mercredi 30 décembre 2015

L'unilatérale

Aujourd'hui plus qu'hier, et bien moins que demain...
Tout se passe comme si le gouvernement, sous le regard bienveillant du président de la République, ou sous son autorité (*) voulait à tout prix recoller avec les pratiques réactionnaires de Sarkozy.
Chaque élément d'actualité doit déclencher une opportunité d'exposition médiatique pour flatter l'opinion dans le sens du poil dont on ne sait plus s'il est nature ou mis en pli. Avec un volet sécuritaire toujours prégnant l'épisode corse en est une nouvelle illustration.
Sur le sujet majeur du moment, la déchéance de la nationalité pour les bi-nationaux reconnus coupables de terrorisme, etc., la confusion dans la communication gouvernementale, le trouble chez les socialistes et plus encore à leur gauche, la satisfaction mâtinée de gourmandise de la droite qui en veut toujours plus... tout conduit à priver les citoyen d'un débat serein et clair sur le sujet.
Impossible devant la toile de fond du "problème FN". Tout se passe comme si, et seulement si, le pays ne vivait que dans la perspective des présidentielles de 2017 avec l'épée de Damoclès de l'avènement d'une dynastie Le Pen. Donc, pour couper l'herbe sous le pied de la droite et de son extrême, il faudrait occuper leur terrain et cultiver leurs penchants !
(*) A l'évidence, pour Valls le PS d'aujourd'hui doit finir sa mutation sociale libérale et ses prises de position n'ont d'autre but que de préfigurer une solution de centre-gauche dans laquelle des écologistes sont également partagés.
Pour François Hollande le jeu est plus complexe, et sa ligne de conduite aussi incertaine qu'elle s'éloigne de sa gauche vise à la fois à faire que Valls brûle les ailes de sa concurrence tout en en exploitant son talent dévastateur dans les rangs socialistes.
C'est une forme de politique de la terre brûlée qui tient à l'écart une bonne part de son électorat initial tout en lui signifiant qu'il n'a d'autre choix que celui de le suivre.
Aussi bien avec un premier ministre qui suit l'opinion qu'il fabrique qu'avec un président autocentré sur sa seule permanence au pouvoir, la France est engagée dans une marche arrière démocratique qui va s'amplifier avec les premiers effets des réformes territoriales  qui ne vont pas tarder à faire sentir leurs effets.
Les moulinets gouvernementaux sur le sujet de la révision de la constitution qui serait sensée renforcer l'Etat pris sous la menace terroriste seraient plus crédible si par ailleurs c'est le moins d'Etat qui prévalait. 
Quand va-t-on s'interroger sur les causes qui conduisent des jeunes paumés à sombrer dans l'abomination d'une l'inféodation aux thèses criminelles des terroristes islamistes ?
On vient à peine, des années et des années après de lever un coin du voile sur les responsabilités américaines dans la manipulation des talibans qui préfiguraient le terrorisme d'al-quaïda ; quand connaîtrons-nous les tenants et les aboutissants de la propagation de la menace terroriste de  "l'Etat islamique" du Moyen Orient au reste du monde ?
En politique, intérieure comme étrangère il n'est guère de génération spontanée, et les effets ont généralement des causes identifiables, encore faut-il avoir la volonté de faire la lumière...

Déchéance de nationalité ? Accueil des migrants ? Résorption du chômage... A défaut d'identifier et de traiter les causes, les conséquences auxquelles le pays doit faire face ne peuvent qu'être de plus en plus dommageables à l'unité nationale et à la cohésion sociale dans l'emballement recessif d'une démocratie fragilisée (cf. état d'urgence).

Qu'est-ce que la radicalisation et comment l'endiguer ?
N'y aurait-il d'intégrisme qu'islamiste ?
Comment réintroduire le fait laïque dans un monde politique où l'intrusion religieuse est permanente, stigmatisée quand elle touche à l'islam et revendiquée au prétexte d'une culture ou de la tradition  dès qu'elle touche à une part du christianisme ?

Les questions ne manquent pas qui devraient occuper l'esprit des 60 ou 80 % de "sondé" qui soutiennent le projet gouvernemental de déchéance de nationalité...
Quelle outils leur a-t-on fournis pour qu'en conscience ils expriment ce choix ? Quelle éthique, quels fondements juridiques, quelles perpectives d'amplification du mouvement ou de reversibilité ? ...

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