vendredi 7 avril 2017

Histoire et liberté

Vivre libre ! Cette aspiration universelle ne sera jamais satisfaite qu'au prix d'une éducation qui ouvre la voie du progrès, celle qui évacue la fatalité de la répétition, celle qui propose une appropriation du monde partagée entre citoyens émancipés de la tutelle d'une nature malmenée comme de minorités dominantes.
La clé de la liberté est forgée par la connaissance de l'histoire, d'une connaissance structurée du passée qui ouvre à la lecture du présent et oriente l'action projetant l'avenir.
Les débats liés aux échéances électorales prochaines sont autant d'entraves à la compréhension, reproduisant ainsi un phénomène qui s'amplifie depuis quelques décennies, le dessaisissement volontaire de la chose publique dans l'abstention. Le brouhaha médiatique nie l'historicité du champ politique et brouille le paysage politique en ruinant les liens du passé à l'avenir. Tous les candidats promettent le changement... Ils déclenchent désormais le réflexe suspicieux face à des promesses qui n'engagent toujours que ceux qui les croient. Les discours de l'extrême droite jusqu'au restes de la social-démocratie sont tous dans la tergiversation, recyclant de vieilles recettes, ménageant les puissants pour mieux contraindre les faibles.
Il leur manque la référence à leur histoire, celle qu'ils taisent tous, sentant plus ou moins confusément qu'elle dévasterait leur image dans leur perspective de victoire.
Et pourtant chacun peut décrypter dans les discours de l'extrême droite les relents des pires moments de notre histoire, des ligues factieuses, au pétainisme ou aux drames du colonialisme (repli identitaire, ostracisme, xénophobie, exclusion... tous les ingrédients de la recette sont présents)..
Et pourtant chacun peut déceler dans les discours de la droite la protection vigilante des puissances d'argent au prétexte qu'elles construiraient le cadre salvateur des miséreux dont elles entretiennent la misère... Largesses pour les grandes fortunes et les sociétés capitalistes chez Fillon ou Macron qui allègent l'ISF et l'impôt en général sur les plus fortunés tout en accentuant la pression du travail sans contrepartie rémunératrice, allongement du temps de travail, etc.
Et pourtant chacun peut entrevoir l'embarras démobilisateur de ce qui reste des forces socialistes, à la fois comptables satisfaits d'un bilan de quinquennat peu glorieux tout en se prétendant incarner un changement dont les points d'appui ne sont qu'emprunts disparates et mesurettes sans cohérence uniquement destinés à récupérer un électorat qui s'échappe...
Tous ont oublié d'assumer leur histoire et leur héritage tout en ignorant que la vie des citoyens n'est pas dissociable avec d'un côté une sphère culturelle, celle de la vie domestique, citoyenne et sociale qui serait détachable de celle qu'ils réduisent à la fourniture d'une force de travail, simple marchandise exploitable sur le marché du travail.
C'est le ressort du "modernisme" à la Macron qui délocalise les travailleurs détachés de Pologne en France avant qu'on aille chercher des Ukrainiens pour remplacer les polonais déjà venus de vendre à bon marché à l'ouest...
C'est le "modernisme" à la Fillon qui veut allonger le temps de travail en heures hebdomadaires comme en années pour ceux qui ne sont pas encore jetés à la rue de Pôle Emploi par l'appétit financier du patronat.
Leur erreur est à a mesure de leur sentiment de supériorité et d'omniscience, d'impunité légitime, et d'extériorité par rapport au monde qu'ils ambitionnent de diriger. Pour eux, les gens ce sont des "autres".
Ce sont les activités (ou désormais les inactivités) des hommes et des femmes qui font leur histoire dans des circonstances qu'il rencontrent plus qu'ils ne les choisissent, et c'est un passé commun qui les leur proposent. C'est ce qui fait la société et le lien social dont chacun peut aujourd'hui constater qu'il est d'autant plus distendu ou brisé que les politiques se sont employées à exploser la société au fil de mesures supposées salvatrices et qui ne font que renforcer la relégation et la discrimination.
