Nous vivons bien dans une démocratie, n'est-ce pas. Mais avec le temps les mots sont comme les gens, et parfois les choses : ils vieillissent, perdent de leur souplesse, de leur couleur et de leur vigueur. Les mots, images des idées, ne sont pas faits pour les écrins de soie et la naphtaline ; ils sont enseignés à l’école de la République et à celle de la vie pour être partagés au présent, pour porter la mémoire du passé, et pour dessiner l’enthousiasme de l’avenir.
Dans le récit que mon camarade Jean-Claude reprend aujourd'hui sur son site après le rebondissement dans l’affaire qui avait émaillé la visite présidentielle en Montagne bourbonnaise et qui avait vu un syndicaliste conservé pas des gendarmes sans être retenu, tout en étant gardé, on sent bien comment la coïncidence fait sens. Peut-être était-il, lui aussi, dans le collimateur des surveillants de la garde présidentielle.
Aujourd’hui, la démocratie est à l'hospice, boiteuse et maigrichonne ; de sa jeunesse il ne lui reste plus guère que quelques souvenirs de rencontres avec la liberté, l'égalité ou la fraternité... Et les soignants qui s’occupent à l’euthanasier ne parlent plus que d’enfermitude, de discriminitude et… de solitude.
Aujourd'hui la démocratie déambule dans les couloirs blafards de son enfermement au rythme du cliquetis des articulations mécaniques de son déambulateur présidentiel. Elle n'a plus guère de visites depuis qu'elle est veuve du scrutin et que la grande famille de ses enfants a choisi de fréquenter le temple de l'abstention. Cette dernière fille de la famille était née de la Résistance, son enfant de 68 a disparu bien prématurément et celui de 81 a bien mal tourné, préférant l’illusion de la vie facile dans la culture des idées reçues il n’a guère pris soin de son héritage.
Alors bien sûr le regard de Mamie Démocratie sur le monde s'est terni, son esprit s'émousse avec pour seul spectacle du monde celui de la petite lucarne qui lui fait croire aux propos de saltimbanques qui manient sans modération le bâton de la peur et la caresse hypocrite.
Aujourd'hui aussi, nombreux sont ses enfants élus, qu'ils soient naturels, légitimes ou d'adoption qui montent la garde à la grille de l’hospice, ils sont tellement convaincus que le partage du pouvoir les en priveraient qu'ils confinent la démocratie dans les couloirs de leurs assemblées, ne concédant à la démocratie que quelques rares sorties en voyage organisé dans des espaces de "démocratie participative", ou de "démocratie active", ou de "démocratie citoyenne"... C'est un peu comme la sortie des enfants à Mickey Land ou au parc Sarkozix... les grandes personnes s'imaginent que les enfants ont besoin de ces monstres mécaniques à fric pour apprendre à s'amuser et s'amuser à apprendre ENSEMBLE.
Il ne faut pas se bercer d'illusions, la démocratie, comme les hommes qui la font, n'est pas immortelle. Sa survie est intimement liée à la capacité des citoyens à assurer sa descendance, sans citoyens politiquement puissants, sans organisations politiques actives et mobilisatrices, sans vie sociale et culturelle riche, instituant le fameux "vivre ensemble" dans la vraie vie, autrement que dans les slogans et les discours, sans conscience politique aiguisée, la démocratie se meurt en vieille esseulée.
Depuis 1789, et même avant quand les Jacques levaient leurs fourches sous les murs des châteaux, les peuples ont su faire vivre la démocratie... Mais ils ont plus souvent oublié de bien l'entretenir en acceptant des locataires du pouvoir que ses derniers se l'accaparent pour se l’approprier.
Napoléon, quel qu'en soit le numéro, Thiers ou Pétain, pour les plus anciens avaient bien enterré la démocratie française chacun à leur tour sacrifiant la Révolution, la Commune ou la République. Le peuple de France a su la faire revivre. Aujourd'hui le temps est venu de la sortir des griffes de ses fossoyeurs du moment.
L'engagement citoyen et militant des communistes en serait un bon moyen.
L'heure n'est pas à mettre le drapeau dans la poche quand le pouvoir fait pister ses présumés opposants par les forces de l'ordre.
Qu'il sache au moins que la résistance existe !
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