samedi 26 décembre 2015

Le fil à couper le beurre

... dernière invention du premier ministre désormais en lice face à Macron et son invention de l'eau tiède pour le prochain concours Lépine...
Il n'y a rien d'original à constater le glissement à droite dan le paysage politique français curieusement engagé depuis une quarantaine d'années, après que la gauche soit revenue au pouvoir.
Sitôt l'euphorie de 81 passée la reculade mitterrandienne de 83 marquait l'amorce d'un virage à droite résolu qui ne s'est ensuite jamais démenti.
Au prétexte de "réalisme" ou de "pragmatisme" la social démocratie a peu à peu retrouvé son penchant centriste pour le consensus mou, réformisme perméable à toutes les thèses libérales.
L'important, c'est le pouvoir, peu importe par quels moyens on le gagne et encore moins par lesquels on le conserve !
Les passages par les gouvernements dits "d'ouverture" ajoutés au périodes de cohabitation , ont fini de déboussoler des citoyens désormais bien plus encadrés par les lobbies et les médias qui les servent que par le militantisme politique. 
Quand Emmanuel Valls disait récemment que la gauche pouvait disparaître, il ne faisait que formaliser le terme d'une démarche engagée depuis l'ère mitterrandienne dont les historiens peineront à trouver les gènes "de gauche" ailleurs que dans les cendres des cocus de "l'union de la gauche" qui lui avaient alors servi ce marche-pied.
La disqualification des partis politiques instrumentalisés au profit des carriéristes de tous poils dans le métier d'élu est aujourd'hui aboutie, et c'est sur ces ruines idéologiques de la droite comme de la gauche que prospère désormais le chiendent d'extrême droite.
Ce n'est pas par hasard non plus que depuis une bonne trentaine d'années le nombre des affaires politico financières ne cesse de croître. Comme le dit très bien Roland GORI : "... ce n'est plus l'honneur qui légitime l'organisation aristocratique de la société, ni malheureusement la vertu qui est la valeur cardinale organisatrice de la République aujourd'hui dégénérée, mais l'intérêt et le profit qui régissent le gouvernement". C'est cette limite de l'accaparement capitaliste qui prospère sous la loi libérale qui a complètement asservi le politique en bornant son action à son service : toutes les politiques publiques concourant au "moins d'Etat" en sont l'illustration la plus patente. Là où les pouvoir publics avec les services du même nom désertent le terrain social après avoir concédé l'économie au privé ce sont les communautarismes qui prennent le relais ; la puissance publique l'encourage même vivement en déployant tout un arsenal de substituts privés pour palier ses carences. Le monde associatif instrumentalisé joue un rôle indéniable dans cette mise en charpie d'une République dans laquelle les inégalités s'accroissent sans cesse, où la misère gagne dans toutes les générations. Imaginez un hiver sans les Restos du Coeur, une recherche médicale sans Téléthon, les oubliés des vacances ou le Père Noël vert sans le Secours Pop...
Il faut bien qu'aujourd'hui un journal économique de droite découvre lui aussi le fil à couper le beurre : " les grandes entreprises françaises sont plus généreuses avec les actionnaires qu'avec les salariés !"
Ah bon ?
Il a même fallu mobiliser les calculettes d'un cabinet d'experts pour découvrir qu'en 2014 les actionnaires des entreprises du CAC 40 s'étaient attribué 56 milliards d'euros, alors que les salariés de ces mêmes entreprises n'avaient récupéré qu'un dizaine de milliers sous forme d'intéressement, participation ou autre système de primes... L'évolution salariale dans le même temps ? Vous n'y pensez pas, IL N'Y A PLUS DE SOUS ! ... pour payer le travail.
Le petit monde du premier ministre qui "aime l'entreprise", c'est celui du PDG de Renault -dont l'Etat est encore un peu actionnaire- qui en dix ans gagne plus de 22 millions d'euros pour supprimer  23500 emploi.
C'est bien sûr avec des alliés de cet acabit qu'on va renverser la courbe du chômage !
Et avec Macron aux commandes de l'économie, les millions de chômeurs peuvent toujours rêver de devenir entrepreneurs pour enfin exploiter leurs semblables, tâcherons payés à la mission, au chantier, à l'heure ou à la journée, Et sans souci pour le niveau du salaires en dessous du SMIC, l'Etat répond présent pour compléter le salaire trop bas avec un peu d'argent public... Moins de "charges" pour les entreprises, un "coût du travail" revu à la baisse,  tout ça pour massifier la misère en même temps qu'on sacralise le profit.
La vie est belle...

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