lundi 7 octobre 2013

Les radeaux de la misère

Au large de Brignoles et dans les vagues de l'élection cantonale la gauche coule !
Les médias garde-côte arrivent juste à temps pour sauver ceux qui ont surchargé la barque avant de l'envoyer par le fond.
Le FN n'est pas un jouet mécanique dont le PS ou l'UMP remonte le mécanisme pour nuire à leur adversaire. Quand l'UMP singe les positions du FN elle ne lui retire rien, bien au contraire elle en facilite le renforcement en validant son extrême droite. 
Au siècle dernier Hitler est arrivé au pouvoir sur les vagues de la crise et de la misère.
L'extrême droite progresse aussi bien au Portugal qu'en Autriche ; les néonazis ont raté de peu leur entrée au parlement allemand et les pays du nord de l'Europe ont connu des évolutions similaires des courants d'extrême droite populistes et xénophobes.
Le danger n'est pas illusoire, et le dessaisissement citoyen marqué par l'abstention préfigure l'assoupissement démocratique d'une Europe étrangère à ses peuples sous l'emprise des lobbys qui en oriente la "gouvernance" technocratique.
La France est en prise directe avec cette dérive antidémocratique dans toutes les dimensions de la vie politique. Les boucs émissaires ne manquent pas, les Roms sont là, et l'épisode des squatteurs de la Place de Jaude il y a quelques semaines est révélateur de l'inhumanité dont notre pays est capable et coupable. Les régressions sociales (retraites, salaires et protection sociale...) conduisent naturellement les citoyens peu politisés à conclure à l'indifférenciation gauche-droite après les reniements socialistes sous la présidence Hollande.
Il n'y a pas de fatalité à la banalisation d'une extrême droite à l’affût de toutes les opportunités de prise de pouvoir. Encore faut-il se donner les moyens d'en extirper les racines idéologiques condamnables infiltrées dans beaucoup trop de consciences malmenées par la vie.

Passée le temps de l'émotion,  l'examen attentif de la situation ne peut que confirmer la tendance. Sans progresser  en voix le FN gagne en pourcentage :

  • 2011 : 33% avec 2757 suffrages
  • 2012 : 35% avec 2734 suffrages
  • 2013 : 40,4% avec 2718 suffrages

L'élection partielle de cette année est la seconde depuis le scrutin de 2011 remporté par le FN avec 5 voix d'avance sur le candidat du PCF ; en 2012 c'est Claude Gilardo (PCF) qui l'avait emporté de 13 voix sur le candidat FN. De recours en annulation l'élection partielle de cette année conduit à l'absence de la gauche au second tour avec plus de 66% d'abstention.

C'est bien ce chiffre clé que tous les commentateurs politiques devraient considérer et chercher à expliciter. Quand le FN rassemble 40% des suffrages en octobre 2013, ce n'est que 40% des 33% des électeurs inscrits qui ont exprimé leur suffrage. Ça remet le FN , et avec un léger recul en voix, à un niveau de 13%, ce qui est bien excessif, mais qui pointe surtout cette qualification par défaut du parti des Le Pen.

Dans cette triste aventure, le candidat de gauche, communiste en l’occurrence, paye avec le soutien du Parti Socialiste le rejet de la politique menée par le gouvernement depuis des présidentielles qui, loin d'apporter le changement, apporte chaque jour son cortège de mesures de renoncement tournant le dos à la gauche.
Dans ces conditions, comment ne pas s'attendre à la démobilisation massive des électeurs de gauche qui finissent par voter avec leurs pieds en constatant que rien de leurs attentes ne voit le commencement du début d'une amorce de changement progressiste.

A gauche, le parti communiste s'est mis dans le pire des pétrins, écartelé qu'il est désormais entre la nécessité d'une alliance avec des socialistes qui ont la clé de l'élection de beaucoup de communistes, aux municipales, mais aussi et surtout aux sénatoriales et dans l'ensemble des autres scrutins et un front de gauche plus rebelle et soucieux de se démarquer de la dérive libérale des politiques socialistes. La perte se dessine sur les deux tableaux ; perte d'identité d'abord dans une configuration élogieuse des différences plus soucieuse de l'apparence et des éléments périphériques que du socle communiste et de sa base idéologique, la perte d'influence n'en est que plus grave dès lors que l'image du parti n'est plus attachée qu'à celle des élus qui lui restent avant les prochaines échéances.

La redéfinition de la gauche et de ses contours ne se fera pas dans le flou d'un arrangement local à géométrie variable. La vie politique française a toujours oscillé de droite à gauche et de gauche à droite avec un centre qui penchait tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Depuis quelques années l'absence d'un centre gauche a été compensée par la dérive droitière d'une partie du PS. Et si les socialistes ont vocation à figurer sans l'éventail des forces de gauche, sa frontière avec le centre ne passe désormais que par son intérieur.

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