie sur des militants « issus de différents horizons », explique la porte-parole de la RAG, Lucile Perain. Ils émargent « chez les Verts, les Jeunes socialistes, il y a des jeunes communistes… On n’a pas d’exclusive ». Logique, le but est justement d’être « dénominateur commun de la jeunesse de gauche ». « Ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise. » Le socle commun de valeurs de gauche, loin d’être une garantie de consensus, en serait au moins une « d’écoute et de respect des idées avancées ». ...
« Les jeunes sont moins idéologisés, ils ont du mal à s’adresser à des mouvements de jeunesse “classiques”, adossés à des organisations politiques,.... On voulait créer une nouvelle forme, sans carte, sans image partisane… Travailler sans pression des appareils de partis. » La RAG fait le constat des « propositions communes » portées par toutes les organisations de jeunesse, un « minimum syndical de la gauche » pour un changement de société...


la RAG : un phénomène à suivre, pas dénué d'intérêt si, sortant de son analyse on en profite pour recréer dans les organisations politiques les conditions nécessaires à la vie démocratique, des organisations elles-mêmes, comme des collectivités ou du pays qu'elles concourent à diriger politiquement.


Le petit clip qui est proposé par la RAG... à écouter attentivement, et à entendre !


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