La lecture de la double page de l'Huma Dimanche de cette semaine sur la crise politique ne manque pas d'intérêt.
L'implosion de l'UMP asphyxiée dans les dettes et les affaires politico-financières avec la perte de plus de la moitié de ses adhérents de 2012 à 2013...
L'effondrement du PS plombé par les reniements du candidat Hollande devenu président dans la ligne d'un social libéralisme dont l'histoire récente en Europe a montré aussi bien les ravages sociaux qu'une capacité inégalée à remettre la droite aux affaires...
Et vient en conclusion un propos à retenir :
"... les partis devaient tuer la présidentialisation. La présidentialisation est en train de tuer les partis."
Le constat, certes tardif, a le mérite d'être exprimé ! Fallait-il être niais pour imaginer une autre issue à la dérive bipartite alimentée par le PS autant que par l'UMP qui, l'un comme l'autre, ont su instrumentaliser le FN au point d'en faire aujourd'hui un concurrent. La droite a utilisé la prédilection du "contre tout" de l’extrême droite pour affaiblir la gauche d'opposition... Les socialistes, Mitterrand en tête, ont utilisé les talents xénophobes, racistes et discriminatoires de l'extrême droite pour affaiblir le potentiel d'une droite réduite à sa part dite "républicaine"...
Ces processus de réduction des forces adverses a si bien marché qu'aujourd'hui, après un premier tour de désaveu pour les deux "grands partis d'Etat", le deuxième tour de l'élection législative de Valenciennes va opposer un centriste de Borloo au Front National.
Beau résultat !
Peut-être faudrait-il ajouter à la lecture de cet état de fait qui interroge l'observation de l'autre volet du jeu bipartite : l'effondrement de la gauche, tout simplement et du Parti Communiste en particulier.
Quand Mitterrand, devant l'Internationale socialiste à Vienne, évoquait son intention de réduire l'influence des communistes en France, beaucoup des électeurs d'aujourd'hui, et certainement autant d'abstentionnistes n'étaient pas encore nés.
Et depuis ces dernières années, la dissolution de l'image du PCF dans la mouvance informelle du Front de Gauche a fait le reste à un point de faiblesse dont témoignent les résultats successifs de chaque échéance électorale.
"... les partis devaient tuer la présidentialisation. La présidentialisation est en train de tuer les partis."
Euthanasie active ou suicide assisté, les partis politiques ne sont plus que fantômes dans les caves de la République. Tout comme dans le sport spectacle, la politique spectacle exhibe ses vedettes aux balcons de la République, débarrassés du boulet des organisations qui les ont faites.
Et il n'y a pas qu'au sommet présidentiel de l'édifice que le mal a frappé ; c'est jusqu'au plus élémentaire des niveaux de la représentation démocratique que la dissolution des partis dans la prétention des élus à tout régenter a tué les partis politiques. Est-il besoin d'évoquer le cumul des mandats ?
Cette dérive dénoncée depuis aussi longtemps qu'elle est utilisée pour s'accaparer l'illusion du pouvoir serait-elle à la veille d'être considérée comme dangereuse pour la démocratie ?
Il est toujours difficile d'avoir raison trop tôt ; mais n'est-il pas déjà trop tard ?
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