mercredi 30 octobre 2013

La mort des percepteurs

Ecotaxe ajournée ou pas le vrai problème reste entier : le bien public peut-il être offert à l'appétit privé ?
Il est revenu le temps des fermiers généraux...
Bientôt plus besoin de percepteurs, l'Etat arrose les actionnaires en assoiffant ses services publics.
La preuve par la fameuse "écotaxe".
Ecomouv' est une société filiale d'une société d'autoroutes italienne créée tout spécialement pour l'occasion et qui a emporté le "marché" avec un contrat d'une durée de 13 ans et 3 mois portant sur le développement, l'exploitation et la maintenance du système de perception et de contrôle de l'écotaxe.

Ainsi l'Etat privatise aussi bien la perception que la gestion et le contrôle fiscal !
Une première ? Non bien sûr ; une grosse demi douzaine de sociétés privées se partagent le gâteau des radars des bords de routes... et qui rapportent chacun bon an mal an plus de 200 000 euros. L'Etat récupère l'essentiel... mais il faut bien satisfaire l'appétit des actionnaires de ceux qui spéculent sur l'équation vitesse-accident-profit. 
Pendant ce temps là on ne se pose guère la question de la qualité et de l'entretien des infrastructures... le modèle de la SNCF qui réduit la vitesse de ses trains sur les vieilles lignes pourries plutôt que de les refaire frappe désormais la route. à 80 km/h la qualité du revêtement, le profilage, et l'entretien des abords de la route deviennent bien moins déterminants pour la sécurité des usagers qui vont prendre le temps de compter les moutons dans les prés.
Les bretons s'insurgent et arrachent les portiques percepteurs d'écotaxe !!!
C'est un peu comme dans les temps anciens des rébellions populaires qui jetaient à l'eau par dessus le parapet le percepteur d'octroi.
Cette révolte est juste, mais est-on bien sûr que les révoltés d'aujourd'hui servent la cause commune et que l'objet de leur courroux soit le bon ?
Pas si sûr ! Sinon on verrait fleurir des pancartes dénonçant ce contrat juteux estimé à près de trois milliards dans lequel des société françaises se sont inscrite aux côtés des italiens d'Autostrade per l’Italia (SFR, SNCF, Thalès...). Ces milliards qui vont être canalisés vers les coffres des sociétés actionnaires ne seraient-ils pas plus utiles dans les caisses d'un Etat dont on vante la misère à chaque instant ?
Si tant est que cette taxe soit juste et justement calibrée dans son assiette comme dans son volume...
Ainsi l'Etat privatise la perception de l'impôt et les sociétés privées, non contentes de se faire "dégrever" de leur impôt par dizaines de milliards d'euros chaque année aux multiples prétextes de la compétitivité, des zones franches, etc. vont maintenant se payer sur la bête en prélevant l'impôt !
Et ça devient presque grotesque quand on voit la SNCF se mettre à table pour profiter de la redevance de ses propres camions (la SNCF figure parmi les plus gros transporteurs routiers français !).

Cette "libéralisation" de l'économie de marché accompagnant le "moins d'Etat" cher à la droite, politique acceptée et développée par un gouvernement dit de gauche en France aujourd'hui n'est rien d'autre qu'une étape nouvelle dans le perfectionnement du pillage capitaliste de la richesse commune au détriment des plus faibles et au profit des plus riches.

Plutôt que de s'émerveiller du "partenariat public-privé" ou se sacrifier le bien public sur l'autel d'une concession, c'est là que devrait s'écarquiller les yeux et les oreilles de celles et ceux qui ne parlent de révolution que pour sortir leur fiche de paye des urnes qui ne font plus recette.

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