mardi 15 décembre 2015

Pauvre Auvergne

A-t-on discuté de tout ça dans la campagne ?

Pas de chance pour notre belle région "en transition" qui, par le truchement du mariage d'intérêt avec la beaucoup plus riche Rhône-Alpes perd son statut et le niveau des aides européennes qui vont avec !

A-t-on discuté d'autre chose dans la campagne ?

Quelle campagne ?

L’impact de la réforme territoriale vue par la lorgnette européenne

Cet article est paru dans Le Club Finances
Publié le 09/12/2015 • Mis à jour le 08/12/2015 • Par Isabelle Smets • dans : Actualité Club finances, Europe

Comment la réforme territoriale engagée en 2012 – et en particulier la fusion des régions – influera-t-elle sur le « classement » des régions en Europe et quelles seront ses conséquences sur la politique de cohésion? Marjorie Jouen, conseillère à l’Institut Jacques Delors « Notre Europe », livre son analyse.
La réforme territoriale française ne fera pas émerger de nouveaux « géants » économiques européens. Mais elle pourrait bien avoir un impact sur la distribution de la manne européenne des Fonds structurels. Ce sont là deux des conclusions d’une nouvelle étude publiée par l’Institut Jacques Delors « Notre Europe ».

D’un point de vue purement statistique, c’est un fait : le regroupement des régions françaises va modifier la hiérarchie européenne des régions « qui en imposent ». Avant la fusion, seules l’Ile-de-France et Rhône-Alpes entraient dans le classement des 20 régions les plus peuplées de l’UE. Elles seront 6 à y figurer à partir du 1er janvier 2016 – avec Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne qui intègrent le top 20.

Par contre, cette nouvelle hiérarchie n’entraînera pas de changements majeurs dans la hiérarchie européenne des produits intérieurs bruts (PIB). De ce point de vue, « les Länder allemands et quelques régions dynamiques du Royaume-Uni, d’Italie et d’Espagne domineront encore très largement », note Marjorie Jouen, l’auteure de l’étude. L’effet, ici, est donc essentiellement national. « Il ne devrait pas y avoir d’effet majeur sur les classements européens des régions les plus performantes en matière de compétitivité, d’innovation, d’emploi, de pauvreté, d’éducation-formation, etc. »


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Le cas des régions « en transition »

Et sur la politique de cohésion ? Inévitablement, le rapprochement des régions produit un effet d’enrichissement ou d’appauvrissement mécanique puisque les PIB/habitant vont correspondre à la moyenne de ceux des régions fusionnées. Comme ce PIB/habitant sert à classer les régions dans l’une des trois catégories européennes (plus développées/en transition/moins développées) – et donc à déterminer les enveloppes qui vont avec – la fusion peut valoir son pesant d’or.

Que remarque-t-on ? Pour la programmation 2014-2020, dix régions françaises ont été classées comme « régions en transition », ce qui leur a permis de bénéficier d’aides européennes plus importantes et de davantage de flexibilité dans les choix stratégiques de leur programmation. Avec les « nouveaux » PIB, seules les régions issues du rapprochement entre le Nord-Pas de Calais et la Picardie et entre la Bourgogne et la Franche-Comté – ainsi que la Corse – garderaient ce statut de « région en transition ».

L’Auvergne, la Lorraine, le Languedoc-Roussillon, le Limousin, la Basse-Normandie intègrent toutes des ensembles qui leur font perdre ce statut.

« La perte financière (…) serait d’autant plus regrettable qu’elle ne coïnciderait pas forcément à une amélioration de la situation socio-économique sur le terrain », souligne Marjorie Jouen. Et les chances de faire reconnaître cet effet statistique pour la programmation qui suit 2020 – à supposer que la catégorie des régions en transition continue à exister, ce qui est loin d’être acquis – « paraissent minimes », selon l’auteur. Faut-il le rappeler ? Ce statut bénéficie essentiellement aux régions françaises et « ne jouit pas forcément d’une grande popularité auprès des autres gouvernements ».
Des priorités à faire converger

Au-delà des chiffres, il y a les programmes. On le sait : la décision a été prise de continuer la mise en œuvre des programmes négociés par les « anciennes » régions. Si Marjorie Jouen n’exclut pas que certains gestionnaires ou élus soient tentés de modifier certains éléments, elle estime l’option peu probable étant donnée la lourdeur de la procédure. Par contre, elle prévient : les régions nouvellement créées ont intérêt à rendre davantage cohérentes les stratégies régionales préexistantes.

Chacune, selon la réglementation européenne, a dû élaborer ce qu’on appelle une « stratégie de spécialisation intelligente », qui précise les secteurs qui feront l’objet d’investissements et dans lesquels les entreprises seront soutenues. Or, un coup d’oeil sur ces documents montre la diversité des profils économiques et des choix stratégiques des régions. Le secteur de la santé apparaît ainsi comme une priorité d’investissement pour l’Alsace (e-santé, robotique, imagerie médicale,…) mais semble une priorité secondaire pour la Lorraine et la Champagne-Ardenne, avec qui elle ne formera pourtant plus qu’un. Idem dans l’énergie : certes une thématique prioritaire pour les trois régions mais « les stratégies envisagées sont diamétralement opposées ». Conclusion : « la mise en cohérence de ces stratégies constituera assurément un grand défi interne pour les futurs dirigeants des grandes régions ».


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