C'est bien le "faire ensemble" qui fait la société commune des citoyens. Cet accomplissement se fait de façon indissociable dans tous les champs d'activité, travail, loisirs culturels ou sportifs, toutes formes de production personnelle ou collective...
Tout ce qui discrimine -fut-ce positivement-, tout ce qui "communautarise" sous l'étiquette d'une catégorie ruine le lien social que de multiples initiatives voudraient aujourd'hui s'employer à renouer... Impossible sans histoire. sans dépasser des mémoires nécessairement spécifiques et parfois antagonistes.
Emplois bleus ou jeunes, ou encore mieux dits d'Avenir... CMU, APA ou APL, la litanie des dispositifs ne cesse de se tricoter et de se détricoter dans une République qui tolère aujourd'hui que près de 3000 de ses citoyens meurent dans la rue chaque année.
Même le vocabulaire scelle le sort de la misère ; quand on banalise l'usage du terme "cas sociaux" on juge plus qu'on cherche à connaître ou à comprendre. Et le jugement est définitif, il classe, il enferme dans une vie de migrations aléatoires de HLM des villes en lotissements des campagnes, dans une société parallèle dont les beaux esprits vont se plaindre de comportements devenus coutumes se sont pas assimilés dans le patrimoine historique de ceux qui y échappent encore et qui vont pour les moins indifférents chercher un peu de conscience tranquille au travers d'un geste caritatif, Secours Pop ou Restos du Cœur en sont des catalyseurs efficaces.
Le seul projet dans l'éventail des présidentiel qui mettent les choses à plat et propose de reconstruire une société vivable est porté par Jean-Luc Mélenchon. Il tient tous les fils de la société à retricoter dans la perspective d'une 6ème République et la co-construction citoyenne de son projet en assure l'ancrage populaire.
Il propose aux femmes et aux homme de faire leur propre histoire, pas dans le vide du mythe du "ni droite ni gauche" de Macron, pas dans les vieilles lunes de la droite anesthésiée à la croyance, mais dans la vraie vie matérielle, en intégrant un passé historique dont la connaissance partagée n'a rien à voir avec le baratin de Macron qui réduit l'histoire à une cohabitation de mémoires antagonistes qu'il a la prétention de réconcilier... C'est dans l'enthousiasmante création intellectuelle que cela suppose que la société nouvelle peut se donner les outils de la maîtrise de son avenir : une constitution pour dresser la colonne vertébrale de la nouvelle République.
Tout comme la France , parfois en précurseur, parfois en accompagnant le mouvement, a su par le passé ouvrir au monde la perspective du progrès social... Du siècle des Lumières à ses Révolutions,,, du Programmes des "Jours Heureux" du CNR au bonheur bariolé du Mouvement de la Paix, les ressources n'ont jamais manqué. Et c'est face aux plus grands dangers que s'élèves les plus grands défis. 
Celui que les électeurs ont à relever est déterminant pour sortir le pays de l'engrenage de ses difficultés et donner à voir à l'Europe et au-delà qu'un autre monde est possible : un monde humaniste et respectueux de la planète, un monde vivable et durable, un monde capable de faire la paix et non la guerre sans fin, un monde du partage, de la coopération, du respect et de l'intelligence.

Dernière station avant le chaos ? Non, les artisans du cataclysme mortifère qui disloque notre société et met le monde à feu et à sang peut encore perdurer avec les purges et les lavements des Diafoirus d'aujourd'hui ; nous avons touché le fond, mais ils creuseront encore pour entretenir le chômage et la misère, la désertification des campagnes et l'asphyxie des villes,.. ils trouveront de nouveaux boucs-émissaires pour diviser les peuples et étouffer leurs cris de souffrance sous l'édredon de leurs privilèges.

La question des prochaines élections rejoint celle d'un jeu radiophonique : Stop ? ou encore !

Eh bien aujourd'hui, si vous ne considérez pas le travailleur comme une marchandise, c'est MELENCHON... ou encore ?
A vous de choisir ? mais, si vous en redemandez, dégustez bien le ragoût faisandé jusqu'au bout, et ne venez pas vous en plaindre.

Aucun commentaire: