lundi 20 avril 2015

Tiers payant

La grogne des médecins contre la mise en place du tiers payant généralisé de la loi santé peut paraître à beaucoup comme une contestation ringarde et très catégorielle de gens qui craindraient la transparence de leurs recettes désormais intégralement passées au crible du système.
Par ailleurs cette réforme est "vendue" aux usagers comme le progrès avec le soulagement de n'avoir rien à payer de ce qui n'est pas gratuit pour autant.
Que les patients n'aient pas à rechigner à consulter pour cause de débours avant remboursement, tant mieux !
Mais un caractère vicieux du procédé n'a pas été trop évoqué jusqu'à présent. Dès lors que le tiers payant généralisé sera en place, pour le patient comme pour le médecin, la transaction va occulter les parts respectives du remboursement du régime de base de la sécurité sociale et celle des assurances complémentaires.
Dès lors le glissement pernicieux du désengagement du régime sécu au détriment des complémentaires passera plus inaperçu, sauf au moment de l'appel à cotisation des complémentaires qui ne manquera pas de continuer d'augmenter.
La seule réforme de la protection sociale en matière de santé serait d'instaurer le régime unique et universel de sécurité sociale qui garantirait à tous les mêmes droits avec une assiette de cotisation visant à ce que tous contribuent en fonction de leurs moyens pour que chacun soit servi en fonction de ses besoins.
Comme beaucoup d'autres loi, signe du temps, celle-ci est un assemblage d'une multitude de mesures dont certaines peuvent être brandies comme des progrès pour mieux occulter le danger de la plupart des autres ; mais comment croire au renforcement de la médecine scolaire ou de celle du travail quand on a vécu leur délabrement programmé à coup de coupes budgétaires qu'on promet de poursuivre avec encore des milliards "d'économies" à réaliser à l'hôpital ?
C'est ainsi que les regroupements d'établissements, préfigurant la fermeture de beaucoups pour mesures d'économies, le maintiens des forfaits et des franchises, le renforcement des ARS dans leur rôle d'officines du pouvoir pour imposer les mesures de restriction budgétaires sont tout autant de mesures qui ne font que sacrifier la santé publique sur l'autel du "marché de la santé", en renforçant la privatisation des secteurs les plus "juteux".

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