samedi 1 novembre 2014

Funeste engrenage

Le drame survenu récemment sur le site du chantier du barrage de Sivens dans le Tarn détraque notre mécanique républicaine tout en remettant au moins trois questions en débat sur le devant de la scène médiatique .

  • L'action des forces dites "de l'ordre" et les moyens qu'elles emploient. 
  • L'évolution de l'activité agricole et les moyens qu'elle met en oeuvre. 
  • La persistance d'un activisme écologiste et les oppositions qu'il suscite. 
... sans compter ce que d'aucuns considéreraient comme un foyer de conflit d'intérêt !

Concernant l'action répressive des forces de police et de gendarmerie, rien de bien nouveau sous le soleil du début du XXIème siècle. 


A la fin du XIXème...
« Le 10 février 1875, vers neuf heures et demie du soir, de nombreux gendarmes sous la direction du sous-préfet, du procureur, du juge d’instruction et du capitaine avaient cerné le Grand-Pré et s’étaient avancés à un signal…. Aussitôt les brigades de gendarmes et le commissaires firent irruption en tirant des coups de feu… On interrogea les citoyens arrêtés… d’autres arrestations furent opérées.
Finalement, devant le tribunal correctionnel, dix-huit prévenus furent conduits, jeunes gens de vingt à vingt-cinq ans, dont le crime avait été de vouloir défendre la République. »
C'est ainsi que Ernest Montusès retrace dans son ouvrage consacré à Christou, le "député en blouse" la répression policière au temps où bonapartistes, monarchistes, radicaux et autres opportunistes rêvaient de renverser la Troisième République.
La répression sanglante de la grève des mineurs de 1948 par les CRS et l'armée envoyée par le ministre socialiste Jules MOCH et autorisés à tirer se solda par 6 morts parmi les grévistes, 2000 arrestations suivies de procès avec des peines de prison ferme, 3000 licenciements...
Le 6 décembre 1986, en marge des manifestations étudiantes contre la réforme universitaire Devaquet, Malik Oussékine meurt sous les coups de matraque des "voltigeurs" de la police de Pasqua.

La violence sociale n'excuse pas la violence institutionnelle, et vice-versa !

Concernant l'évolution de l'activité agricole l'actualité regorge de projets "novateurs" : exploitation laitière de "mille vaches", poulaillers de 250 000 pondeuses, moissonneuse batteuse avec une coupe de 12,50m, 650 cv sous le capot moteur, une trémie de 14 m3 pour la récolte, et embarquant plus de 1300 litres de carburant... Avec tout ça la révolution qui affame le monde est en route. Jamais l'écart n'a été aussi grand entre les pays dits "développés" et qui n'occupent désormais guère plus d'un et demi pour cent de leur population active aux travaux agricoles et les économies de subsistance comme il en existe encore en Afrique où, même avec plus de 80% de la population occupée aux activités agricoles la malnutrition persiste. 
Souvent la corruption, la guerre, les catastrophes naturelles et la manque d’institutions démocratiques ajoutent à la misère alimentaire. L'égoïsme des pays riches qui rechignent aux transferts de technologie entravés par la "loi du marché" contribue également pour une part non négligeable au désordre alimentaire de la planète. L'intensification des productions dans la France d'aujourd'hui crée des déséquilibres qui seront difficiles à réparer. La course à la productivité crée plus de surplus que de marges de manœuvre. Le moindre aléas climatique ne saurait plus être supporté sans "aide publique", comme si la collectivité qui n'est plus convenablement servie par une activité agricole nourricière (perte de l'autosuffisance alimentaire) ne devait qu'en assurer la rentabilité financière. Plus que jamais la réflexion doit porter sur le statut de la production agricole, de l'échelle de la planète jusqu'à celle des plus petits villages. L'accès à la nourriture et la production des denrées alimentaires sont d'abord des objets sociaux avant d'être ceux de la spéculation économique. C'est aussi ces questions qui doivent interroger sur la nécessité de production de maïs irrigué par ci, sur le labourage des prairies et l'abandon de l'élevage par là, sur l'exigence des revenus d'appoint...

Concernant l'activisme écologiste focalisé sur quelques grands chantiers, rien de trop neuf non plus ; quand bien même l'écologie aurait mieux à faire à gauche qu'à droite dès lors qu'il s'agit de respecter la nature et les hommes, les mouvances écologistes s'éparpillent dans tout l'éventail politique. Et c'est justement là qu'elles apportent la preuve de leur seule utilité confusionnelle. La nature ayant horreur du vide, et le volet écologiste étant fort mal servi -quand il existe-, dans les formations politiques traditionnelles, la nécessité d'en faire un machin autonome s'est fait jour, déployant ainsi toute la palette des verts, du plus blanc jusqu'au rouge.
Depuis belle lurette, les querelles écologistes ont nourri les guerres intestines de chaque camp bien plus qu'elles n'ont imposé de vrais débats et la prise en compte des préoccupations écologistes dans toutes les familles politiques ; pire peut-être, elles les exonèrent de cette embarrassante exigence et confinent l'écologie dans le rôle de l'appoint de circonstance.

A propos des événements dramatiques que nous connaissons, les médias auraient mieux à faire que d'alimenter les conversations de comptoirs en ne servant qu'une exposition triviale des conséquences. Pour que les gens comprennent les faits qui leur sont exposés de façon très superficielle et parcellaire, encore faudrait-il provoquer la réflexion, débattre des enjeux, faire se frotter les idées.

Rien que sur ces trois points du maintien de l'ordre, de l'orientation agricole et de l'écologie il y a de quoi faire. 

Et c'est en passant par là que chacun comprendrait que la gauche et la droite, ça existe et ce n'est pas la même chose... c'est en passant par là que chacun pourrait choisir librement son orientation en adhérant à des idées plutôt qu'en adorant quelque maître.

Quant à la violence organisée, celle dite des "casseurs" de fin de manif, s'est-on jamais posé la question de savoir qui la suscite ? "A qui profite le crime ? " question banale de l’enquêteur...
... au moins à une chose, au déploiement hors de proportion des forces de maintien de l'ordre face à des manifestants dont l'arme la plus commune est la parole et les munitions des idées.

Dans un monde NORMAL où régnerait la PAIX sociale comme la Paix tout court ne devrions nous pas être débarrassés de ces escouades de scarabées noirs engoncés dans leur armure d'un autre âge ? Nous pourrions les exporter outre atlantique où leur look d'extra-terrestre ferait fureur dans les stades de foot-ball américain.


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