lundi 24 avril 2017

L'ordre des choses

Hier soir, après que les estimations du résultat du scrutin présidentiel aient donné leur verdict, tous les journalistes étaient plus pressés que ceux qu'il interrogeaient pour recueillir leur réactions. Bien souvent les mines en disaient plus long que les mots...
Mais il en est un qui aurait pu faire l'économie de son appréciation aussi précoce que personnelle, 

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, a appelé dimanche "à battre" Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle en utilisant "l'autre bulletin", celui d'Emmanuel Macron, sans pour autant "adhérer" au programme de ce dernier. "Nous prenons nos responsabilités parce que l'accession à l'Élysée de Marine Le Pen serait trop grave pour le pays, pour la sécurité du monde", a-t-il déclaré sur France 2, disant néanmoins ne "pas se reconnaître" dans le programme d'Emmanuel Macron qu'il "faudra combattre demain". "Nous ne partageons pas la vision libérale de son programme", a-t-il ajouté, disant qu'il fallait désormais "reconstruire la gauche". "Il y a une gauche qui se réinvente et qui a un avenir important", a-t-il encore dit, saluant la "percée spectaculaire" du candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, crédité d'environ 19,5% des votes, selon des estimations.

Il eut été plus judicieux, mais aussi et surtout plus respectueux d'attendre que le candidat se soit exprimé lui-même avant de poser publiquement son opinion. Les porte-parole de Jean-Luc Mélenchon manifestaient une retenue de bon aloi dans le concert des paroles préfabriquées des uns et des autres qui faisaient mousser l'écume des choses sans jamais une réflexion approfondie sur la situation.

La République en a encore pris un coup  hier dans un monde du prêt à penser réduit à l'alternative Macron/Le Pen ; un monde qui pour l'un comme pour l'autre est "un monde sans grand-mère", un monde qui satisfait à la perception étriquée de beaucoup d'une vie réduite au présent, un présent difficile dont on rend volontiers le passé qu'on oublie responsable.

Quel avenir pour le "poujadisme moderne" ? La gymnastique cervicale du prochain président ne masquera pas longtemps l'entourloupe du discours.

La démocratie politique a d'autres exigences ; et tout particulièrement celle d'intégrer l'histoire, le temps long qui rend modeste dès lors qu'on intègre des valeurs qui nous dépassent dès lors qu'on les fait vivre. Les guignols d'aujourd'hui s'en habillent pour paraître, ils en sont déguisés.
Les bus Macron ou la loi El Khomri n'ont pas leur place dans l'héritage républicain de nos révolutions ou du programme du Conseil National de la Résistance.


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