lundi 26 janvier 2015

Victoire sur le dette

Les Grecs votent et mettent les libéraux européens aux abois !
Y a-t-il vraiment péril en la demeure ?
Les commentateurs de tous poils parlent de "gauche radicale" à propos du mouvement SYRIZA qui remporte l'élection et rate la majorité absolue des députés à 2 sièges près. Soit. Pour appuyer son gouvernement sur une majorité parlementaire Alexis Tsipras doit composer avec d'autres forces politiques.
Le parti socialiste ressort complètement affaibli de ce scrutin avec 13 députés (perte de 8,5% et de 20 sièges).
Avec 15 députés, le parti communiste gagne 1% et 3 sièges depuis les élections de juin 2012.
Entre mai et juin 2012 les communistes avaient perdu 4% et 14 sièges pendant que Syriza gagnait 10% et 19 sièges.

Législatives en GRECE 2009 mai-12 juin-12 2015
% sièges % sièges % sièges % sièges
Pasok 43,9 160 13,2 41 12,3 33 4,7 13
Syriza 4,6 13 16,8 52 26,9 71 36,3 149
KKE 7,5 21 8,5 26 4,5 12 5,5 15
total gauche 56 194 38,5 119 43,7 116 46,5 177

De 1981 à 2009, le parti socialiste (PASOK) a dominé la gauche en rassemblant entre 38 et 48% des électeurs. Sur cette période ils ont dirigé 7 des 11 gouvernements successifs en alternance avec la droite.
Dans la lignée de l'évolution des socio-démocrates européens vers un social-libéralisme qui les conduit à participer à des gouvernements de coalition avec la droite comme en Allemagne, et dans la ligne de la politique libérale de l'Europe comme les socialistes français, les socialistes grecs payent aujourd'hui leur dérive politique à droite.
Le nouvel équilibre à gauche se fait au profit du mouvement Syriza qui laisse à sa gauche un parti communiste hors d'une majorité parlementaire qu'il compose avec un parti de droite ultra conservateur et pro religieux.
Curieux, cet attelage peut interroger sur les intentions à long terme et la solidité de la coalition...
C'est sur le contenu des mesures gouvernementale que chacun pourra se faire une idée de la réalité des perspectives de changement pour sortir le peuple grec de l'enfer dans lequel les remèdes de la finance mondiale et européenne l'avaient plongé.

A voir les gesticulations des "zéconomistes zexperts" les Grecs ont peut-être fait le bon choix en refusant le bâillon économique qu'on leur imposait.
Quant à la dette de la Grèce, un grand spécialiste rabâche depuis ce matin que la part de la France dans la dette de la Grèce est de l'ordre de 40 milliards... pensez donc près de 700 € par tête de français, bébés compris ! Belle supercherie que cette présentation qui oublie l'étalement du remboursement de la dette ; mais encore pire, ce grand spécialiste ne verse pas la moindre larme de crocodile sur la même somme qui est sorti des finances publiques de la main du gouvernement pour aller dans les caisses des entreprises sans guère de contreparties en terme d'emploi au vu de l'évolution de la courbe du chômage... 

Pour les plus perspicaces on peut aussi évoquer, face aux rodomontades de Mme Merkel les dettes restant impayées de l'Allemagne à la Grèce du fait du pillage de ses richesses et des dommages causés par l'occupation allemande d'avril 1941 à 1944 : l'estimation  de l'ensemble s'élèverait à plus de 150 milliards d'euros (sans les intérêts !). Daniel Cohn Bendit la réduit au plan "moral" à plus de 80 milliards. Ce qui n'est déjà pas rien.

Le laboratoire de l'expérience grecque mérite d'être suivi de près pour en débusquer les faux-pas et en faire prospérer les espoirs pour tous les peuples emprisonnés derrière les grilles de l'austérité.

En France depuis l'an 2000 les inégalités n'ont cessé de croître entre les plus pauvres (de plus en plus nombreux) et les plus aisés (de plus en plus riches).
Extrait de l'observatoire des inégalités :
"Entre 2001 et 2011, le niveau de vie moyen annuel des 10 % les plus pauvres [1] a très peu augmenté : + 0,9 %, soit un gain de 70 euros, une fois l’inflation déduite. A l’opposé, celui des 10 % les plus riches a connu une nette augmentation, de + 16,4 % soit un gain de 8 115 euros.
En 2001, les 10 % les plus riches avaient un revenu 6,2 fois supérieur aux 10 % les plus pauvres. C’est ce que l’on appelle l’écart relatif. En 2011, cet écart s’est creusé puisque les plus aisés touchent maintenant 7,2 fois plus que les plus modestes. En valeur absolue, c’est-à-dire en euros, cet écart est passé de 41 580 euros en 2001 à 46 625 euros en 2011.
Non seulement les revenus des catégories aisées progressent, mais ceux des plus démunis diminuent. Entre 2008 et 2011, le niveau de vie moyen annuel des 10 % les plus riches a augmenté de 1 795 euros, alors que celui des 10 % les plus pauvres a baissé de 360 euros (voir notre article 2008-2011 : inégalités en hausse, revenus en baisse pour les plus modestes). Et la situation s’est probablement dégradée depuis 2011 du fait de la progression du chômage. On passe d’un régime de progrès mal partagé à un régime au sein duquel les différentes catégories sociales s’éloignent les unes des autres. Ceci est très différent et constitue un moteur majeur des tensions sociales."

Un jour viendra où, en France, le mouvement populaire suivra l'exemple grec en se détournant des socialistes marchands de promesses non tenues et rechercheront avec la gauche l'issue profitable de leurs difficultés. Peut-être d'autres auront précédé les français en Italie, en Espagne ou au Portugal.

Ce jour viendra ; encore faudra-t-il qu'une force politique en capacité d'accueillir et d'accompagner cet espoir de changement soit disponible... 
D'abord garant de  l'affaiblissement des communistes, le Front de Gauche ne réunit pas pour l'instant les conditions d'une telle ambition. 
Tout reste à faire.

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