Pour "vendre" son Pacte de Responsabilité le Président de la République vante l'effet emploi qu'il ne manquerait pas de générer. Les experts s'en amusent selon leur penchant idéologique ; proches du parti du président ils voient les patrons embaucher puisqu'on va leur donner 30 milliards d'euros cash... plutôt versés à droite les mêmes nous expliquent que ce n'est pas assez, pensez donc, 30 milliards, une chichiteuse obole ! Ils en veulent 100 ou 150, c'est selon ; quant aux emplois créés en contre partie, rien de moins sûr, il faudra voir... quand les actionnaires se seront servis, s'il en reste.
Dans tous ces débats, comme sur le front du comptage des chômeur, de l'effet de l'ouverture des magasins le dimanche, du travail de nuit, de l'effet emploi de la baisse de TVA en restauration, de la fermeture de la grande usine d'Aulnay ou d'Amiens, de la petite papeterie des Vosges ou de celle programmée de la mine d'ardoises de Trélazé, dans tous les cas on nous assène l'avis des experts qui se battent à grands coups de chiffres pour justifier les choix économiques désastreux qu'on connait.
Les mêmes se gardent bien d'évaluer la justesse de leurs prévisions d'hier... Tout faux, leurs chiffres ne ressortent que de la méthode Coué et ils profitent de l'oubli organisé dans des médias bien peu curieux de la crédibilité de leurs "consultants".
Avait-on demandé aux "zexperts" d'évaluer l'impact de l'offre des nouvelles technologies en matière de service et de communication sur les comportements sociaux ou sur les organisations sociales ?
Le sujet des services publics et des collectivités en sont certainement de bons indicateurs.
Si on prend le domaine de l'école, son indice de satisfaction en tant que service public dans la population n'a cessé de se dégrader depuis des années au point de n'être plus considérée que par guère plus de la moitié des français comme répondant à leurs attentes... Moins de fonctionnaires oblige, postes supprimés par dizaines de milliers, dégradations constantes des conditions de travail des professionnels et du service qu'ils devraient assurer (absence de remplacement, etc)... Le grand enfumage de l'aménagement des rythmes qui met les communes à contribution dans les conditions du plus grand désordre ne peut-il faire autre chose qu'aggraver la situation. Dans le domaine de l'éducation, comme dans celui de la santé publique et bien d'autres, sur de VRAIS problèmes on plaque de fausses solutions...
Si on prend le domaine de l'énergie, il ne vient plus à l'esprit de 87 % des français qu'EDF soit un service public... Bin voyons, maintenant chacun peut bien se couvrir de panneaux solaires ou monter sa grande girouette pour faire tourner la dynamo du vélo... C'est le progrès qui fait rage du chacun pour sa pomme. Le temps des syndicats d'électrification est bien révolu ! l'énergie marchandise peut être confiée à la gourmandise privée des profiteurs sans déclencher le moindre cataclysme.
Si on prend le domaine de la Poste, c'est la même chose, les mails remplacent "avantageusement" le courrier papier... encore que ! personne ne se préoccupe de la nature du postier des mails, on ne le voit pas comme le facteur à casquette qui pouvait dire bonjour aux vieux sur sa tournée... Quant au salarié d'Orange ou consorts, la précarité de leur contrat de travail de droit privé mérite bien maintenant d'être étendue aux postiers, et ça ne pose aucun problème aux élus qui embauchent des "contrats d'avenir" pour du service public. Soit-disant défenseurs et fossoyeurs avérés du "service public" se retrouvent bien sur la même longueur d'onde. Où ça devient triste à pleurer, c'est quand ce sont des élus fonctionnaires territoriaux qui font ces choix, le sens politique évaporé dans "un statut de fonctionnaire territorial, c'est bon pour moi", pour les plus jeunes travailleurs des collectivités c'est une autre affaire ! Si vous y ajoutez la revendication du statut de l'élu, c'est la cerise sur le gâteau comme il est vrai que les emplois statutaires sont moins faciles à pourvoir au clientélisme.
Si on prend le domaine des réalisations publiques... jadis des services de l'Etat ou des grandes collectivités travaillaient à la préparation et à la réalisation des projets... aujourd'hui les "cabinets" privés de tout poil remplacent avantageusement ces services ; la privatisation a fait son chemin et quand on se gausse dans les médias des gaspillages d'argent public on oublie bien soigneusement d'évoquer les dépassements dans des marchés où les avenants sont la règle dès lors qu'il a fallu taper bas pour décrocher l'assentiment... à la grande satisfaction des élus qui s'imaginent parfois que leur valeur est indexée sur le coût des projets qu'ils ont concédés à l'expertise de leurs cabinets conseils.
Mais ce ne sont pas les "experts" des cabinets conseils qui sont comptables de la dépense publique.
Si on prend le domaine... des responsabilités des collectivités territoriales désormais rebaptisées compétences, c'est aussi le même processus. Les grands élus siègent déjà dans les Communautés de communes ou d'agglomérations où se font les grandes choses, et demain, sans même parler de la métropolisation ou de la fusion des régions, le phénomène va s'accentuer encore plus... Ce qui permet aux plus farouches défenseurs des communes de briguer la responsabilité des communautés... larmes de crocodiles et dents à rayer le parquet ! demain, la fusion autoritaire des communes qui sont déjà en regroupement pédagogique ou qui n'ont pas plus d'école, de bistrot ou de boulangerie que de maréchal ferrant ne posera plus guère de problème. Et ce d'autant plus qu'aux dernières élections municipales, la décoloration politique des prétendants qui vont tous se réclamer de la défense des intérêts communaux valorisera l'idée qu'on n'a pas besoin "de faire de la politique" pour s'occuper d'une commune... de là à penser qu'on n'a plus besoin d'élus et de commune... un bon service administratif à la com-com y suffira bien, quant aux services techniques, il n'y aura qu'à déléguer un peu plus au privé. Peut-être faudra-t-il au plus conserver la compétence de tondeur de ratacoins pour occuper un emploi aidé, et encore !
On aura dans le même temps décoloré les cantons réunis en grands domaines roses ou bleus...
... et les élus régionaux si attachés à la "proximité citoyenne" seront aussi connus que les députés européens.
N'est-ce pas dans cette dérive des experts dont le discours remplace jusque dans les communes l'engagement des politiques dans une forme de déresponsabilisation générale que la démocratie est en train de se perdre avec des élus qui s'éloignent d'autant plus du terrain de leurs responsabilités qu'ils prétendent s'en rapprocher ?
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