jeudi 6 mai 2010

La rafle


Ce film long-métrage français d'1 h 55 produit en 2009 et sorti en salles le 10 mars 2010 est réalisé par Roselyne Bosch, avec Mélanie Laurent, Jean Reno, Gad Elmaleh...
1942.
Joseph a onze ans.
Et ce matin de juin, il doit aller à l'école, une étoile Jaune cousue sur sa poitrine...
Il reçoit les encouragements d'un voisin brocanteur. Les railleries d'une boulangère.
Entre bienveillance et mépris, Jo, ses copains juifs comme lui, leurs familles, apprennent la vie dans un Paris occupé, sur la Butte Montmartre, où ils ont trouvé refuge.
Du moins le croient-ils, jusqu'à ce matin de 16 juillet 1942, ou leur fragile bonheur bascule...
Du Vélodrome d'Hiver, où 13 000 raflés sont entassés, au camp de Beaune-La-Rolande, de Vichy à la terrasse du Berghof, La Rafle suit les destins réels des victimes et des bourreaux.
•    De ceux qui ont orchestré.
•    De ceux qui ont eu confiance.
•    De ceux qui ont fui.
•    De ceux qui se sont opposés.
Tous les personnages du film ont existé.
Tous les évènements, même les plus extrêmes, ont eu lieu cet été 1942.




Le synopsis du film livre le secret du film. Il ne dit pas cependant la charge d'émotion qu'il suscite et que l'écriture du scénario comme la qualité de la réalisation peuvent provoquer. Certains se sont répandus sur un jeu d'acteurs imparfait ; ceux là n'ont vraisemblablement pas compris qu'en proposant une œuvre parfaitement imparfaite, la réalisatrice de ce chef d'œuvre au service de la mémoire a su mettre à l'écran la vérité de la vie. Les raccourcis exigés par l'exercice qui nous fait passer quatre ans dans la parenthèse d'à peine deux heures, la restitution du naturel des vrais gens, des enfants, des femmes et des hommes de la vraie vie en sont la cause et la justification. Des personnages historiques, français ou allemands, et à part Laval qui est plus vrai que nature, ne sont parfois pas dans l'image qu'on pouvait en avoir, c'est sans importance et cela ne fait que renforcer l'essentiel, l'image de la vie des victimes de la barbarie qui nous font rentrer dans leur vie sans réserve. C'est justement là que la charge émotionnelle de cette œuvre est enracinée. Les spectateurs avertis n'en peuvent plus d'être impuissants à leur dire le danger qu'ils courent et dont ils ne prennent conscience qu'à chaque assaut de l'inhumanité qui va les submerger. L'intuition naïve des plus jeunes ajoute au réalisme de cette fiction.
Insensiblement, cette chanson que la radio diffuse dans les barbelés du camp de Beaune La Rolande et qui fait danser les internés qui fredonnent est là pour bien nous enseigner que les victimes de l'ignoble barbarie ne peuvent pas croire à l'incroyable ou dire l'indicible. La prise de conscience vient au fil du temps avec l'effet cliquet de l'engrenage du processus que les bourreaux entrainent à la fois dans la précipitation utile à la maîtrise de la situation et dans l'insoutenable attente dont le spectateur averti est le seul à connaître l'issue tragique.
Parfois des réminiscences de « la belle vie » de Roberto Benigni pointent dans la posture des adultes qui n'ont de cesse de conserver la dimension sociale et familiale dans leur calvaire.
C'est aussi sur ce registre que La Rafle gomme beaucoup des aspects insupportables des choses, qu'il s'agisse des camps de Pithiviers ou Beaune La Rolande, l'arrivée et le séjour ont pu être rapportés avec beaucoup plus de violence et d'inhumanité. Il en est de même pour le Vel d'Hiv où, ne serait-ce que le manque d'hygiène et la situation qui s'en suit dans des journées de chaleur en juillet ne sont guère montrés. La fiction dramatique n'est pas le documentaire et le choix des auteurs se justifie dès lors que l'exposition de l'horreur dans sa brutalité peut parfois entraver la compréhension, l'appréhension d'un phénomène.
La rafle n'est pas « Nuits et brouillard » d'Alain Resnais ; mais dans la panoplie nécessaire à la construction de la connaissance et à la conservation de la mémoire de la tragédie de la seconde guerre mondiale, ce film revêt une indéniable valeur pédagogique. Et il est à recommander sans modération, au-delà des jeunes collégiens de 3ème ou des lycéens, pour les publics adultes en responsabilité de l'orientation démocratique des nations et qui malheureusement laissent perdurer et parfois font prospérer avec l'extrême droite les nostalgies des bourreaux d'hier.

Avec le site « commeaucinema.com »
Une galerie photo
6 extraits en marge du tournage de La Rafle:
Making of 1 - Making of 2 - Making of 3 - Making of 4 - Making of 5 - Making of 6


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